Les archives, sous forme écrite, audio ou visuelles, constituent l'Histoire, la mémoire, la culture, le patrimoine et la civilisation des peuples, des nations, et des Etats. Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir, disent les sages. Depuis que le cinéma existe, c'est à dire depuis plus de cent ans, une nouvelle forme de mémorisation a vu le jour. Revoir les films anciens, revient à entrer en contact avec notre Histoire, notre civilisation. Jadis, on avait comme seul recours pour apprendre les civilisations anciennes, les écritures et les dessins. L'image imprimée sur pellicule ou sur un autre support, actuel ou à venir, s'érige en matériau adéquat pour en savoir plus sur notre passé. Il devient donc impératif de sauvegarder les archives de toute déperdition. Oui, mais comment? Depuis les années trente, on avait déjà pensé à sauver les archives du cinéma. La naissance des cinémathèques nationales et de la Fédération Internationale des Archives du Film (F.I.A.F.), visaient à instaurer un code d'éthique dans le but de sauvegarder les films compte tenu de leur fragilité et leur faiblesse à résister à l'usure. Des conditions draconiennes de température et d'hygrométrie sont alors conseillées aux archivistes pour protéger les films contre toute dégradation d'origine naturelle ou humaine. Les tremblements de terre tout comme les incendies, les inondations ou les guerres ont été les principales causes de destruction massive des films à travers le monde. C'est tout un patrimoine mondial qui disparaît en cas de catastrophe. Aussi, les institutions qui veillent à la protection du patrimoine cinématographique mettent les moyens pour consacrer les budgets adéquats permettant de restaurer les films en se dotant du matériel nécessaire et du personnel qualifié. Là on remarque que seuls les pays occidentaux éprouvent un réel sentiment vis à vis du produit cinématographique en particulier. Quant aux pays du Sud, si ce ne sont pas les moyens qui manquent, c'est parfois l'incompétence ou le manque de volonté qui montent en puissance. Au Maroc, cela fait une décennie que l'on ne prête aucune attention au patrimoine. La radio et la télévision posent un tout autre cas. Les chaînes constituent chacune ses propres archives. Si ces chaînes sont privées, le patrimoine radiophonique ou télévisuel va relever du secteur privé. Ce qui est loin d'être raisonnable. En Europe, au bout d'une année, les archives constituées par une chaîne radio ou télé, finissent par relever du patrimoine national. En France, l'INA (Institut National de l'Audiovisuel) a été créé dans ce but. Aujourd'hui, la plupart des images filmées par les chaînes françaises, depuis plus d'un demi siècle, sont signées INA, ce qui semble en conformité avec l'esprit patriotique et le souci de sauvegarde des archives pour les générations futures. dans les du sud, les responsables ont besoin de beaucoup plus de temps pour assimiler de tels soucis. ciné star Décès de Naima Saoudi Bouanani Un an après la mort de son mari, Si Ahmed Bouanani, la costumière, décoratrice, maquilleuse et comédienne Naima Saoudi est décédée le 27 décembre 2012 à Tétouan à l'âge de 60 ans pendant le tournage d'un film. Femme de terrain et de caractère, cette dame était une véritable dynamo qui a donné au cinéma marocain toute sa ferveur depuis plusieurs décennies déjà remplissant de nombreuses fonctions à la fois. Tantôt devant devant, tantôt derrière la caméra, elle était présente au plateau de nombreux tournages sollicitée aussi bien par les cinéastes nationaux qu'étrangers. Elle est arrivée au cinéma par amour. Amour du septième art d'abord: une histoire qui remonte à son enfance lorsque son père organisait tous les dimanches des projections à domicile de films muets en super 8. En ce temps là les héros de son père s'appelaient Charles Chaplin et Laurel et Hardy. Naima a également débarqué au cinéma par amour pour son homme. Très tôt, elle a partagé la vie et l'extrême passion d'Ahmed Bouanani, ce cinéaste dont la mémoire n'en finit pas de vadrouiller et à qui l'on doit le petit chef d'œuvre marocain "Le mirage" (1979). Les plateaux et les hommes du cinéma, elle les a connus assez tôt en même temps que Bouanani, presque. Adolescente (née en 1953), âgée de 16 ou 17 ans, insouciante et les cheveux dans le vent, elle le suivait un peu partout dans les tournages. L'aventure commence pour Naima Saoudi un peu par hasard, un peu par amour. Nous sommes en 1970, quand un groupe de cinéastes, sous