La première édition du Festival Hadra (15 au 18 août), un événement placé sous le thème «Hadra des femmes soufies : Identité et ouverture», s'est ouverte jeudi à Essaouira par une soirée alliant authenticité et ouverture sur le monde. En ouverture de cet événement, organisé par l'Association des Haddarates d'Essaouira et l'Association Maroc Profond pour la protection du patrimoine, se sont succédées sur scène les troupes des Haddarates d'Essaouira et Al Hadra Nissaiya Bhiirat Dalia de Taroudant, en plus de l'Anglo-Pakistanaise Sarrah Yasseen. Des tendances et des origines du chant spirituel, aussi distinctes qu'éloignées, ont ainsi gratifié le public qui a afflué en masse vers la place El Minzeh, un haut lieu de rencontre et d'animation artistique, niché au milieu des somptueuses murailles de la Médina d'Essaouira. Mais malgré cette diversité, le fond était le même, à savoir chanter les louanges du Créateur et louer les vertus de l'amour, de la paix et du dévouement, qui constituent la quintessence du soufisme. Pour cela, l'honneur est donné à la parole poétique qui constitue l'ossature de la Hadra, alors que les instruments de musique, principalement des percussions traditionnelles (bendir, taarija, dhaf ), ne sont là que pour accompagner le chant, voire réguler le rythme. Cela fait de la Hadra un art à l'état pur qui garde son authenticité et sa vocation originelle. Sarrah Yasseen, elle, n'a pas manqué de marquer de ses empreintes cette soirée. Accompagnée de Maren Hallberg à l'accordéon et de Dea (percussions), cette passeuse de cultures, qui perpétue l'ancienne tradition des chants soufis et des Nasheeds, a interprété de célèbres morceaux du grand répertoire de chants sacrés qu'elle maîtrise depuis sa tendre enfance. La soirée d'ouverture a été marquée par la présence du gouverneur de la préfecture d'Essaouira, Abdelouahab El Jabri, ainsi que d'autres personnalités, des élus et des figures artistiques et médiatiques. Cette édition a également été placée sous le signe de la reconnaissance avec un hommage à feue Aicha Zâiter, une des pionnières des Mâalmate haddarate à Essaouira, et à Mâalma Jmiâa Melouk. Avant de se jeter dans le bain, le grand public a eu droit à un avant-goût, avec une parade des participants, qui a pris son départ de Bab Doukala. Les passionnés du chant spirituel, eux, ont eu le privilège de participer, dans la matinée, à deux ateliers sur les Nasheeds, animé par Sarrah Yasseen et sur «La voix de la guérison», avec Ema'a Drolma et Magali de France.