Trois policiers et quatre soldats égyptiens enlevés dans le Sinaï ont été libérés mercredi après près d'une semaine de captivité, une affaire qui a une nouvelle fois mis en évidence le climat d'instabilité régnant dans cette péninsule frontalière d'Israël et de Gaza. «Les sept membres du personnel de sécurité ont été libérés par leurs ravisseurs dans le Sinaï», a indiqué le porte-parole de l'armée Ahmed Ali dans un communiqué. Le porte-parole a donné peu de précisions sur les conditions cette libération, se bornant à indiquer qu'elle avait été «obtenue grâce aux efforts des renseignements militaires égyptiens en coordination avec des chefs tribaux dans le Sinaï». Peu après cette annonce, le terminal de Rafah entre l'Egypte et l'enclave palestinienne de Gaza, fermé depuis vendredi par des policiers égyptiens en colère contre l'enlèvement de leurs collègues, a rouvert, ont indiqué des témoins. Rafah est le seul point de passage avec la bande de Gaza à ne pas être contrôlé par Israël. Les sept hommes devaient être transportés dans la matinée sur la base aérienne militaire d'Almaza, près du Caire, où le président Mohamed Morsi, accompagné des ministres de la Défense et de l'Intérieur, doit les accueillir. Le Premier ministre égyptien Hicham Qandil avait affirmé mardi que les autorités déployaient des «efforts intenses» pour libérer les otages enlevés jeudi dans le Nord-Sinaï. Les ravisseurs étaient lourdement armés, avec des missiles anti-aériens et des mitrailleuses lourdes, avait indiqué le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim. Il avait précisé qu'il n'y avait pas de négociations avec les ravisseurs, qui réclamaient la libération de militants bédouins emprisonnés, mais que les chefs tribaux tentaient de persuader les hommes armés de relâcher les otages. Des témoins avaient fait état de mouvements militaires mardi dans la péninsule. L'état d'urgence avait en outre été décrété dans les hôpitaux et les services des urgences du Nord-Sinaï, en prévision d'une possible confrontation avec les ravisseurs. Le rapt des membres des forces de sécurité a mis sous pression le président islamiste Morsi, confronté à la nécessité de rétablir l'ordre dans cette région sensible sur le plan intérieur et international, où l'autorité de l'Etat apparaissait une nouvelle fois bafouée. Outre les problèmes de sécurité, M. Morsi est confronté à une grave crise économique et à une forte contestation politique alors que le pays approche du premier anniversaire de son élection en juin 2012. La sécurité dans le Sinaï s'est fortement dégradée depuis le soulèvement qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak début 2011, avec une multiplication d'enlèvements et d'attaques. La population bédouine, majoritaire dans la région, est de longue date rétive face au pouvoir central qu'elle accuse de négliger la péninsule. Le Sinaï a également vu une recrudescence d'activité des groupes islamistes radicaux hostiles à Israël.