l'égide de la société "Sigma 3" s'apprête à tourner un film qui deviendra un film culte sous le titre de "Wechma" réalisé par Hamid Bennani. L'équipe fait appel à Naima Saoudi pour les maquillages et les décors. C'est premier pas franchi vers le cinéma par Naima, elle qui s'occupait à confectionner les tapis surtout connue dans le quartier comme maquilleuse qui changeait de visage et de teinture chaque jour. Avec "Wechma", elle investissait plusieurs domaines à la fois puisqu'on va la retrouver maquilleuse, décoratrice, costumière et même comédienne. Vient ensuite une expérience toute aussi enrichissante: "Les quatre sources", réalisé par Ahmed Bouanani sous forme de conte et où son talent va exploser et où elle donna libre cours à son imagination et à ses fantasmes pour coudre et découdre les costumes. Et puis d'autres expériences vont s'ajouter avec des films aussi importants que "Le coiffeur du quartier des pauvres" de Mohamed Reggab et "La plages des enfants perdus" de Jilali Ferhati. De 1970 à 1991, Naima Saoudi a vécu à sa manière les changements du cinéma marocain et en a tiré des enseignements. De "Wechma" à "La plage", elle avait appris qu'il y a un travail de groupe au cinéma entre le chef décorateur, le décorateur et la costumière. Plus tard, sa compétence va s'élargir à l'assistance. Dans "Badis" de Mohamed Abderrahman Tazi tout comme "De l'autre coté du fleuve" de Mohamed Abbazi ou "Une porte sur le ciel" de Farida Belyazid, elle assura avec brio cette fonction. C'est l'occasion pour elle d'élaborer un plan de travail et de participer au choix des acteurs et figurants. Moment extraordinaire, l'aventure, le tournage international, tout cela, Naima Saoudi l'a vécu avec "Tambours de feu" de Souheil Benbarka retitré "Les cavaliers de la gloire". Pendant un an, entre décors et vedettes internationales, la Russie, Essaouira et Errachidia, elle a vécu au tempo des batailles, des navires et des sérails. Travaillant jour et nuit, remplaçant à la dernière minute les costumiers turcs et russes, elle perdit 15 kilos de son poids. Cela ne va nullement la décourager pour poursuivre son chemin de technicienne du cinéma en particulier le cinéma marocain qui lui doit tant. Filmographie sélective : - 1994 : Unveiled - 1994 : Le prince rebelle - 1993 : La nuit sacrée - 1992 : Beyond justice - 1989 : le coq rouge - 1988 : La dernière tentation de christ - 2003 : Mille mois - 2003 : Momo Mambo - 1998 : Adieu forain - 1996 : Lalla Hobby - 2002 : Le miroir du fou - 1990 : Badis - 1992 : La plage des enfants perdus - 2002 : And now ladies and gentlemen - 1979 : Le mirage - 1988 : Une porte sur le ciel - 1978 : Les quatre sources - 1970 : Wechma ciné mémoire Propos d'une artiste/technicienne o A propos du cinéma marocain Il faut beaucoup d'argent pour construire des décors ce qui augmente le budget d'un film. Des budgets très limités imposent au réalisateur de tourner dans des décors naturels. Mais je pense qu'il faut regarder bien en face notre réalité cinématographique. En dehors de quelques départements tels que la réalisation, la prise de vue, le montage ou l'assistanat, tous les autres secteurs de la production sont dépourvus de spécialistes... Il est évident que c'est l'absence de studios qui tient les décorateurs à l'écart des productions nationales. Les studios nécessitent des décors spécifiques qui réclament beaucoup d'argent. Un décorateur peut transformer des décors naturels afin d'obtenir l'ambiance qu'exige le film. Il peut même ajouter quelques éléments pour enrichir un cadre. Dans "Le mirage", j'ai transformé une simple gargote à Salé en chambre. (Le Message de la nation. Juillet 1984) o A propos de son parcours Je ne pense pas que j'aurais fait du cinéma sans mon mari Ahmed Bouanani, surtout à une époque où le cinéma était encore une utopie. J'ai eu la chance d'y être introduite par la grande porte en créant les décors du film "Wechma" produit par "Sigma 3". Il est vrai que j'ai commencé à travailler professionnellement depuis 1970. J'ai eu la chance de travailler avec des cinéastes aussi talentueux que Bennani, Tazi, Reggab, Benbarka, Bouanani ou Ferhati sans compter les étrangers tels Martin Scorsese. J'ai la chance d'habiller les grandes vedettes internationales comme Sean Connery, Omar Sharif, Ugo Tognazzi où Helmut Berger. J'ai derrière moi 30 années d'expérience que je mets au profit des jeunes réalisateurs tels Bensaidi ou Aoulad Sayed. (Cinémaroc. N° 13. Janvier/février 1999). o A propos de son métier La costumière maquilleuse est la parente pauvre du cinéma marocain. Le cachet est dérisoire et le barème n'est pas là pour arranger les choses. Même si j'assure les trois travaux dans un film, c'est à dire le décor, les costumes et le maquillage, je ne suis finalement payée que pour un seul. C'est peut être pour cela qu'ils ne sont pas nombreux dans la profession. Cependant, ce métier me permet de vivre, de rester à la maison et de faire autre chose. Je fais de la peinture comme je fabrique des masques. Parfois, une période de chômage peut durer 12 mois et plus. (Almaghrib. 