Le général Abdel Fattah al Sissi, chef d'état-major de l'armée égyptienne, s'est prononcé mardi en faveur d'une transition politique rapide afin de ramener la stabilité en Egypte. Sous ses ordres, l'armée a renversé le 3 juillet le président Mohamed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans. S'exprimant lors d'un séminaire devant des militaires et des policiers, le général Sissi a appelé «chacun à prendre vraiment conscience de l'ampleur des problèmes qui se posent à la société égyptienne et qui nécessitent une accélération de la dernière phase de transition», rapporte le porte-parole de l'armée sur sa page Facebook. Le ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, a déclaré la semaine dernière que la phase de transition politique devrait s'achever «d'ici le printemps prochain». Dans son allocution de mardi, le général Sissi a estimé que lorsqu'ils ont été au pouvoir, les islamistes «n'ont pas su répondre aux demandes du peuple égyptien». Dans la soirée, et pour la première fois depuis la destitution de Morsi, des partisans de l'ancien président ont manifesté place Tahrir, au Caire. Les manifestants, au nombre d'une centaine, scandaient : «A bas le gouvernement militaire». Le 23 septembre, la justice égyptienne a interdit l'organisation non gouvernementale constituée par les Frères musulmans et gelé ses avoirs, à la suite d'une plainte déposée par un avocat du parti marxiste Tagammou qui estimait cette mesure nécessaire pour «protéger les Egyptiens de la violence». La confrérie a fait appel de cette décision et cet appel sera examiné le 22 octobre, a-t-on appris de sources judiciaires. Un millier de personnes ont été tuées depuis le renversement de Morsi, en grande partie des manifestants islamistes rassemblés dans deux campements évacués par la force le 14 août au Caire. Cette répression a déclenché une vague de violences dans le pays, pendant laquelle la communauté chrétienne copte et les forces de l'ordre ont été particulièrement visées. Ashton attendue au Caire La haute représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère, Catherine Ashton, va se rendre cette semaine au Caire pour rencontrer les nouveaux dirigeants, dont le général Sissi, et les quelques responsables des Frères musulmans qui ne sont pas en détention, a-t-on appris de source diplomatique européenne. «Elle vient voir s'il est possible de faire participer tous les partis à la transition», a-t-on précisé. Par ailleurs, les autorités égyptiennes ont suspendu toutes les relations touristiques avec l'Iran en raison de la «situation sécuritaire», a annoncé le ministère du Tourisme. Cette décision confirme une rupture avec la politique du président Morsi qui avait tenté de renouer les liens avec Téhéran, rompus depuis la révolution islamique iranienne, en 1979. «La situation sécuritaire ne permet pas pour le moment au ministère d'assurer les échanges avec l'Iran, y compris les vols et les voyages touristiques», a déclaré la porte-parole du ministère, Racha Azaizi. Le premier vol commercial entre Le Caire et Téhéran depuis 34 ans a eu lieu en mars, peu après une visite historique du président iranien Mahmoud Ahmadinejad en Egypte. Selon l'agence de presse officielle égyptienne Mena, 43 touristes iraniens ont visité l'Egypte en avril mais aucune liaison aérienne commerciale régulière n'a été mise en place. Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis le renversement de Morsi, critiqué par Téhéran qui y a vu l'action de «mains étrangères». Les autorités intérimaires égyptiennes mises en place par l'armée ont qualifié ces critiques d'»ingérence inacceptable». L'Egypte post-Morsi est portée financièrement à bout de bras par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït, trois monarchies sunnites du Golfe qui ne cachent pas leur hostilité envers les ambitions régionales de l'Iran chiite.