Cinq personnes soupçonnées d'être liées au réseau islamiste Al Qaïda ont péri lundi dans deux attaques de drones américains dans le sud du Yémen. Par ailleurs, dix combattants tribaux et sept soldats ont été tués mardi dans des combats opposant l'armée à des tribus dans la région de Marib, à l'est de Sanaa. Dans la province de Bayda, un secteur où Al Qaïda tient des positions, un drone américain a visé un véhicule et tué deux personnes, dont un ressortissant jordanien. Une seconde attaque, toujours au drone US a fait trois morts, également soupçonnés d'appartenir à Al Qaïda, cette fois dans la province de Hadramout, près du port d'al Cheher. L'administration américaine n'avait pas recouru depuis deux mois à des drones pour tuer des militants islamistes au Yémen, où les troubles politiques qui ont conduit l'an dernier à la chute du président Ali Abdallah Saleh ont été exploités par les activistes proches d'Al Qaïda pour étendre leur contrôle sur le sud du pays. L'armée yéménite a repris une partie de leurs positions à la faveur d'une contre-offensive lancée en juin dernier. La stabilité du Yémen, frontalier de l'Arabie saoudite et situé sur une voie majeure de communication maritime, est un objectif stratégique pour les Etats-Unis et leurs alliés du Golfe. 17 morts dans des combats entre armée et tribus D'un autre côté, dix combattants tribaux et sept soldats ont été tués mardi dans des combats opposant l'armée à des tribus dans la région de Marib, à l'est de Sanaa, ont annoncé des sources tribales. Ces combats ont éclaté lors d'une opération militaire contre des hommes armés de tribus de la région, accusés par les autorités d'être responsables des sabotages répétés du principal oléoduc du pays, selon les mêmes sources. Dans un premier temps, ces sources ont fait état de la mort de sept combattants tribaux et de quatre soldats et elles ont précisé par la suite que les combats ont redoublé de violences. L'opération, la première de cette ampleur, se déroule à Wadi Habab, une zone située à 140 km à l'est de la capitale Sanaa, a précisé une source tribale, affirmant que l'armée «utilise toutes sortes d'armes et a recours à l'aviation». Les combattants tribaux utilisent pour leur part des armes légères et des roquettes antichar de type RPG, selon la même source. «La campagne vise Saleh ben Hussein Dammaj dont les hommes ont saboté à plusieurs reprises l'oléoduc passant par leur territoire», a déclaré une autre source tribale. Saleh ben Hussein Dammaj se livre à ces sabotages pour faire pousser auprès des autorités sa demande d'une compensation de 100 millions de riyals (480.000 dollars) pour un terrain qui lui aurait été confisqué à Sanaa, a expliqué cette source. Les autorités yéménites estiment le manque à gagner en raison des sabotages de l'oléoduc à un milliard de dollars pour la seule année 2012. Ces sabotages ont également fait baisser de 4,5% les exportations de pétrole du pays, ont indiqué les autorités sans préciser le volume de ces exportations. L'oléoduc, sans cesse saboté, relie sur 320 km les puits de Safer à l'est de Marib au terminal de Ras Issa sur la mer Rouge. Il a une capacité de 180.000 barils par jour. Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, compte sur ses modestes revenus pétroliers pour mobiliser des ressources pour le budget de l'Etat au moment où les crises politiques et l'insécurité mettent son économie au bord de l'effondrement. En juillet, le ministre du Pétrole, Hicham Charaf Abdallah, avait affirmé que les multiples sabotages d'oléoducs qui s'étaient intensifiés avec l'instabilité liée à la contestation populaire de 2011 avaient fait perdre au Yémen plus de 4 milliards de dollars. Le Yémen est un petit pays producteur de pétrole, avec une production quotidienne de quelque 300.000 barils, destinée en particulier à l'exportation.