Matteo Renzi, chef du centre gauche, a été chargé lundi de former un gouvernement auquel il compte consacrer toute «son énergie et son courage» pour réformer durablement l'Italie. «Faire de la politique n'est pas quelque chose de sale, de laid, c'est réaliser les rêves des gens», a déclaré M. Renzi, dans un dernier discours empreint d'émotion, en tant que maire de Florence. Des élections pour choisir son successeur dans la ville de Machiavel sont prévues au printemps, a-t-il rappelé en remettant son mandat. Lundi dans la matinée, il était «monté» au Quirinal, la présidence. En acceptant «de tenter de former un nouvel exécutif», il a promis de consacrer «toute son énergie et son courage» à un ambitieux programme de réformes. «Cette fois-ci c'est la bonne», a-t-il assuré aux Italiens, dans un tweet. Il devrait s'appuyer sur une coalition droite-gauche, une majorité similaire à celle de son prédécesseur Enrico Letta, qui a démissionné vendredi après seulement dix mois aux commandes du pays suite à une motion de défiance du Parti démocrate (PD), dont M. Renzi est le chef. M. Renzi entamera des consultations mardi avec les partis politiques pour vérifier qu'il a bien une majorité au Parlement, avant de retourner au Quirinal pour présenter son gouvernement puis soumettre son programme au Parlement pour un vote de confiance. De bon augure pour Renzi, le centre gauche a ravi la Sardaigne à la droite de Silvio Berlusconi lors d'élections régionales ce weekend. M. Renzi a salué «la grande victoire» de Francesco Pigliaru, un professeur d'économie de quasi 60 ans. Quand il prendra les rênes de la troisième économie de la zone euro, M. Renzi, 39 ans, sera le plus jeune Premier ministre de l'Union européenne. Il s'est fixé un calendrier de réformes frénétique: en février, les réformes institutionnelles (mode de scrutin électoral..), en mars, le travail avec un taux de chômage de quasiment 13%, en avril, la réforme de l'administration publique, en mai, l'allègement de la fiscalité pour entreprises et ménages. M. Renzi se fixe «comme horizon le terme naturel de la législature», à savoir 2018. Raison pour laquelle il a besoin de «quelques jours» pour bien préparer son gouvernement. «progrès notables» selon Fitch Souvent qualifié d'»homme pressé», il rencontre toutefois des difficultés dans la composition de son équipe. Selon les médias, il a dû renoncer au choix de l'économiste Lucrezia Reichlin comme ministre de l'Economie, jugée trop peu «politique» pour faire le poids face à la Commission européenne et à la BCE. Or ce ministère est crucial après deux ans de récession, la plus longue et plus grave de l'après-guerre. L'agence de notation Fitch a maintenu sa note BBB+ avec perspectives négatives en soulignant que l'Italie a fait «des progrès notables» pour assainir ses finances mais que sa dette reste très élevée, «elle dépassera les 130% du PIB cette année et restera au-dessus de 120% jusqu'en 2018». M. Renzi, pour qui «la rapidité est un aspect constitutif de la personnalité», se rend compte que «la formation d'une équipe n'est pas un travail facile», a noté l'éditorialiste Federico Geremicca dans la Stampa. Autre difficulté: il se heurte déjà aux exigences d'un allié encombrant au sein de la majorité gouvernementale, le Nouveau centre droit (NCD) d'Angelino Alfano, ex-dauphin de Silvio Berlusconi. «Nous sommes tout simplement indispensables pour la naissance de ce gouvernement», a souligné M. Alfano, qui fédère 30 élus au Sénat, chambre où la majorité sera particulièrement exigüe. M. Alfano voudrait conclure une sorte de «pacte à l'allemande» et refuse par avance des projets trop à gauche à ses yeux comme les unions civiles gays. Dans le camp même de M. Renzi, qui est dépourvu d'une expérience au Parlement national ou dans un ministère, rien n'est simple non plus. Pippo Civati, un de ses anciens compagnons de route dans sa campagne pour «rottamare» (mettre à la casse), les vieux caciques du PD, a menacé de ne pas voter la confiance au gouvernement, réclamant un coup de barre à gauche. Il avait été un des seuls à critiquer l'éviction brutale de M. Letta. M. Civati emmènerait dans son sillage une dizaine de parlementaires dont le vote sera crucial le jour J.