BAM puise dans les fonds de garantie des dépôts pour soutenir les PME de taille intermédiaire Au terme de la réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al-Maghrib, tenue mardi, le Wali de la Banque Centrale a animé le traditionnel point de presse qui, comme à l'accoutumé presente pour M. Abdellatif Jouahri une double opportunité. D'une part, rendre compte des tenants et aboutissants de la décision, cette fois, de la reconduction du statut quo, à savoir le maintien inchangé du taux directeur à 3%, et, d'autre part, surfer sur les interrogations des journalistes pour se prononcer sur quelques aspects de la politique économique et financière telle qu'elle est conduite par le gouvernement et annoncer les projets que la Banque centrale entamerait au début de janvier 2014 dont le projet de loi bancaire qui, normalement, devrait être examiné aujourd'hui en Conseil de gouvernement. L'on retiendra particulièrement de la rencontre, la projection de la croissance pour 2014 qui ne devrait pas dépasser 3,5%. En attendant, le déficit budgétaire se creuse, mais les charges de compensation ralentissent. Pour Bank Al-Maghrib donc, l'année 2014 sera celle de la décélération de la croissance au Maroc. Le Conseil de BAM prévoit pour l'année prochaine, sous l'hypothèse d'une campagne céréalière moyenne de 70 millions de quintaux, un taux de croissance compris entre 2,5% à 3,5%, recouvrant une amélioration du PIB non agricole entre 3,5% et 4,5%. BAM établit également une projection pour le second semestre 2013 où le PIB devrait enregistrer une progression de 5%, liée à la forte augmentation de la valeur ajoutée agricole et à une relative amélioration des activités non agricoles qui devraient croître de 2,8%. Au total, la croissance pour 2013 devrait se situer entre 4,5% et 5%. L'inflation devrait, elle, se situer à 2,1% en 2013, à 2,5% en 2014 et à 2% le premier trimestre 2015. L'on retiendra ici que la décision du maintien du taux directeur inchangé émane d'un certain nombre de considérations dont une balance des risques jugée globalement équilibrée et une prévision centrale de l'inflation, certes en hausse par rapport à sa moyenne des dernières années, mais demeurant en parfaite conformité à l'objectif de stabilité des prix à moyen terme. Si sur le plan des finances publiques, BAM fait état, à octobre dernier, d'un creusement du déficit budgétaire à 46,8 milliards de dirhams contre 40,6 milliards un an auparavant, la raison est attribuée à l'augmentation des dépenses globales, notamment celles d'investissement et des autres biens et services, parallèlement au recul des recettes fiscales, principalement celles de l'IS et des droits de douane. Cependant, les charges de compensation ont accusé une baisse de 22,4% à 35,6 milliards. A fin décembre 2013, sous l'effet de l'effort de régulation des dépenses, de la mobilisation des dons ainsi que de la baisse des charges de compensation, le déficit devrait avoisiner 5,5% du PIB, prédit Bank Al-Maghrib. Sur le plan des comptes extérieurs, la Banque centrale précise que les données disponibles à fin octobre dénotent d'une atténuation de 3,4% du déficit commercial, en liaison avec le fléchissement de 2,4% des importations, suite aussi bien à la diminution de 3,3% des achats des produits énergétiques qu'à celle de 2,1% des importations des autres produits. Les acquisitions de biens d'équipement ont toutefois enregistré une hausse de 6%. Ainsi, les exportations ont accusé une baisse de 1,4%, recouvrant un repli de 21,7% des ventes de phosphates et dérivés et une progression de 6,1% des autres exportations. Parallèlement et au titre de la même période, les transferts des MRE se sont améliorés de 0,5%, les recettes voyages de 1,6% et celles des IDE de 18,8%. Dans ces conditions, le déficit du compte courant devrait s'établir à 7,4% à fin 2013 contre 10% en 2012. Et compte tenu des autres éléments du compte capital, l'encours des réserves internationales nettes s'est situé à 145,4 milliards de dirhams, soit l'équivalent de 4 mois et 5 jours d'importations de biens et services et devrait s'y maintenir d'ici la fin de l'année. En somme, pour M. Jouahri, les indicateurs de performance de l'année 2013 cadrent parfaitement avec la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du FMI et la Banque Centrale promet de continuer de mettre sur le marché les liquidités nécessaires pour le financement des crédits et reste vigilante quant à l'utilisation de ses ressources. D'autant plus qu'à fin décembre 2013, la croissance du crédit devrait se situer autour de 3,5% et les banques sont sommées de constituer les provisions adéquates pour gérer les créances en souffrances qui, selon les derniers chiffres se situent à 42 milliards de dhs. Pour 2014, le Wali de Bank Al Maghrib annonce un certain nombre de projets dont la mise en place d'un observatoire de la très petite et moyenne entreprise et la création d'un fonds de soutien pour les PME de taille intermédiaire. Un fonds qui sera domicilié à la Caisse centrale de garantie et sera doté dans un premier temps d'un milliard de dhs à partir des fonds de garantie des dépôts. Ce fonds destiné essentiellement aux PME solvables et qui font les frais de mauvaises conjonctures, sera alimenté dans les trois prochaines années à hauteur de 3 à 4 milliards de dhs, tant par des banques nationales que par des institutions internationales. En attendant, la Banque centrale qui demeure vigilante vis-à-vis d'un certain nombre d'indicateurs dont le suivi du processus d'indexation, le traitement de la problématique de retraites, le rapatriement de fonds et d'actifs détenus à l'étranger, souhaite que ses nouveaux statuts qui ont déjà atterri au Secrétariat General du Gouvernement fassent l'objet d'un large consensus et soient adoptés avant novembre 2014, date d'une mission d'inspection-évaluation au Maroc de la part des institutions de Bretton Woods, à savoir le FMI et la Banque mondiale.