Dans un contexte régional difficile aux plans politique et économique, le Maroc a su demeurer un îlot de stabilité. Le pays s'est doté, en effet, d'une nouvelle constitution en juillet 2011 octroyant davantage de droits et de libertés aux citoyens marocains. Le gouvernement de coalition actuel est mené par un parti d'opposition qui, pour la première fois, accède à l'exercice du pouvoir. En outre, grâce à de saines options macroéconomiques et à une croissance soutenue dans les secteurs non agricoles, l'économie marocaine a fait preuve d'une résilience certaine face à la récession économique mondiale qui sévit depuis 2008. Mieux encore, dans ce contexte de difficultés accrues, les bases de l'économie marocaine ont été consolidées. L'alternance politique n'a pas eu d'incidence particulière sur les politiques macro-économiques conduites dans le Royaume. Cependant, l'embellie connue en 2011, en dépit des vicissitudes que traversait l'Afrique du Nord, n'a pas pu être maintenue. De 5 % en 2011, le taux de croissance a chuté à 3,4 % en 2012. Cette baisse est principalement due aux effets conjugués d'une demande mondiale en forte baisse, et au fléchissement des recettes touristiques internationales. A cela s'ajoutent les baisses des transferts des Marocains résidant à l'étranger et de la valeur ajoutée agricole, en raison d'une pluviométrie déficiente sur les cultures céréalières. Par ailleurs, le Maroc a vu son déficit budgétaire global passer à 7,1 % du PIB en 2012 contre 6,2 % en 2011, et a dû faire face au renchérissement des prix des produits énergétiques. La cote auprès des investisseurs Preuve que le Maroc a su négocier le virage de la crise, sa cote demeure quasi intacte auprès des investisseurs – les chiffres des Investissements directs étrangers (IDE) en attestent, le Maroc demeure une destination privilégiée en la matière. Autre signe du pouvoir d'attraction du Royaume : le lancement d'une émission obligataire de 1,5 milliard de dollars EU, en décembre 2012, sur les marchés financiers internationaux. L'opération a été saluée par les marchés et son succès a confirmé la confiance des investisseurs. De son côté, le FMI a confirmé, en février 2013, « la qualification continue » du Maroc à bénéficier de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), approuvée en août 2012. Ces bonnes performances ne sauraient occulter les défis et contraintes qui pèsent sur l'économie marocaine, et que le Royaume se doit de relever pour libérer son plein potentiel de croissance. Il s'agit, pour l'essentiel, de combattre la persistance du chômage des jeunes ; mettre en place les conditions d'une croissance pérenne et inclusive ; doper la compétitivité externe de l'économie ; résorber les déficits sociaux ; améliorer l'accès aux services de base ; et de mettre en place les nécessaires mesures d'adaptation aux effets du changement climatique. Un programme à la mesure des ambitions du Royaume Le Maroc et la Banque africaine de développement (BAD) sont des partenaires d'expérience, dont la longue relation de coopération remonte à 1970, date du début du financement par la Banque de projets de développement dans le Royaume. Quatre secteurs prioritaires ressortent des investissements consentis : les infrastructures, la gouvernance économique et financière, le secteur social et l'agriculture. Au total, ce sont quelque 7 milliards d'euros que le Groupe de la BAD a investis au Maroc depuis 1970, s'imposant ainsi comme le premier bailleur de fonds du Royaume. Les échanges réguliers avec les autorités marocaines ont été déterminants dans la conception et la structuration des nouvelles opérations engagées, en termes notamment de conditionnalités et de pertinence des approches institutionnelles adoptées. Le suivi renforcé des projets par la BAD, grâce notamment au travail accompli par son Bureau au Maroc (ouvert en 2006) en termes d'assainissement du portefeuille en concertation avec les autorités marocaines, a largement contribué à améliorer les indicateurs de performance des programmes et projets à l'oeuvre. Les réformes structurelles et sectorielles destinées à accentuer la diversification de l'économie marocaine portent leurs fruits sur le terrain. En vue de capitaliser ses acquis et donner corps à une croissance plus soutenue et plus inclusive, les autorités marocaines ont choisi de mettre l'accent sur la promotion de la gouvernance et la mise à niveau des infrastructures. Cette orientation stratégique a mis à jour, la nécessité de mettre en place les conditions nécessaire à la promotion d'un secteur privé dynamique, seul à même de garantir la diversification de l'économie marocaine. La confiance soutenue entre le royaume du Maroc et la BAD, ainsi que l'excellence de la coopération qui les a toujours unit, ont valeur d'exemple. En témoigne le rôle majeur de premier partenaire au développement que joue la BAD dans le Royaume, avec pour seul objectif de répondre, de la manière la plus efficace possible, aux enjeux de développement économique et social du Maroc. 