A l'est d'Aden, Zinjibar toujours aux mains d'Al-QaïdaLes forces fidèles au président yéménite Ali Abdallah Saleh ont tiré mardi sur une manifestation à Taëz, faisant sept tués, au lendemain de la mort de 21 manifestants dans cette ville située au sud de Sanaa, selon un nouveau bilan des sources médicales et des témoins. Cinq manifestants ont été abattus dans le centre de Taëz et deux autres aux entrées de la grande ville. Plus de 50 personnes ont été tuées par les forces gouvernementales depuis dimanche à Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen où un sit-in a été réprimé dans le sang, a indiqué mardi la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay. "Le Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme a reçu des informations, qui restent à être pleinement vérifiées, indiquant que plus de 50 personnes ont été tuées depuis dimanche à Taëz par l'armée yéménite, la Garde républicaine ainsi que d'autres éléments affiliés au gouvernement", explique un communiqué du Haut commissariat citant Mme Pillay. Le sit-in de la "Place de la liberté" a été réprimé "à l'aide de canons à eau, de bulldozers et de balles réelles", poursuit-elle faisant également état de "centaines de blessés". Rupture de la trêve entre forces loyalistes et tribales La trêve est rompue à Sanaa entre groupes tribaux et forces loyales au président yéménite Ali Abdallah Saleh, a annoncé mardi un responsable du gouvernement. "L'accord de cessez-le-feu a cessé", a-t-il déclaré. Les forces gouvernementales et les combattants de la fédération tribale Hached, dirigée par Sadik al Ahmar, qui a rejoint le front des opposants au président, ont conclu une trêve ce week-end après six jours de violents combats à l'arme lourde qui ont fait 115 morts dans la capitale yéménite. Dans la capitale Sanaa, des explosions et des tirs ont été entendus lundi soir dans le quartier de Hassaba, où se déroulent depuis plusieurs semaines des combats entre les forces loyales au président et une tribu rivale. "Des tirs sporadiques à l'arme lourde ont suivi des explosions. Mais à présent ils ont cessé" a confié un habitant du quartier à Reuters. Ces violences, qui ont également eu lieu durant la nuit de dimanche à lundi dans la capitale, ont conduit à la rupture de la trêve entre les partisans de Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, et les membres d'une puissante fédération tribale ralliée à l'opposition. Un peu plus tard, la télévision d'Etat a fait état de nouveaux heurts et a accusé les forces tribales d'attaquer les soldats et des édifices administratifs. L'information n'a pas pu être vérifiée de source indépendante. Zinjibar dévastée et abandonnée Plusieurs militaires ont péri et dix autres blessés dans une attaque lancée mardi par des combattants présumés d'Al-Qaïda contre un barrage militaire à l'entrée de la ville de Zinjibar, dans le sud du Yémen, a indiqué une source des services de sécurité. Treize habitants de Zinjibar ont également été tués par les bombardements de l'aviation yéménite. La ville côtière de 20.000 habitants, à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Aden, est contrôlée depuis plusieurs jours par des centaines de combattants affiliés à Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). L'opposition accuse le pouvoir en place d'avoir laissé Zinjibar tomber aux mains d'islamistes afin de susciter des craintes dans la région et de conserver le soutien des puissances régionales, Arabie saoudite en tête, visées par Al Qaïda. "La ville est dévastée. Tous les habitants sont partis, même les animaux l'ont abandonnée", a dit un membre de l'opposition locale sous le sceau de l'anonymat. Des milliers d'habitants se sont réfugiés à Aden.