Les forces de Bachar al Assad ont lancé samedi un assaut contre les quartiers contrôlés par les rebelles à Homs, ville clé du centre de la Syrie entre Damas et la côte méditerranéenne, et l'un des principaux foyers de l'insurrection. Selon des opposants, l'aviation et l'artillerie gouvernementales sont entrées en action et des soldats ont attaqué le quartier de Khalidiyah où, selon la télévision d'Etat, ils effectuent de «grands progrès». Sur une vidéo diffusée sur internet, on peut entendre de puissantes déflagrations et voir des colonnes de fumée blanche s'élever dans le ciel à la suite de ce que les opposants ont présenté comme des bombardements aériens sur le quartier voisin de Djouret al Chiyyah. Avant de lancer cet assaut sur la ville de Homs elle-même, l'armée régulière, appuyée par les combattants du Hezbollah libanais, n'a cessé de grignoter du terrain dans cette province en reprenant des villes et des villages proches de la frontière avec le Liban. Ces victoires ont permis à Bachar al Assad de consolider son emprise sur l'axe reliant Damas à la côte méditerranéenne, bastion de sa communauté alaouite. «Les forces gouvernementales tentent de prendre d'assaut Homs sur tous les fronts», a déclaré un combattant rebelle, Abou Mohammad. Aucun bilan de ces combats n'a été fourni pour l'instant. Les gains de l'armée gouvernementale ces dernières semaines ont inquiété les pays qui ont apporté leur soutien aux rebelles. Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient accroître leur aide militaire aux insurgés et l'Arabie saoudite a accéléré ses livraisons d'armes à l'opposition syrienne. Le conflit qui dure depuis mars 2011 et a fait 93.000 morts selon l'Onu, plus de 100.000 selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition, a ravivé les tensions entre musulmans sunnites et chiites dans tout le Proche-Orient. Les pays du Golfe, la Turquie et l'Egypte soutiennent les rebelles, tandis que l'Iran et le Hezbollah libanais, chiites, appuient le régime de Bachar al Assad. La famille Assad, qui dirige la Syrie depuis quarante ans, appartient à la minorité alaouite, une branche du chiisme. Les tentatives d'organiser une conférence internationale de paix à Genève n'ont pour l'instant pas abouti, les rebelles exigeant comme préalable un accord sur le départ d'Assad du pouvoir. Malgré leurs revers des dernières semaines, les insurgés ont remporté une victoire symbolique vendredi en prenant le contrôle d'un important poste gouvernemental à Deraa, ville du Sud d'où est partie la rébellion il y a plus de deux ans. Pour Rami Abdoulrahman, directeur de l'OSDH, il s'agit d'une victoire stratégique pour les rebelles qui contrôlent déjà la majeure partie de la vieille ville de Deraa. La province de Deraa, qui jouxte la frontière jordanienne, est essentielle pour l'approvisionnement des insurgés en armes.