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Syrie / Conférence Genève II : Désaccord sur les participants et sur le maintien d'Assad au pouvoir
Publié dans L'opinion le 06 - 11 - 2013

Les entretiens russo-américains de mardi à Genève n'ont pu déboucher sur la fixation d'une date pour la prochaine conférence de paix sur la Syrie en raison d'un désaccord persistant sur le rôle de l'Iran, sur qui représentera l'opposition syrienne et sur le maintien au pouvoir de Bachar Assad. Par ailleurs, Washington continue de vérifier l'exactitude de l'inventaire des armes chimiques transmis par la Syrie à la communauté internationale ainsi que son programme de destruction de cet arsenal, a expliqué mardi l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies.
«Nous espérions être en mesure d'annoncer une date aujourd'hui. Malheureusement, nous ne le sommes pas», a déclaré l'émissaire international pour la Syrie, qui a présidé à la rencontre au Palais des Nations.
«Mais nous nous efforçons toujours de voir si on peut tenir semblable conférence d'ici la fin de l'année», a ajouté Lakhdar Brahimi.
Le diplomate algérien, qui est mandaté à la fois par les Nations unies et la Ligue arabe, a eu des entretiens avec la sous-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman, l'ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, Robert Ford, et les vice-ministres russes des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov et Guennadi Gatilov.
La réunion a été, par la suite, élargie à des représentants britanniques, français et chinois, ainsi qu'à ceux de pays voisins de la Syrie (Irak, Jordanie, Liban et Turquie) et à des membres de la Ligue arabe.
L'émissaire de l'Onu et de la Ligue a indiqué qu'il reverrait les responsables américains et russes le 25 novembre. Il a aussi dit espérer que l'opposition syrienne finisse par arrêter la composition d'une délégation crédible quelques jours avant cette date.
«L'opposition traverse une période très, très difficile, elle est divisée, ce n'est une secret pour personne. Elle est confrontée à toutes sortes de problèmes et n'est pas prête», a dit Brahimi.
Pour l'un des deux négociateurs russes, les Etats-Unis ne disposent pas de l'influence nécessaire pour assembler une délégation de l'opposition qui soit crédible. «On n'a pas seulement besoin que l'opposition soit présente, mais d'une délégation représentative d'un large éventail des forces de l'opposition», a déclaré Guennadi Gatilov cité par l'agence de presse russe RIA. «Et c'est précisément ce que les Américains ne parviennent pas à mener à bien».
L'hypothétique conférence dite de Genève II est censée consolider la «déclaration de Genève» de juin 2012 appelant à la création d'une autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs, sans réclamer explicitement la démission du président Bachar al Assad.
Un départ que réclament toujours les opposants syriens et les Occidentaux.
A la veille de la rencontre présidée par Lakhdar Brahimi, Damas a réaffirmé que le président syrien se maintiendrait au pouvoir quoi qu'il arrive, jetant un doute sur la «transition» que «Genève II» est justement censée faciliter.
«La Syrie - l'Etat, la nation et le peuple - demeureront et (...) Assad restera président de ce pays», a déclaré lundi soir le ministre syrien de l'Information Omran Zoabi, cité par l'agence de presse officielle Sana.
«J'ignore qui peut croire que l'opposition consentira au maintien au pouvoir d'Assad», a répondu mardi le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une visite à Varsovie.
Au cours du week-end, le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), Ahmad Jabra, a déclaré que l'opposition ne participerait pas à «Genève II» si aucun calendrier n'est fixé pour le départ de Bachar al Assad. Il a exclu que l'Iran, qui soutient Assad, participe à la conférence, autre point majeur de désaccord avec les alliés de Damas.
La Russie insiste pour que Téhéran soit partie prenante aux discussions et Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a rejeté mardi matin les conditions posées par la CNS.
«Tous ceux qui peuvent avoir une influence sur la situation (en Syrie) doivent évidemment être invités (...), cela ne vaut pas seulement pour les pays arabes mais aussi pour l'Iran», a déclaré Sergueï Lavrov à la presse.
Le ministre russe a toutefois laissé entendre que l'Iran ou d'autres acteurs extérieurs à la Syrie n'auraient besoin d'être représentés qu'à l'ouverture d'une éventuelle conférence.
«Lors des phases suivantes, les Syriens, comme l'ont proposé les Américains et les Russes avec l'accord de tous les autres, se parleront directement par la médiation de (...) Brahimi et son équipe», a-t-il dit.
Mais l'Arabie saoudite sunnite, rivale régionale de l'Iran chiite, et les Etats-Unis refusent que des représentants de Téhéran soient invités.
Les Etats-Unis continuent de vérifier l'exactitude de l'inventaire des armes chimiques transmis par la Syrie à la communauté internationale ainsi que son programme de destruction de cet arsenal, a expliqué mardi l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies.
«Il reste encore du travail pour s'assurer que la liste des sites officiels transmise par le gouvernement syrien est exhaustive et que le processus est en bonne voie, en particulier la phase de destruction, qui semble très compliquée», a déclaré Samantha Power après une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux armes chimiques syriennes.
«Des années de mensonges»
La Syrie a transmis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) un document de 700 pages dans lequel le gouvernement de Bachar al-Assad s'engage à la destruction intégrale du stock de 1.000 tonnes d'agents chimiques et de 290 tonnes d'armes chimiques du pays. Les experts américains continuent d'étudier ce document «extrêmement technique», a ajouté la diplomate. «Vous entendrez certainement parler de nous si nous décelons une non-conformité ou des divergences importantes», a-t-elle ajouté.
Fin octobre, toutes les armes chimiques syriennes ont été placées sous scellés et les sites de production ont été déclarés inutilisables par l'OIAC. Les Etats-Unis ont applaudi la mise sous scellés, estimant que l'arsenal chimique serait détruit dans les délais prévus, d'ici à la fin juin 2014. Mais «après des années de rapport avec ce régime, des années de mensonges dans d'autres contextes et bien entendu beaucoup de promesses non tenues lors de cette guerre, les Etats-Unis restent naturellement sceptiques», a-t-elle nuancé.
L'ambassadrice américaine a répété que Bachar al-Assad n'était pas légitime pour diriger la Syrie malgré sa promesse de détruire toutes les armes chimiques. «Un homme qui gaze son peuple et utilise des Scuds et toutes formes de terreur contre son peuple n'est pas à sa place pour s'occuper de son peuple. Cet accord retire à Assad et à ses forces une arme qu'ils ont utilisée pour prendre l'avantage militaire. Ce n'est pas quelque chose qu'il voulait ni qui sert ses intérêts», a-t-elle souligné.
Au terme de cette réunion, Siigrid Kaag, chef de la mission conjointe OIAC et ONU, n'a pas souhaité commenter la possibilité que la Syrie ait pu cacher des armes chimiques. «Cette mission fonctionne dans le cadre du mandat qui lui a été fourni et travaille sur la base de la déclaration syrienne transmise à l'OIAC», a-t-elle déclaré mardi.


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