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Entre moubadaralakom.ma, la billetterie de l'ONCF et « Al moukataa électronique », l'avenir numérique est aux jeunes Entretien avec Tarik Fadli, Information Technology Architect, Directeur de ALGO Consulting Group
Moubadaralakom.ma du Conseil Economique, Social et environnemental, billetterie de l'Office National des Chemins de Fer, bientôt la billetterie du TGV et Tramway et le projet « e-Légalisation», l'une des premières initiatives qu'il a entreprises une fois au Maroc, non encore adoptée. Il n'y a que de jeunes marocains pour « plonger » dans ce genre de solution typiquement marocaine. Ce « plongeon » ou immersion, dans ce dernier cas, est jusqu'à maintenant en stand bye, pas encore de réelle volonté pour le « repêcher ». C'est une vraie solution, non encore testée, à portée de main, développée par nos jeunes compétences exceptionnelles, en lesquelles on a toujours cru et qui s'exportent avec une facilité étonnante. M. Tarik Fadli est l'un de ces jeunes qui ont fait des études supérieurs aux USA et acquis de l'expérience. Une fois revenu au bercail, il a cherché à se rendre utile dans son propre pays et y développer des solutions spécifiques dont certaines le taraudaient depuis son tendre âge. Actuellement chef d'entreprise et partenaire de Microsoft, il nous parle de son expérience et de son projet audacieux et ambitieux qu'est la « La dématérialisation des processus de légalisation de signature et certification de copie conforme» autrement, via des machines interactives. Entretien... L'Opinion : Qui est Tarik Fadli ? Tarik Fadli : J'ai 33 ans et j'ai grandi à Benslimane. J'ai eu la chance de faire des études aux Etats Unis et pu évoluer au sein de plusieurs petites et moyennes entreprises aux USA dont Microsoft. De retour au Maroc, j'ai travaillé pour Microsoft Afrique et Moyen Orient en tant que Lead Architect du système d'information puis j'ai fondé la société ALGO, il y a six ans, elle compte actuellement une trentaine de jeunes, entre techniciens, ingénieurs et personnel administratif. L'Opinion : Quels sont vos exploits en matière de développement ? Tarik Fadli : On a commencé comme sous traitants avec Microsoft. On est actuellement connu au Maroc pour la billetterie de l'ONCF qu'on a développée, déployé et dont on s'occupe de la maintenance. Récemment, on a remporté l'appel d'offres pour la billetterie TGV en cotraitance avec la Omni data. Parmi les autres projets, il y a la plate forme « moubadaralakom.ma » du Conseil économique, social et environnemental qu'on a développé et dont on gère l'accompagnement, un réseau social pour encourager la démocratie participative. Elle est assez récente et plus ou moins externalisée dans des Cloud public Microsoft et Cloud privé du ministère des Finances. On est partenaire de Microsoft en ce qui concerne la messagerie des résultats du bac du ministère de l'Education Nationale dont on a développé le système. Et l'on fait partie de l'équipe de partenaires qui migre les 15 universités marocaines vers la solution Cloud de Microsoft. L'Opinion : Vous développez donc des services typiquement marocains, selon notre contexte ? Tarik Fadli : Effectivement, récemment, notre dernière aventure ou projet, on s'attaque à la dématérialisation des processus les plus utilisés par les Marocains auprès de l'administration, à savoir la légalisation et la certification de copie conforme, c'est un challenge qu'on a pris en interne. Le Maroc est assez particulier, on n'a pas besoin d'imiter l'Europe ou les Etats Unis, on a des compétences locales et des ingénieurs auxquels l'étranger fait appel. Une bonne maitrise et compréhension de la technologie adaptée à notre contexte marocain et on essaye d'apporter des solutions qui parlent aux marocains et non pas adoptées à l'étranger. « e-Légalisation » en est l'exemple pertinent. Depuis l'âge de 18 ans, chaque marocain a affaire à cet arrondissement, et on n'en finit pas avec les problèmes, il suffit d'être marocain pour