La présentation par M. Kerry, Secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, d'un avant-projet relatif à l'extension du champ d'action de la MINURSO pour s'occuper du contrôle de l'exercice et du respect des Droits de l'Homme dans nos provinces du Sud, a constitué un véritable examen pour l'avenir des relations maroco-américaines. Cette proposition a suscité un tollé général au Maroc et un rejet catégorique de ses dispositions. Le peuple marocain, avec toutes ses composantes, s'est mobilisé derrière Sa Majesté le Roi pour exiger la renonciation à cette initiative jugée préjudiciable aux relations séculaires, d'amitié et de coopération entre le Maroc et les Etats-Unis, placées dans le cadre d'un partenariat stratégique. D'ailleurs, le rôle joué par S.M. le Roi qui a pesé de tout Son poids, de Son prestige et de l'estime dont jouit Sa Majesté sur les plans africain et international, a été déterminant. Les Etats-Unis savent parfaitement que S.M. le Roi, compte-tenu de Ses relations avec les pays africains et de Sa stature internationale et au sein du monde arabo-musulman, peut influer sur le cours des événements et faire barrière à l'extension des activités des organisations terroristes. La sagesse de S.M. le Roi, Son sens élevé de la responsabilité et le respect mutuel qui caractérise les liens du Maroc avec ses partenaires aussi bien en Afrique qu'en Europe et partout ailleurs, font de Sa Majesté un interlocuteur incontournable et un sage très écouté et estimé. La position de S.M. le Roi a été ferme et inébranlable, sachant parfaitement que toute modification du statut de la MINURSO et de son mandat tel que défini par le Conseil de Sécurité en 1991 après la proclamation du cessez-le-feu, allait être préjudiciable au maintien de la paix et de la sécurité dans la région sahélo-maghrébine et favorisera les entreprises terroristes menées par Al-Qaïda et visant à déstabiliser les pays de la région. Pour Sa Majesté le Roi, la question de l'intégrité territoriale et la marocanité du Sahara constituent une cause sacrée pour l'ensemble des composantes du peuple marocain et ne peuvent faire l'objet de marchandage ou de concessions. Le Maroc, agissant de bonne foi, a manifesté sa volonté de coopérer loyalement avec les Nations Unies pour parvenir à une solution, juste et durable, acceptée par tous. Le Maroc ne peut sacrifier ses intérêts stratégiques et tient à ce qu'il exerce tous les attributs de sa souveraineté sur ses provinces sahariennes. La proposition faite par le Maroc de doter le Sahara d'une large autonomie, dans le cadre du respect de sa souveraineté nationale et de son intégrité territoriale, a été hautement appréciée par les membres du Conseil de Sécurité et par l'ensemble de la communauté internationale qui l'ont considérée comme sérieuse, crédible, réaliste et de nature à apporter une solution définitive à ce différend territorial créé de toutes pièces par l'Algérie qui continue de refuser, pour des considérations géopolitiques, d'adhérer au processus de règlement de ce dossier. S'agissant des Droits de l'Homme, S.M. le Roi a fait de leur respect Sa préoccupation majeure, particulièrement dans les provinces du Sud et sur tout le territoire national. Le Maroc, comme l'illustrent la nouvelle Constitution et le processus de réformes engagées sur tous les pans, s'attache au respect des Droits de l'Homme et, contrairement à d'autres pays qui répriment toute manifestation d'opposition, notre pays tient à garantir les droits des citoyens tant politiques qu'économiques, sociaux et culturels. Sur ce plan, le Maroc est à l'avant-garde et il est cité le plus souvent comme un exemple à suivre en la matière. En révisant leur position concernant le mandat de la MINURSO, les Etats-Unis ont privilégié le recours au bon sens et à la raison, et au lieu de s'attacher à leur proposition qui était de nature à soutenir, directement ou indirectement, les mouvements terroristes, les Etats-Unis ont opté pour le soutien de ceux qui œuvrent pour le maintien de la paix et de la sécurité dans cette région névralgique très proche de l'Europe et du contour de la Méditerranée. En renonçant à leur projet, les Etats-Unis ont tenu compte de leurs intérêts stratégiques et de la consolidation des liens d'amitié et de coopération avec le Maroc. Pour sa part, le Maroc, en tournant cette page, demeure animé par une volonté sincère de raffermir ses liens avec son partenaire américain afin de construire ensemble un avenir prospère sur la base du respect mutuel et en tenant compte des intérêts bien compris des deux parties.