L'accès des filles à l'éducation et l'adaptation de l'arsenal juridique constituent les deux chevaux de bataille pour réduire le mariage précoce et la grossesse des adolescentes, a indiqué Mieko Yabuta, représentante du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Maroc. Dans un entretien à la MAP en marge de la rencontre organisée ce weekend à Tanger par l'UNFPA et l'Association régionale de l'Union nationale des femmes du Maroc (UNFM) de Tanger-Madina, sur le thème de «La mère-enfant: Face aux défis de la grossesse chez l'adolescente», Mme Yabuta a noté que les filles qui ont été scolarisées et jouissant d'une bonne santé ont la possibilité d'accomplir leur plein potentiel, revendiquer leurs droits fondamentaux et contribuer au développement de leur société. De ce fait, le mariage des mineures constitue un frein à ce développement naturel de la personnalité et des capacités de la fille, qui n'a pas eu le temps de s'armer convenablement pour assumer ses responsabilités familiales et gagner un revenu plus élevé l'éloignant du cercle de la pauvreté, a-t-elle relevé. Sur le plan juridique, Mme Yabuta a mis en exergue «les progrès remarquables réalisés par le Maroc en matière d'égalité entre les sexes et de promotion des droits des femmes, en particulier le Code de la famille qui instaure l'égalité dans la capacité de contracter le mariage à 18 ans et place la famille sous la responsabilité conjointe du couple, ainsi que la récente révision du Code pénal concernant le mariage des jeunes filles mineures victimes de viol. Elle a aussi salué la levée des réserves sur la Convention sur l'élimination des discriminations à l'égard des femmes (CEDAW) et l'adoption de la nouvelle Constitution qui accorde les mêmes droits et libertés aux hommes et aux femmes. Cependant, Mme Yakuta a noté qu'en dépit des progrès réalisés, le mariage des mineures perdure et avec lui la grossesse des adolescentes, le Maroc ayant enregistré quelque 40 mille cas en 2011, soit 12 pc des mariages enregistrés, un chiffre qui progresse d'année en année. Elle a souligné, à cet égard, que les exceptions contenues dans le Code de la famille ouvrent la voie à des interprétations de la loi favorables au mariage des moins de 18 ans, faisant remarquer qu'il s'agit là d'une question largement débattue au sein de la société civile. La représente de l'UNFPA a exprimé son souhait de voir les acquis juridiques indéniables réalisés en faveur des femmes et de l'enfance au Maroc se renforcer davantage par une plus grande prise en considération des répercussions du mariage précoce, faisant savoir que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la campagne menée par le Fonds sur ce sujet. Les participants à cette rencontre, dont des experts, médecins, psychiatres et acteurs sociaux et de la société civile, ont notamment appelé à maintenir les filles dans le milieu scolaire, abolir le mariage des mineures, étendre l'offre et l'accès à l'information sur la santé reproductive et lutter contre la violence basée sur le genre.