M. Youssef Amrani, Ministre Délégué aux Affaires Etrangères et à la Coopération, a signé et publié sur les colonnes du quotidien espagnol “El Pais", dans son édition de mercredi dernier, un article portant sur la question du Sahara. Nous le publions ci-après dans son intégralité: Concernant le différend régional au sujet du Sahara, le Royaume du Maroc maintient le cap fixé par le Conseil de Sécurité et l'Assemblée Générale, vers une solution juste, durable et mutuellement acceptable, à travers la négociation. Dans cet esprit, le Maroc n'a cessé d'œuvrer de bonne foi et par tous les moyens disponibles pour mettre fin à ce différend géopolitique, et pour mettre un terme à la tragédie humanitaire que les calcules cyniques imposent à une partie de sa population sahraouie. Aujourd'hui encore, le Maroc l'affirme : le statu quo n'est pas acceptable, et devient de plus en plus dangereux pour la région maghrébine et au-delà. On ne peut pas permettre que cette région soit exposée à l'incertitude qui aggraverait les vulnérabilités déjà existantes et éviter que de nouveaux facteurs de violence s'emparent de la situation provoquant davantage de tensions. Le Maroc a assumé volontairement et pleinement ses responsabilités en présentant l'initiative d'autonomie au Sahara ; une initiative qui offre une réponse constructive aux appels du Conseil de Sécurité et du Secrétaire Général des Nations Unies, et de la Communauté internationale dans son ensemble, et qui n'ont cessé d'exprimer leurs volonté de parvenir à une solution politique à ce différend régional. En effet, après avoir constaté l'inapplicabilité aussi bien du plan de règlement de 1991 que du plan Baker II, le Secrétaire général de l'ONU avait lancé dans son rapport du 18 octobre 2004, puis réitéré dans son rapport d'avril 2008, son appel pour mettre un terme à l'impasse et progresser vers une solution politique, en faisant preuve de réalisme et d'esprit de compromis. Cette initiative marocaine, hautement apprécié par la communauté internationale, est également une réponse aux recommandations exprimées par le Conseil de sécurité à travers ses résolutions subséquentes sur la question du Sahara, qui ont clairement identifié le compromis et le réalisme en tant que paramètres de la solution politique escomptée. Résultat d'un vaste processus de consultation nationale et locale, ainsi que de concertations au niveau régional et international, l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie de la région du Sahara constitue un acte de grande portée politique, qui traduit une volonté sincère et un engagement ferme pour aller de l'avant vers une solution politique sans vainqueur ni vaincu, dans le cadre des Nations Unies. N'en déplaise à certains détracteurs, la prééminence de l'initiative marocaine d'autonomie a été reconnue par les sept dernières résolutions relatives au différend adoptées par le Conseil de Sécurité. L'autonomie continue de faire l'objet d'un soutien et d'une appréciation de la part de nombreux pays qui continuent de louer les efforts "sérieux et crédibles" déployés par le Maroc. D'abord c'est une initiative qui se distingue par sa conformité aux normes internationales en matière d'autodétermination, car elle garantit à la population de la région de gérer démocratiquement ses affaires à travers des organes législatifs, exécutifs et judiciaires. Elle offre, en outre, une solution de compromis dans l'esprit de la troisième voie et dans une vision de la solution politique, s'inscrivant pleinement dans la légalité internationale et s'inspirant utilement de modèles contemporains de résolutions de différends. Un compromis qui représente à la fois une vertu prônée par la communauté internationale, un signe de volonté politique, d'engagement et de bonne foi et un moyen de parvenir à un accord à travers le dialogue et la négociation. L'autonomie est aussi une proposition réaliste, en ce sens qu'elle fait place à des accommodements, des concessions mutuelles et un effort de renoncement à certaines positions extrêmes. Le Maroc a fait l'effort de présenter une initiative ouverte, en phase avec les réalités et les spécificités propres à la région du Sahara ; région qui bénéficie, depuis 1975, faut il le rappeler, d'un intérêt particulier et d'un effort important en terme de développement humain et d'infrastructures. C'est une réponse appropriée aux attentes et aspirations de la population sahraouie, dont les 2/3 vivent actuellement dans la région du Sahara, aussi bien en terme d'intégration et de réconciliation qu'en ce qui concerne la bonne gouvernance et le développement. En se limitant à reprendre des options dont l'inapplicabilité a été constatée par les Nations Unies, la proposition des autres parties fait fi des paramètres du Conseil de sécurité et retarde la résolution d'un différend qui n'a que trop duré. Car, comme l'a si bien dit l'ancien Envoyé personnel M. Peter Van Walsum devant le Conseil de sécurité, le 21 avril 2008, «un Sahara indépendant n'est pas une option réaliste ». En outre, la population des camps de Tindouf a été écartée de toute consultation concernant ce que le Polisario appelle sa "proposition". Pire encore, cette population continue de faire l'objet de violations graves et quotidiennes des droits de l'Homme les plus élémentaires, et reste acculée à s'accommoder de conditions de vie déplorables. La confusion totale qui règne dans ces camps dirigés par le Polisario en territoire algérien, notamment en ce qui concerne le nombre des réfugiés et la responsabilité juridique du pays d'accueil, ne fait qu'aggraver ce calvaire. Le Maroc, quant à lui, continue de s'acquitter pleinement de ses engagements dans le cadre d'un processus irréversible, qui vise à consolider davantage ses acquis et avancées, apportant ainsi un démenti cinglant aux allégations sans cesse colportées par les autres parties, qui ne cessent d'instrumentaliser la noble thématique des droits de l'Homme pour faire dévier le processus de négociations. En effet, Après avoir soumis une Initiative pour la négociation du Statut d'Autonomie du Sahara, le Maroc s'est engagé dans une série de réformes au profit des provinces du Sud, comme en témoigne l'adoption d'une nouvelle Constitution, qui consacre la composante Saharo-Hassanie, le lancement d'un processus de régionalisation à la fois vaste et ambitieux englobant toutes les régions du Maroc - avec à leur tête la région du Sahara, et l'élargissement du champ des droits et libertés avec notamment l'ouverture de deux antennes du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) à Dakhla et Laâyoune. Il convient de préciser également que « le modèle de développement régional pour la région du Sahara », présenté récemment à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, par le Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) représente une véritable feuille de route qui propose une plateforme qui s'inscrit dans le cadre d'une régionalisation avancée, englobant entre autres les aspects économique, social, environnemental et culturel. De même ce modèle met l'accent sur la nécessité d'une cohérence des politiques publiques et insiste sur le principe de la gouvernance dans ses dimensions de droits humains fondamentales, de la déconcentration, la décentralisation, la subsidiarité, la transparence et la responsabilité. Le Maroc demeure également disposé à négocier sur la base des paramètres clairement définis et maintes fois réaffirmés par le Conseil de sécurité. C'est la position notifiée à M. Christopher Ross, Envoyé spécial du Secrétaire général, lors de sa dernière visite au Maroc, aussi bien par le Gouvernement que par les Partis Politiques, toutes tendances confondues, et les composantes de la société civile, afin de d'avancer vers une solution politique qui garantit la paix, la sécurité et la prospérité de tous les pays du Maghreb.