Un an après la mort de son mari, Si Ahmed Bouanani, la costumière, décoratrice, maquilleuse et comédienne Naima Saoudi est décédée le 27 décembre 2012 à Tétouan à l'âge de 60 ans pendant le tournage d'un film. Femme de terrain et de caractère, cette dame était une véritable dynamo qui a donné au cinéma marocain toute sa ferveur depuis plusieurs décennies déjà remplissant de nombreuses fonctions à la fois. Tantôt devant devant, tantôt derrière la caméra, elle était présente au plateau de nombreux tournages sollicitée aussi bien par les cinéastes nationaux qu'étrangers. Elle est arrivée au cinéma par amour. Amour du septième art d'abord: une histoire qui remonte à son enfance lorsque son père organisait tous les dimanches des projections à domicile de films muets en super 8. En ce temps là les héros de son père s'appelaient Charles Chaplin et Laurel et Hardy. Naima a également débarqué au cinéma par amour pour son homme. Très tôt, elle a partagé la vie et l'extrême passion d'Ahmed Bouanani, ce cinéaste dont la mémoire n'en finit pas de vadrouiller et à qui l'on doit le petit chef d'œuvre marocain "Le mirage" (1979). Les plateaux et les hommes du cinéma, elle les a connus assez tôt en même temps que Bouanani, presque. Adolescente (née en 1953), âgée de 16 ou 17 ans, insouciante et les cheveux dans le vent, elle le suivait un peu partout dans les tournages. L'aventure commence pour Naima Saoudi un peu par hasard, un peu par amour. Nous sommes en 1970, quand un groupe de cinéastes, sous l'égide de la société "Sigma 3" s'apprête à tourner un film qui deviendra un film culte sous le titre de "Wechma" réalisé par Hamid Bennani. L'équipe fait appel à Naima Saoudi pour les maquillages et les décors. C'est premier pas franchi vers le cinéma par Naima, elle qui s'occupait à confectionner les tapis surtout connue dans le quartier comme maquilleuse qui changeait de visage et de teinture chaque jour. Avec "Wechma", elle investissait plusieurs domaines à la fois puisqu'on va la retrouver maquilleuse, décoratrice, costumière et même comédienne. Vient ensuite une expérience toute aussi enrichissante: "Les quatre sources", réalisé par Ahmed Bouanani sous forme de conte et où son talent va exploser et où elle donna libre cours à son imagination et à ses fantasmes pour coudre et découdre les costumes. Et puis d'autres expériences vont s'ajouter avec des films aussi importants que "Le coiffeur du quartier des pauvres" de Mohamed Reggab et "La plages des enfants perdus" de Jilali Ferhati. De 1970 à 1991, Naima Saoudi a vécu à sa manière les changements du cinéma marocain et en a tiré des enseignements. De "Wechma" à "La plage", elle avait appris qu'il y a un travail de groupe au cinéma entre le chef décorateur, le décorateur et la costumière. Plus tard, sa compétence va s'élargir à l'assistance. Dans "Badis" de Mohamed Abderrahman Tazi tout comme "De l'autre coté du fleuve" de Mohamed Abbazi ou "Une porte sur le ciel" de Farida Belyazid, elle assura avec brio cette fonction. C'est l'occasion pour elle d'élaborer un plan de travail et de participer au choix des acteurs et figurants. Moment extraordinaire, l'aventure, le tournage international, tout cela, Naima Saoudi l'a vécu avec "Tambours de feu" de Souheil Benbarka retitré "Les cavaliers de la gloire". Pendant un an, entre décors et vedettes internationales, la Russie, Essaouira et Errachidia, elle a vécu au tempo des batailles, des navires et des sérails. Travaillant jour et nuit, remplaçant à la dernière minute les costumiers turcs et russes, elle perdit 15 kilos de son poids. Cela ne va nullement la décourager pour poursuivre son chemin de technicienne du cinéma en particulier le cinéma marocain qui lui doit tant. Filmographie sélective : - 1994 : Unveiled - 1994 : Le prince rebelle - 1993 : La nuit sacrée - 1992 : Beyond justice - 1989 : le coq rouge - 1988 : La dernière tentation de christ - 2003 : Mille mois - 2003 : Momo Mambo - 1998 : Adieu forain - 1996 : Lalla Hobby - 2002 : Le miroir du fou - 1990 : Badis - 1992 : La plage des enfants perdus - 2002 : And now ladies and gentlemen - 1979 : Le mirage - 1988 : Une porte sur le ciel - 1978 : Les quatre sources - 1970 : Wechma