Beaucoup de parents se font du souci pour leur progéniture dans l'enseignement supérieur, non seulement pour décrocher des diplômes mais surtout pour trouver un emploi en fin du cursus. Le discours royal du 20 août 2013 a mis l'accent sur le recul de l'enseignement par rapport à ce qui a été réalisé et tracé dans la Charte. Ainsi, la question de l'inadéquation-formation-emploi est toujours d'actualité. De même, le problème de la maîtrise des langues d'acquisition et le handicap qu'il représente pour l'étudiant lors du passage du secondaire à l'université, d'où les taux très élevés de déperdition. Les bacheliers qui viennent des lycées, surtout publics, peuvent détenir des compétences scientifiques dans les diverses matières enseignées mais sont dépourvus de connaissances en sciences humaines et sociales et en compétences linguistiques, notamment le français. Cela pose problème quand le français est la langue d'acquisition par exemple. Pour résoudre ce problème un programme de mise à niveau a été lancé dans le cadre du Plan d'urgence mais semble avoir été abandonné dans des Facultés malgré les gros moyens mis en œuvre. Malgré l'importance toujours grandissante de l'enseignement supérieur privé qui cible une minorité ayant les moyens de payer d'importants frais, le gros des troupes des étudiants marocains se trouve dans le public, en particulier l'enseignement supérieur dit à accès ouvert où débarquent les étudiants qui n'ont pas le privilège d'aller dans les grandes écoles. Au sein de cet enseignement les Facultés de Sciences Juridiques Economiques et Sociales, appelées communément les Facs de Droit, accueillent le plus grand nombre d'étudiants au Maroc 113.414 en 2007-2008 sur un total de 292.776 et 136.245 en 2008-2009 sur un total de 367.668 soit des taux respectifs de 41,69% et 38%. En 2009-2010 ils sont 100.278 étudiants en cycle de licence sur 268.624 inscrits dans les Universités et 124.348 en 2010-2011 sur 360.668. Le fléau le plus grave de l'enseignement supérieur public est le taux élevé de décrochage parce que les étudiants débarqués du lycée n'ont pas les compétences pour suivre. Ainsi, plus de 50% des étudiants qui s'inscrivent dans les universités marocaines abandonnent, en grande partie dès la première année. Au sein des FSJES cela peut aller jusqu'à 60%. Des bacheliers frais émoulus ont le tournis en pénétrant pour la première fois à la Fac, en se rendant compte qu'ils ne peuvent pas suivre les cours, notamment quand ceux-ci sont enseignés dans une langue qu'ils ne maîtrisent pas. Bien qu'on ne puisse rien trouver à leur reprocher sur le plan des compétences scientifiques. Dénués de connaissances en sciences humaines et compétences linguistiques, ils trouvent les plus grandes difficultés à s'accrocher et beaucoup abandonnent dès la première année. Au cours des tests de positionnement il s'avère que près de 80% n'ont pas de niveau de maîtrise de langue. Beaucoup ne parviennent pas à rédiger une phrase correcte. Une grande majorité abandonnent les études avec un diplôme du Bac qui ne sert à rien. Par contre, ceux qui parviennent à décrocher une licence ne parviennent pas à trouver chaussure à leur pied en termes de poste de travail. Plus de 400.000 diplômés sont au chômage à la fin de leurs études (chiffre relevé dans le document du Plan d'urgence) alors qu'à l'horizon 2020 la demande est de créer plus d'un million d'emplois pour accompagner le développement du Maroc de par les grands chantiers structurants. On connaît l'image du secteur de l'enseignement public qui forme de futurs chômeurs. L'adéquation formation-emploi est devenue un mot d'ordre. La Charte de l'enseignement est venue pour rectifier le tir. Entre autre par la professionnalisation des cursus. Depuis une dizaine d'années l'objectif était d'orienter 20% des étudiants des établissements supérieurs publics à accès ouvert (Facultés) vers des licences professionnelles conçues selon les besoins de l'entreprise dans le cadre de partenariat. En 2006-2007 les licences professionnelles concernaient à peine 3% de l'ensemble des étudiants des FSJES. Parallèlement un cours de langue avait été lancé dans le cadre du Plan d'Urgence mais qui semble avoir été abandonné, soit du fait que le rythme d'urgence n'a pas pu être suivi dans certains établissements soit, selon d'autres avis, qu'il y a eu manque d'implication des enseignants car le programme induit l'augmentation substantielle des heures de travail pour des enseignants. Il en est de même pour le rythme de la professionnalisation des cursus qui n'a pas donné les résultats escomptés.