La friction qui a opposé le président de la chambre des représentants et le chef du gouvernement dans un grand hôtel de Rabat en dit long sur la manière de Abdalilah Benkirane de gérer son monde. Du coup les médias n'avaient plus d'yeux et d'encre que pour la controverse qui a éclipsé le thème de la rencontre, l'accès à l'information, objectif des plus importants dans l'agenda gouvernemental. Karim Ghallab était dans son rôle de titulaire du perchoir en défendant l'institution législative, haut lieu de la démocratie. De même qu'il était en droit de se plaindre de la manière dont l'exécutif bloque ou du moins ralentit la production législative des députés. Abdalilah Benkirane, en sa qualité de chef du gouvernement, pouvait ne pas apprécier la critique du président de la chambre des représentants ou simplement l'estimer infondée. Il était donc lui aussi en droit de réagir. Seulement il y a l'art et la manière. Il lui suffisait d'attendre que Karim Ghallab achève son discours pour demander la parole et répondre à son aise. Son irruption intempestive dans le discours du président de la chambre des représentants, suscitant la contre-réaction d'un personnage d'habitude très flegmatique, indique bien que Abdalilah Benkirane n'est pas encore entré entièrement dans l'habit que lui impose sa centralité dans ce que la constitution appelle solennellement l'Institution du Chef du Gouvernement. Dommage. * Texte repris du journal électronique Quid.ma