le savoir. Manque de traçabilité puisque le travail est manuel, manque de performances en termes de gain de temps, risque de fraude et de corruption... Avec la machine, cela ne prend plus 5 à 10 min par citoyen mais on parle de quelques secondes. L'Opinion : Pourquoi les autres pays n'ont-ils pas encore développé ce système ? Tarik Fadli : Aujourd'hui, le Maroc est précurseur, par rapport aux pays en voie de développement et émergents, dans la mise en place de solutions comme l'identification biométrique, le passeport biométrique, et la signature électronique est légale au Maroc. Notre pays est une référence, il y a d'énormes investissements dans les passerelles e-Gouvernement, et aujourd'hui, le gouvernement dispose de plus de 50 solutions e-Gouvernement. Donc, on est bien positionnés. Ce qui bloquait dans les autres pays, c'est l'authentification biométrique. En cette fin 2013, il n'y aura plus de cartes anciennes d'identité nationale, il n'y aura que les cartes biométriques. On est en avance, on a de la chance de réagir à ce stade. Les Nations Unies ont imposé le passeport biométrique à tous les pays. L'Opinion : Quel est le procédé de cette solution ? Tarik Fadli : Voilà notre vision de ce projet qui encourage la transparence. Sept personnes ont travaillé sur cette solution qui n'existe nulle part ailleurs, l'innovation qu'on a eue, c'est la légalisation de copies conformes et des signatures. On a essayé de simplifier les choses, de remplacer le travail manuel avec une solution informatique qui se base d'abord sur l'identification. Autrement dit, quand un citoyen est devant moi, au lieu de prendre sa carte nationale, écrire son nom et son numéro signalétique sur deux registres, les faire signer sur deux registres, je peux prendre cette carte ou ce passeport et le scanner tout simplement dans la machine. Et en moins d'une seconde j'ai toutes les informations informatisées. Après, au lieu de signer sur deux registres, il signe une fois sur un appareil, on capture sa signature et on a besoin de s'assurer que c'est le détenteur de la carte. Il y a des appareils qui peuvent scanner même les veines, donc impossible de tromper, cela pour sécuriser le procédé. Notre machine est interactive, elle réagit en « darija », en amazigh et en français. L'Opinion : On peut donc éviter plusieurs fraudes ? Tarik Fadli : Oui, comme des jumeaux qui signent le même document, des morts qui ressuscitent et qui votent lors des élections, des pages de registre qui se perdent, un compris de vente légalisé à l'arrondissement alors que c'est de l'ordre du notaire, et on élimine carrément le problème de la fraude côté citoyen. On applique des technologies de reconnaissance de caractère, on peut donc valider le contenu des documents et aider le fonctionnaire à prendre de bonnes décisions. Cette solution aide le fonctionnaire, il fera son travail de manière rapide, efficace et il a moins de responsabilités, il a des moyens sûrs qui l'aident à valider. Et puis, ce sont des affaires qui coûtent énormément d'argent au contribuable, donc là, on peut s'attaquer à cette problématique. On peut augmenter les revenus à l'Etat, via l'argent des timbres perdu par clientélisme ou corruption. L'Opinion : Et comment arrive le document légalisé ou la copie conforme au citoyen ? Tarik Fadli : A la fin, en matière de dématérialisation, le citoyen aura le choix entre plusieurs options, soit imprimer le document et de mettre un cachet ou garder une copie virtuelle, donc le Cloud, pendant 3 mois. Le document est authentique, sa validité est assurée dans tous les organismes. Et en gardant une copie virtuelle, on s'aligne avec les projets Gateway gouvernementale du Maroc numérique. Par exemple, un citoyen peut avoir un e dossier virtuel où il y a son diplôme, toutes sortes d'attestations ou de documents légalisés qui sont sur le Cloud et le suivent partout. Du coup, il n'y a plus de va et viens qui tuent le citoyen, manie courante dans toute administration. L'Opinion : Le système a-t-il été