Une bibliothèque parisienne a été baptisée, mercredi, du nom de Mohamed Arkoun, en hommage à la pensée de cet éminent philosophe et intellectuel maghrébin, décédé en 2010. La cérémonie d'inauguration de la bibliothèque, qui s'est déroulée en présence de plusieurs universitaires et intellectuels marocains, arabes et français, a été l'occasion de rappeler le parcours riche de Mohamed Arkoun et de son apport considérable notamment dans le domaine des études islamiques, ainsi que de mettre en exergue l'héritage précieux de ce philosophe. Dans une allocution de circonstance, le maire de Paris Bertrand Delanoë a indiqué que l'inauguration de cette bibliothèque constitue un moment de gratitude pour un homme d'une immense exigence morale qui a contribué à la richesse de l'humanité, soulignant l'importance de faire vivre la pensée, l'héritage et la personnalité de Mohamed Arkoun. Il a également souhaité que cet événement soit un message de fidélité pour "cet Algérien qui aimait tant le Maroc, un engagement de Paris pour sa pensée et un message d'espérance pour l'avenir". M. Delanoë a également rappelé que ce grand professeur faisait usage dans ses travaux de recherche d'instruments scientifiques qui ont permis de mieux connaître la vision de l'Islam des lumières, mettant l'accent sur les significations du choix d'une bibliothèque du 5ème arrondissement de la Capitale française, qui abrite la grande mosquée de Paris et l'Institut du monde arabe, pour porter le nom de Mohamed Arkoun. Prenant la parole, le maire du 5ème arrondissement de Paris, Jean Tiberi a souligné l'importance de rendre hommage à un homme de paix, de dialogue et de culture et à un universitaire émérite. "Nous sommes réunis aujourd'hui pour que la plume de Mohamed Arkoun ne s'éteint jamais", a-t-il dit. Pour sa part, la veuve de Mohamed Arkoun, Mme Touria Yacoubi, a exprimé sa considération pour ce geste et cette initiative qui vise, selon elle, à honorer la mémoire de cet intellectuel hors pair. Elle a en outre affirmé que cette bibliothèque, qui portait auparavant le nom Mouffetard, permettra aux chercheurs d'accéder aux travaux de Mohamed Arkoun, rappelant les actions qu'elle avait menées pour la préservation de son héritage précieux. Mme Yacoubi a cité, à cet égard, la création de la Fondation Mohamed Arkoun pour la paix entre les cultures en vue de garder vivante son oeuvre monumentale. Elle a également rappelé la création du Prix Mohammed Arkoun, une distinction récompensant le meilleur travail autour de l'oeuvre d'un des plus grands penseurs de ce 21ème siècle et dont la première édition a été remportée par un chercheur marocain. Né en 1928 en Algérie, Mohamed Arkoun a fait des études supérieures à l'université d'Alger puis à la Sorbonne où il a obtenu un doctorat ès lettres en 1969. Professeur dans plusieurs universités dont la Sorbonne où il enseignait l'histoire de la pensée islamique, il est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages en français, en arabe et en anglais, traduits en plusieurs langues. Il est également l'auteur de centaines d'articles dans les trois langues, publiés dans des livres collectifs, des revues scientifiques ou des journaux. Décédé le 14 septembre 2010 à Paris et enterré à Casablanca, Mohamed Arkoun est lauréat de plusieurs Prix internationaux dont le dernier en date est le trophée pour la promotion des droits de l'Homme qui lui a été décerné à titre posthume en 2012 à Rabat.