Près de 80 dirigeants africains et européens se sont retrouvés à Bruxelles pour le sommet Union européenne - Afrique, les 2 et 3 avril courant. Un sommet avec un objectif affirmé : relancer le partenariat économique entre les deux continents. Rassemblés autour du thème « Investir dans les personnes, la prospérité et la paix », les participants ont abordés différents sujets, tels que l'éducation et l'apprentissage, les femmes et la jeunesse, la migration légale et illégale entre les deux continents, les moyens de stimuler la croissance et la création d'emplois, la paix ou encore l'amélioration du soutien européen en Afrique pour les questions de sécurité. Ce quatrième sommet s'est focalisé sur une nouvelle forme de coopération. Une coopération qui coupe avec celle d'antan inégalitaire, basée sur l'aide financière, l'encadrement technique et l'exploitation des richesses du continent. Une fois encore, le Maroc et à travers le discours royal adressé aux participants par le souverain, met en exergue les fondements « du ''pacte pour l'avenir'' afro-européen que le Royaume a appelé de tous ses vœux lors de la 3ème édition de notre Sommet à Tripoli, en 2010. » Le discours relève «... L'Afrique s'affranchit définitivement de son passé et se tourne résolument vers son avenir, en faisant davantage confiance à elle-même... ». On peut également noter dans l'adresse du Roi cette conviction : « ...A ce titre, notre Continent est, aujourd'hui, destinataire de plus de la moitié des flux d'investissements extérieurs nationaux, alors qu'ils s'élevaient à 17% à peine, dix ans plus tôt. Au-delà des relations bilatérales, cette stratégie volontariste ambitionne également la réalisation conjointe de projets phares structurants à vocation régionale, voire continentale dans les domaines de l'accès à l'électricité et à l'eau potable, de promotion du commerce et de l'investissement, mais également de la sécurité alimentaire... » Ainsi donc les dirigeants africains sont plus que jamais conscients de l'importance d'une nouvelle coopération d'égal à égal et de sa mise en œuvre. Ils sont mis aussi devant leurs responsabilités historiques, comme l'a si bien dit un chef d'Etat africain participant : « Nous ne sommes pas venus mendier à Bruxelles... mais explorer avec nos partenaires les pistes pour vite nous développer et eux, pour mieux résister à la crise ». Ce à quoi répond lapidairement le président du Conseil européen par ce proverbe : « si tu veux aller vite, vas tout seul... si tu veux aller loin, allons ensemble. » Ce qui est sûr la coopération l'EU et l'Afrique entame une nouvelle page à la lumière des enjeux économiques. Il n'est donc pas étonnant que le sommet des 2/3 avril 2014 ait insisté sur le partenariat stratégique entre les deux parties grâce à un cadre de coopération de continent à continent pour la période 2014/2017. Il s'agit aussi pour l'Europe et le continent africain de concentrer leurs efforts dans la mise en œuvre d'une stratégie conjointe reposant sur les domaines prioritaires dont l'investissement dans le capital humain (valorisation de l'enseignement supérieur, emploi des jeunes et des femmes, formation professionnelle, agenda post-2015, normes du travail, santé et accès aux médicaments, bonne gouvernance). Dans le même cadre, il faut prévoir le long terme, c'est-à-dire investir dans la prospérité (valorisation du commerce, intégration régionale, infrastructures, flux des investissements, développement du secteur privé, climat des affaires, technologie de l'information et de la communication, agriculture durable, biodiversité, lutte contre la corruption, etc.) Evidemment, tout cela n'est possible que s'il y a la paix et la sécurité. Ce qui se passe nécessairement par l'investissement dans la paix. C'est-à-dire l'amélioration de la prévention des conflits, soutien aux mécanismes de création de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS), respect du droit international et des droits humains, combat contre l'impunité, etc.) Résultat : l'Union européenne s'engage à maintenir le niveau de son soutien financier et de son aide au développement destiné à l'Afrique. Les Etats et Institutions de l'Afrique s'engagent à organiser de façon permanente (tous les 6 mois) des réunions régulières de dialogues politiques pour valoriser les relations et les actions entre l'Union européenne et l'Union africaine. Cependant, on ne peut s'empêcher de se demander qu'en sera-t-il de cette coopération d'égal à égal tant convoitée par les peuples et les dirigeants africains dans un monde où les relations politiques entres les Etats africains, dans la plupart des cas, sont conflictuelles, des échanges commerciaux très limitées, une prédominance d'affrontements tribaux pour le pouvoir, une gouvernance dont le moins que l'on puisse dire est sujet à caution ? Restons, cependant, confiant dans l'avenir car La sécurité, la bonne gouvernance et le développement humain sont les priorités de millions d'africains.