adopté ? Tarik Fadli : Le système qu'on a développé n'est toujours pas adopté, ou plutôt en cours, on cherche à le déployer dans des communes pilotes. Les machines test sont en cours d'approvisionnement. On a présenté le projet au ministère de l'Intérieur, au ministère de l'Industrie et de l'Economie numérique, il a été bien accueilli, beaucoup de feed-back et d'encouragement. En fait, la solution a évolué grâce au retour de ces gens, ils nous ont aidés à changer quelques règles. La solution leur appartient aussi puisqu'ils y ont indirectement contribué. D'ailleurs, dans notre charte nationale de l'environnement et du développement durable, il y a deux aspects, la démocratisation de l'accès à l'information et la transparence. Avec ce système, on est transparent de bout en bout. On est les développeurs intégrateurs mais le client final c'est l'usager et la solution appartiendra à l'Etat. L'Opinion : Votre projet a-t-il connu intérêt outre-mer ? Tariq Fadli : On a présenté la solution en Mauritanie. Ils sont intéressés par l'exploitation de la machine non seulement pour la légalisation mais aussi pour la gestion des votes, soit des urnes électroniques. Notre machine est interactive. Le même mécanisme d'authentification biométrique et d'interactivité peut être facilement exploité pour la gestion des votes. D'abord, l'enregistrement des électeurs est fortement renforcé grâce aux données biométriques. Pour le vote, cela prendra une ou deux secondes, via des couleurs et des signes de l'écran. Quand j'insère ma carte, mon enregistrement est automatiquement identifié, il me donne la liste électorale de Rabat, en présentant des couleurs et des signes. Et l'avantage du système collecté, c'est d'être à Rabat et de voter à Oujda. La machine a une version pour les non-voyants ou handicapés, guidés par la voix, afin d'accélérer le vote. On peut voir les statistiques de vote en temps réel, à la minute même où les urnes ferment à travers le Maroc. Seulement, la Mauritanie exige le test et c'est leur droit. C'est pour cela que nous espérons faire l'essai de cette nouvelle solution dans une ou deux communes pilotes en premier lieu. Mais, le tester est un investissement qui est hors de notre portée. Notre société a certes un budget de recherche et développement mais des machines pareilles chiffrent. L'Opinion : Avez-vous pris contact avec les services concernés ? Tarik Fadli : Oui, on s'est adressé au ministère de Commerce et de l'Industrie pour financer notre solution, via le centre d'innovation, dans son programme « tattwir ». On a aussi sollicité la Fondation « Saham »... Il y a plusieurs parties prenantes, le ministère de l'Intérieur, le ministère du Commerce et de l'Industrie, le ministère de la Justice, le parlement. Cette année, on a gagné le prix de l'innovation au salon Med I T et on est candidat pour le prix de l'innovation de l'Afrique. Si on gagne, on pourra financer tous les sites pilotes possibles, sinon on continuera à chercher le financement. L'Opinion : Et pour ce qui est du Cloud ? Tarik Fadli : Mettre ses documents sur le Cloud, c'est plus rapide et moins coûteux. Pour ce qui est de la messagerie du MEN, il aurait fallu acheter le hardware, le software, installer, prendre la connexion, l'application ne pourrait marcher qu'au-delà d'une année. Mais avec le Cloud, le système est prêt, il ne reste que le développement. Des avantages aussi quand on a des appels d'offres qui durent parfois six mois, puisqu'on est amené à développer des solutions pour des clients souvent étatiques. Ils peuvent être risqués, infructueux, avec des problèmes et l'on se retrouve, nous et le client, dans un retard de marché. Avec le Cloud, tel que Microsoft Windows Azure, en tant que fournisseur de solution, cela nous permet d'avoir facilement des machines pour travailler, autrement dit, un espace dès 5min avec de simples clics, on configure avec le serveur et on commence à travailler. On développe et on teste. Le Cloud permet de réagir immédiatement et de se réajuster.