Le Festival international du film de Marrakech (FIFM) a rendu, jeudi soir, un vibrant hommage au réalisateur argentin, Fernando Solanas, un sacré monstre du cinéma latino-américain engagé. Sous les applaudissements du public, l'Etoile d'or du festival, qui en est à sa 13ème édition, a été remise à «l'agitateur latino-américain», par le président du jury de la compétition court-métrage du FIFM 2013, le réalisateur marocain Nour Dine Lakhmari. Un instant de solennité immortalisé par les crépitements des flashs. «C'est un grand honneur pour moi de rendre hommage à Fernando Solanas, un réalisateur d'exception, qui a su démontrer que le cinéma est un art vivant, un porte-parole de cinéma», a dit Lakhmari à cette occasion. Le très influent réalisateur a reçu une longue ovation debout. «Merci à SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du FIFM, merci à Marrakech, cette merveilleuse ville carrefour du cinéma mondial», a ajouté Solanas avant de souligner que le festival de Marrakech est «un grand festival de cinéma et un point de rencontre de tous les langages culturels et artistiques». Cette cérémonie, certes courte mais chargée de symbolique, a été marquée par la projection d'extraits des films les plus célèbres de ce réalisateur libre et engagé en faveur des causes des pauvres. En arrière-plan, posait gracieusement une brochette d'acteurs et de cinéastes venus des quatre coins du monde pour contribuer au succès du festival. Né en 1936 à Olivos, dans la province de Buenos Aires, Fernando Ezequiel Solanas, fait des études de piano, de composition musicale et de lettres avant d'entrer à l'Ecole nationale d'Art dramatique de Buenos Aires, où il suit des cours d'interprétation et de mise en scène. Il débute au cinéma comme assistant réalisateur et tourne en parallèle ses premiers courts métrages. En 1968, il cofonde le groupe indépendant de production et de diffusion de films, Cine Liberacion, qui se consacre à la lutte contre la désinformation et au développement d'un circuit alternatif de diffusion au travers de structures sociales et politiques participant à une forme de résistance à la dictature en place. Solanas aborde dans ses films les sujets les plus polémiques de l'Argentine et de l'Amérique Latine, comme la démocratie, l'identité nationale, la corruption, avec son arme fatale : traduire la mémoire en acte profondément politique. Ainsi, dès son premier documentaire-fiction, Solanas va verser dans la provocation avec l'Heure des Brasiers, en 1966, tourné clandestinement et salué pour son impact dénonciateur. Certains de ces films sont à la fois des fresques lyriques sur l'adversité, dans pâtit tout un peuple, aussi bien que des manifestes politiques, tels que La Dignité du Peuple, sorti en 2006. Le FIFM 2013 a rendu hommage auparavant à l'américaine Sharon Stone, la française Juliette Binoche, le japonais Kore-Eda Hirokazu et à Mohamed Khouyi.