Le splendide palais, domicile de feu Haj Mohamed Hakam au quartier Souissi, a été une nouvelle fois, dimanche dernier 2 mai 2013, un haut lieu d'une magnifique rencontre culturelle et artistique, organisée par la dynamique association Ribat Al Fath pour le Développement durable. Riche en rythmes et en couleurs, cette agréable et inoubliable manifestation restera gravée dans les annales de ce groupement apolitique qui œuvre pour le bien être de la capitale du Royaume chérifien. Il s'agit du vibrant hommage bien mérité, rendu à l'artiste éclectique Hadj Ahmed PIRO, l'un des dépositaires de l'art musical andalous accueilli avec ferveur par les artistes des pays du Grand Maghreb, avec l'arrivée des musulmans chassés de la péninsule ibérique en 1492. Appelé Tarab Gharnati ou Dziri ou San3a, ce genre musical ayant été chanté à Grenade en Andalousie musulmane, s'est installé en Algérie avant de s'introduire au Maroc avec l'émigration de nos frères de l'oriental. Il est le contemporain de la musique marocaine andalouse dite Al Ala de Séville, et Al Malouf tunisien et libyen importé de Cordoba. Cette rencontre coïncidait avec la parution du bel ouvrage concocté par Ahmed Piro et éditée par l'association Ribat Al Fath. « Un formidable travail de compilation des poèmes selon la classification modale et rythmique en usage dans l'école de Rabat, un travail qui est égal en importance à celui réalisé à la fin du XVIIIè siècle par Mohammed Ibn Al Houssain Al Hayek » selon le musicologue Ahmed Aydoun. La présence d'une pléiade d'artistes venus d'Algérie, de Tunisie, de France, du Canada, démontre la grande notoriété dont jouit cet artiste émérite surtout en Algérie sœur, berceau de cet art andalous maghrébin. Le grand hommage rendu auparavant par les responsables de «Dar Al Gharnatya» lors du festival Andaloussiat de la ville d'El Qolea est une véritable reconnaissance aux talents indiscutables de cet honorable et respectueux maître, serein et jovial, qui force l'admiration de tous ceux qui le connaissent de près ou de loin, tellement sa voix chaude et nostalgique évoque pour eux cet Eden perdu ! Tous les chercheurs qui ont animé la table ronde ainsi que les artistes ayant meublé cet après-midi par leurs chants mélodieux méritent les chaleureux applaudissements et les ovations de la nombreuse assistance de marque.