26/27 Janvier 1992) ciné scope Actuellement dans les salles: "Alex Cross" C'est le troisième film qui retrace les aventures du profiler Alex Cross après "Le Collectionneur" en 1997 et "Le Masque de l'araignée" en 2001, tous deux portés par Morgan Freeman. Considéré par beaucoup comme le digne héritier de Morgan Freeman, qui a incarné par deux fois Alex Cross, Idris Elba (héros de la série Luther) était pressenti pour camper le personnage principal du film. Finalement, le rôle est revenu à Tyler Perry. "Alex Cross" n'est pas une suite des films avec Morgan Freeman dans le rôle du célèbre profiler. Il s'agit en fait d'un reboot racontant la jeunesse du héros, au moment où il est inspecteur de police à Détroit. Le scénario est une adaptation très libre du roman "Cross" de James Patterson. Mais pour des raisons de marketing, la production a préféré appeler le "Alex Cross", reprenant ainsi en entier le nom du héros. Pour le nouveau visage d'Alex Cross, la production a choisi Tyler Perry. C'est le premier film d'action pour l'acteur, plus habitué aux comédies comme "Madea Goes to Jail" ou "Madea's family reunion". Le réalisateur Rob Cohen explique ce choix : "Tyler s'en tient habituellement à ses propres productions, mais dans les romans de James, le personnage est un type de 40 ans grand et costaud : c'est tout Tyler. Il est plus fidèle au personnage créé par Patterson que ce qui a précédemment été fait avec Morgan Freeman" . Pour incarner le héros Alex Cross, Tyler Perry s'est entrainé durant plusieurs mois pour apprendre le krav maga (à raison de trois séances par semaine) mais aussi le maniement des armes. Il s'est également rendu sur le terrain en accompagnant un policier de la brigade criminelle lors de ses patrouilles, à Atlanta. Alex Cross affronte un terrible psychopathe se faisant appeler Picasso. Pour que l'opposition et la tension entre les deux protagonistes soient palpables à l'écran, Rob Cohen a interdit aux acteurs Tyler Perry et Matthew Fox de s'adresser la parole durant le tournage. Il précise : "La haine entre ces deux personnages est telle que je souhaitais que les acteurs soient une énigme l'un pour l'autre". Matthew Fox s'est imposé un régime et un entrainement sportif au quotidien de façon à perdre du poids et se muscler pour les besoins de son rôle. Sa transformation physique est remarquable puisque l'acteur a perdu 16 kilos. Il témoigne : "Je me suis dit qu'il fallait que je perde beaucoup de poids, que je fonde, afin que Picasso ait l'air de quelqu'un qui puisse avoir ces idées inquiétantes". Matthew Fox a tenu à réaliser lui-même ses cascades. Pour les besoins d'une scène, il a notamment été suspendu à 18 mètres du sol, retenu seulement par un câble. L'acteur témoigne : "Les cascadeurs m'ont donné un vrai sentiment de sécurité, si bien que j'ai pu me détendre et me concentrer sur la scène... Mais cela fait tout de même une drôle d'impression de se trouver à une telle hauteur !". Les prises de vue se sont effectuées durant l'été 2011 à Cleveland, dans l'Ohio. L'action d'Alex Cross se déroule à Détroit, mais la fiscalité de l'État de l'Ohio est plus favorable aux financements d'un tournage. C'est seulement à partir du mois de septembre 2011 que l'équipe a posé ses caméras à Détroit afin de profiter de l'architecture plus moderne de la ville, constituée de gratte-ciels. Résumé du film : Inspecteur de police à Detroit, Alex Cross fait équipe avec son ami de toujours, Tommy Kane, et l'inspectrice Monica Ashe pour élucider une affaire de meurtres en série. Le tueur, surnommé Picasso, cherche à s'en prendre à un puissant industriel de la ville, Gilles Mercier. Mais dans cette affaire, les évidences cachent parfois des pièges et rien n'est vraiment ce qu'il paraît. Alors que Cross emploie toute son expertise psychologique à anticiper les actes du tueur, il doit aussi lutter contre les pulsions que Picasso a fait surgir en lui...