Des violations «systématiques et étendues» des droits de l'Homme sont commises par la Corée du Nord, et dans de nombreux cas elles constituent des crimes contre l'humanité, souligne le premier rapport d'une Commission d'enquête de l'ONU diffusé lundi dernier. «La Commission a établi que des violations systématiques, étendues et grossières des droits de l'Homme ont été et sont commises par la République populaire démocratique de Corée, et dans de nombreuses cas, ces violations constituent des crimes contre l'humanité», affirme ce rapport, le premier à être aussi détaillé. La Commission a été constituée en mai 2013 par le Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies à Genève. Elle appelle dans ses conclusions le Conseil de sécurité des Nations Unies à saisir la Cour Pénale Internationale (CPI) pour que les responsables de ces crimes rendent des comptes. La Commission estime que «des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les 50 dernières années», «graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols et le refus des droits de reproduction appliqués par des punition, des avortements forcés et des infanticides». 80 à 120.000 prisonniers politiques Les trois juristes internationaux qui la composent ont établi que le nombre de camps et de prisonniers a diminué suite aux décès et à quelques libérations, mais ils ont estimé que «80.000 à 120.000 prisonniers politiques sont actuellement détenus dans quatre grands camps prisons pour les politiques». Parmi les politiques qui constituent des crimes contre l'humanité selon les définitions du droit international, la Commission énumère les «exterminations, meurtres, esclavages, tortures, viols, les avortements forcés et autres violences sexuelles, les persécutions sur des bases politiques, religieuses, raciales et selon le sexe, les transferts forcés de population, les disparitions et les actes inhumains provoquant de façon délibérée des famines prolongées». Elle mentionne dans les années 90 des politiques utilisées à l'encontre de populations affamées, «pour soutenir le système politique, sachant que ces décisions aggraveraient la famine et la mort d'une grande partie de la population». La commission met en cause «la réponse inadéquate» toutes ces dernières années de la communauté internationale face à ces crimes et demande que la «communauté internationale accepte la responsabilité de protéger le peuple de la Corée du nord». Les trois juristes de la Commission n'ont pu se rendre en Corée du nord, en dépit de leur demande, et ont interrogé dans de nombreux pays des fugitifs et des teémoins pour rédiger ce rapport qui compte 372 pages.