2. Perspectives à venir : garder le même élan Le Maroc s'est fixé pour priorités l'amélioration de sa compétitivité économique et la réduction des disparités sociales. Partenaire au développement de premier plan, la Banque africaine de développement accompagne le pays dans ses choix stratégiques. Pour ce faire, elle continuera d'améliorer, tant la qualité de ses prestations, que sa disponibilité. Les axes majeurs d'intervention porteront sur la modernisation des infrastructures – en matière d'énergie renouvelable notamment –, l'amélioration de la gouvernance économique et financière, et le soutien à une croissance inclusive. Enfin, signe manifeste de cette confiance bâtie sur près d'un demi-siècle et de la volonté de poursuivre sur la même lancée cette coopération vertueuse, le Maroc a été choisi pour abriter, en 2013, les Assemblées annuelles de la BAD, à Marrakech, du 27 au 31 mai. Près de trente ans après les avoir accueillies une première fois déjà, à Rabat, en 1974. L'évènement, qui draine quelque 3 000 participants, s'avère un haut lieu de rencontres et d'échanges, entre dirigeants africains, occidentaux, délégués politiques, gouverneurs des banques centrales, responsables d'organisations de développement, représentants du secteur privé, membres de la société civile... Bâtir le Maroc de demain : 1,1 milliard de dollars mis à disposition du Maroc en 2012 Les financements de la BAD au Maroc ont profité, en priorité, aux infrastructures. Quelque 1,1 milliard de dollars EU, c'est l'enveloppe que la BAD a mise à disposition du Maroc pour les opérations approuvées en 2012. L'ensemble des projets et programmes menés à ce jour par la BAD dans le pays totalise quelque 2,4 milliards d'euros. Environ 80 % des financements concédés sont allés aux infrastructures (transports, eau, énergie), dans le cadre de projets d'ampleur. Alignée sur les priorités du gouvernement marocain, la stratégie qu'a adoptée la BAD au Maroc pour la période 2012-2016 repose sur deux piliers majeurs : le renforcement de la gouvernance et de l'inclusion sociale d'une part, et le soutien au développement des infrastructures vertes d'autre part. Le rôle du Groupe de la Banque est d'accompagner le Maroc dans ses politiques stratégiques tant structurelles que sectorielles, en poursuivant un objectif commun : promouvoir une croissance inclusive, qui bénéficie donc à tous les Marocains sur l'ensemble du territoire national, mais qui soit respectueuse de l'environnement. Priorité à l'humain La Banque soutient le gouvernement du Maroc dans ses efforts visant à asseoir un développement social conséquent. Le premier front est celui de l'éducation. Les efforts menés en commun visent l'amélioration de la qualité de l'enseignement secondaire qualifiant, la résolution des problématiques transversales du système d'éducation et de la gouvernance ainsi que et la gestion des ressources humaines. La donne sanitaire est également prise en compte, notamment l'amélioration de l'état de santé de la population et plus particulièrement l'amélioration durable des conditions d'accès à des services de qualité. D'autre part, la BAD intervient dans le renforcement de l'employabilité des jeunes. Le programme consiste en un appui budgétaire sectoriel à la stratégie du gouvernement marocain qui vise une meilleure adéquation de la formation avec le marché du travail. La classe moyenne, en plein essor, est au coeur de la poussée supplémentaire de croissance au Maroc. Une ambition qui ne saurait faire l'impasse sur l'importance de la mise en place d'un cadre de vie plus agréable et au quotidien facilité, grâce au développement de réseaux de transport et de télécommunication, de centres et d'offres de loisirs, outre la préservation d'un environnement propre et sain. Dans ce cadre, l'ensemble des catégories sociales pourront davantage s'épanouir et faire profiter le pays de leurs compétences. Au Maroc, la troisième révolution industrielle est en marche, impulsée par la nécessité de changer le régime énergétique actuel, qui repose quasi entièrement sur les énergies fossiles que sont le pétrole, le charbon et le gaz naturel. L'augmentation des prix de l'énergie et l'impératif de lutte contre le réchauffement climatique incitent fortement l'économie marocaine à se tourner vers des sources d'énergie alternative, à l'instar de l'éolien et du solaire. Aussi, la BAD soutient-elle les initiatives du Royaume visant à instaurer une production massive d'énergie renouvelable. De même qu'elle l'accompagne dans sa politique de gestion des stocks d'énergie pour pallier les impondérables, via notamment les programmes de coopération internationale entre les pays de la région