«Un professionnel des fourneaux doit être hyper sensible aux mets qu'il prépare, en ce sens qu'il sache les écouter, les toucher, les palper et s'imprégner de leurs senteurs, bien avant de les déguster» Réussir à attraper Choumicha, encore moins à prendre de son temps et lui arracher un entretien, aussi bref soit-il, relève de l'exploit tant elle est toujours en vadrouille. Lorsqu'elle n'est pas dans un village perdu du Maroc, elle est à l'étranger. En apprenant son déplacement à Marrakech, plus exactement au somptueux Palais El Miria, pour le tournage d'une émission de télévision italienne produite et réalisée par Nonis Lorenzo, la star de la cuisine de la grande botte européenne, qui se passe d'ailleurs de présentations dont l'objectif est la recherche des similitudes entre nos deux cuisines, nous avions épié son arrivée pour la coincer entre le tournage de 2 séquences où elle préparait un met à la fois bédouin et citadin, appelé «Laassida» ou «Tagoulla», recette que nous partageons avec nos voisins italiens appelée dans leur langue «la polenta», la faisant sortir de sa réserve pour nous parler de son parcours professionnel entre autres. Parler de la cuisine, constitue chez elle un exercice d'enfant car toutes ses activités tournent autour de cette discipline à croire que la cuisine est sa raison d'être, après son époux Karim et son enfant qui apparemment ne fait pas les 17 ans de son âge ayant appris à bien se conserver à l'image de ses parents. Elle nous apprend ainsi qu'elle est là à l'invitation de Nonis Lorenzo avec lequel elle cultive la même passion à savoir la gastronomie et qu'elle était en train de présenter les ingrédients nécessaires à la préparation de «Laassida» lesquels ingrédients sont très simples et numériquement réduits, consistant dans les deux pays en la semoule de maïs, l'eau bouillante et l'huile d'olive. Sauf que fidèle à sa quête d'innover et parfaire l'acquis, elle a eu l'idée d'y ajouter du miel, amlou et un soupçon d'huile d'argan ce qui a rendu sa texture plus consistant et le goût plus doux avec une senteur d'extrait d'argan qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Affable et avenante à souhait, Choumicha, de son vrai nom Choumissa Chafay, est d'une simplicité et une humilité évidentes qui tranchent avec son statut de starlette de son émission télévisée sur la gastronomie marocaine. Starlette, c'est un attribut qu'elle rechigne à porter encore moins à personnifier se voulant une simple contributrice dans la promotion d'un important pan de notre patrimoine culturel et civilisationnel qui est notre cuisine dans toute sa diversité et sa pluralité. Aussi a-t-elle pris sur elle l'engagement de fouiner dans les coins les plus reculés du royaume, arpentant oueds et montagnes à la découverte de mets culinaires succulents, propres à chaque regain ou ethnie de notre territoire, enrichissant ainsi sa palette déjà riche en recettes pour les véhiculer et les vulgariser, séquences télévisées à l'appui, auprès d'un large public grâce à sa faculté intrinsèque de communiquer. Cet art de communiquer qu'on lui connaît n'est pas fortuit puisqu'elle dispose d'un haut diplôme en commerce et marketing, étayé d'une longue expérience dans une boite de communication «Quorum 92» pendant laquelle elle a côtoyé feu Abderrahim Bargach, un présentateur patenté à son époque de la cuisine marocaine. Ce qui a été pour quelque chose dans l'intérêt qu'elle portera par la suite au métier de la bouche. D'ailleurs, Choumissa ne tarit pas d'éloges sur son prédécesseur, toutefois elle tient à souligner que sa grand-mère feu Rahma, décédée il y a une année, qui tire ses origines de la région de Chichaoua (85 km de Marrakech sur la route d'Essaouira) était un véritable cordon bleu, accomplissant des prouesses gustatives de très haute facture. Il n'en a pas fallu plus pour l'inspirer et susciter davantage sa curiosité pour se mettre à son tour à l'œuvre sur ses pas. Si Choumissa a majestueusement réussi dans on entreprise, réussissant à se faire un nom en l'espèce sur l'échiquier international de la gastronomie et à conquérir un large public, hommes et femmes confondus avec une audience qui fait que son nom résonne aujourd'hui partout aussi bien au Maroc qu'à l'extérieur des frontières, c'est tout simplement qu'elle a su garder les pieds sur terre et n'a de cesse d'apprendre et d'enrichir son savoir faire là où elle va, sillonnant la France, l'Italie, l'Allemagne, le Canada, le Liban, l'Algérie, la Malaisie et j'en passe. Cette fervente amoureuse du terroir marocain est aussi une boulimique de la lecture des romans des auteurs aussi bien marocains qu'occidentaux, particulièrement les contemporains, ce qui lui confère une culture générale à même d'asseoir un aura et un rayonnement prononcés auprès de ses interlocuteurs. D'aucuns peuvent s'interroger sur la conservation de sa silhouette, elle qui change constamment de table à manger. C'est bien simple, pour garder sa ligne, il existe, dit-elle, une hygiène alimentaire à respecter scrupuleusement. Il ne faut donner à l'estomac que ce dont il a besoin en prenant soin de le gratifier par moments de détente ponctuées d'exercices d'aérobic. A la question des raisons qui font que la pâtisserie marocaine est généralement basée sur le sucre ce qui pourrait engendrer des problèmes de diabète, elle estime que la pâtisserie ou les gâteaux sont par définition des sucreries et que ce sont les fruits secs qui font office de confiseries salées. Quant aux biscuits salés qu'on trouve aujourd'hui dans les boulangeries pâtisseries se sont des nouveautés qui n'existaient pas, par le passé, sur le marché. Quant au secret de sa parfaite maîtrise de l'art cullinaire, Choumicha le révèle par ces quelques mots: «Un professionnel des fourneaux doit être hyper sensible aux mets qu'il prépare, en ce sens qu'il sache les écouter, les toucher, les palper et s'imprégner de leurs senteurs, bien avant de les déguster».