Depuis quelques années, l'école primaire publique Almidalyine à Salé, qui empiète sur la forêt de la Maâmoura, à quelques encablures du Centre national des sports Moulay Rachid, voit son patrimoine arboré rétraicir comme une peau de chagrin. Des arbres qui ombrageaient sa cour de récréation, dont des chênes-lièges qui avaient pris racine bien avant sa construction, ont été, sans justification apparente, abattus. Cette opération, aussi minime qu'elle puisse paraître, soulève néanmoins de nombreuses interrogations, si l'on considère la situation géographique et le régime juridique des arbres abattus, ainsi que leurs intérêts environnementaux. Aussi, on ne saurait nier l'exemple susceptible qu'elle peut offrir aux écoliers sur le développement de leur conscience écologique et, donc, sur les enjeux environnementaux du développement durable. Outre leur fonction de protection de la santé des écoliers contre les rayons dangereux UVB, en leur fournissant un abri contre les rayons du soleil, les arbres plantés sur le terrain des écoles permettent aux enfants l'évocation de la nature et le ressenti des saisons. Au plan légal, les arbres plantés sur le terrain des établissements publics d'enseignement relèvent du domaine public. De ce fait, Il va sans dire que le Ministère de l'Education Nationale est investi d'une responsabilité directe dans la gestion, l'entretien et la préservation, non seulement du patrimoine mobilier et immobilier mais aussi, de leur patrimoine naturel. C'est pourquoi le ministère avait, dans une Note portant le numéro 52, datant du 26 mars 1990, sommé expressément les directeurs des établissements d'enseignement de n'abattre aucun arbre se situant dans l'enceinte des écoles dont ils ont la charge, pour quelque motif que ce soit, sans en avoir obtenu la permission des autorités compétentes en la matière. Les arbres, qu'ils relèvent du domaine public ou privé d'ailleurs, présentent de multiples intérêts, aussi bien du point de vue environnemental, en garantissant la préservation des équilibres biologique, économique, en assurant les besoins en bois, que socio-culturel, en contribuant à la qualité du cadre de vie. Les systèmes arborés affectent l'environnement local, et le mode de vie des populations, mais leurs effets ont des répercussions plus globales : ressources en eau, préservation de la diversité biologique et changements climatiques. En raison de leur capacité à stocker le carbone obtenu par l'absorption de dioxyde de carbone atmosphérique (Gaz à effet de serre), les arbres sont, en effet, reconnus comme des éléments fondamentaux de toute stratégie visant à lutter contre l'effet de serre et donc contre les changements climatiques planétaires. A ce propos, faut-il rappeler que le Maroc est, plus que jamais, confronté à la problématique du réchauffement du climat planétaire et de ses retombées négatives, notamment : manque en eau, érosion de la diversité biologique, désertification et érosion côtière. C'est pourquoi le Royaume du Maroc a adhéré aux principes de la Déclaration de Rio en 1992 et de ses trois conventions : une sur la sauvegarde de la diversité biologique (CDB), une sur la lutte contre la désertification (CLD) et une sur la lutte contre le réchauffement climatique (CCNUCC), ainsi qu'au programme d'action dans les domaines économique, social et environnemental : "l'Agenda 21". Le Maroc a, du reste, participé de façon dynamique et soutenue aux différentes étapes de mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Il a en particulier accueilli en 2001 la 7ème Conférence des Parties (COP7) à Marrakech, qui fut une étape décisive pour la préparation de l'entrée en vigueur du fameux Protocole de Kyoto (COP3). Au carrefour des domaines environnementaux, économiques et sociétaux, les arbres constituent donc un enjeu au cœur des problématiques liées au développement durable, dont la finalité est d'assurer le bien-être des générations actuelles et des générations futures, en harmonie avec l'environnement dans lequel elles évoluent. La plantation, l'entretien et la préservation des arbres, notamment dans les établissements scolaires, constituent, en conséquence, le support même d'une pédagogie par l'action, visant à aider les enfants à mieux prendre en compte des enjeux locaux et globaux, à court et à long terme, mais aussi à les inciter à adopter des conduites appropriées à la gestion solidaire et respectueuse de l'environnement. D'ailleurs, Sa Majesté le Roi en accordant son Haut Patronage au 7e Congrès mondial de l'éducation à l'environnement (WEEC), présidé par SAR la princesse Lalla Hasnaa, Présidente de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l'Environnement, qui s'est tenu à Marrakech, du 9 au 14 juin 2013, a montré l'importance qu'il attache à l'environnement et à la sensibilisation et l'éducation des jeunes générations au développement durable. «Cette éminente rencontre mondiale revêt une importance particulière, non seulement au regard du grand nombre de pays, d'organisations et d'instances internationales spécialisées qui y prennent part, mais aussi du fait qu'elle constitue une occasion idoine pour mettre en relief le rôle de l'éducation et de la sensibilisation dans la réalisation du développement durable» a transmis le Souverain dans son message adressé aux participants à ce congrès. Enfin, c'est pour ces raisons, et sans doute d'autres, que la communauté internationale a d'ailleurs fait du 21 mars « Journée mondiale de l'Arbre », pour rendre hommage à cet être, symbole intiment lié à la qualité de vie. Aussi, semble-t-il nécessaire que les tenants et aboutissants de cette affaire soient éclaircis et les responsabilités de chacun déterminées. Pour notre pays, la protection et la mise en valeur de l'environnement ne sont pas un luxe, un concept à la mode ou des déclarations d'intention, mais une question décisive pour son développement durable. Et, il n'y aura pas de développement durable sans éducation. L'école, centre de l'univers des enfants, a donc en premier lieu l'obligation de l'exemplarité.