Un sondage à la sortie des bureaux de vote créditait mercredi d'une légère avance la candidate du parti conservateur au pouvoir en Corée du Sud, Park Geun-Hye, qui pourrait ainsi devenir la première femme présidente de ce pays, quatrième économie d'Asie. Un sondage réalisé conjointement par trois chaînes de télévision et annoncé à la clôture des bureaux de vote donnait 50,1% des voix à Park et 48,9% à son adversaire de centre-gauche, Moon Jae-In. La marge d'erreur est de 0,8 point de pourcentage. Les sympathisants ont accueilli avec des cris de joie cette annonce au quartier général du Parti de la nouvelle frontière (PNF, conservateur). Mais aucun des deux candidats n'a proclamé sa victoire ou reconnu sa défaite. Les Sud-Coréens réclamant des réformes étaient appelés à choisir leur nouveau président au cours d'un scrutin qui s'annonçait très serré. Les bureaux de vote avaient ouvert à 06H00 (21H00 GMT mardi) et ont fermé à 18H00, ce jour ayant été déclaré férié pour permettre aux 40,5 millions d'électeurs inscrits de s'acquitter de leur devoir électoral. Les électeurs devaient choisir entre la candidate du Parti de la nouvelle frontière (PNF, conservateur), Park Geun-Hye, et son adversaire du Parti démocratique uni (DUP, centre gauche), principale formation de l'opposition, Moon Jae-In, un ancien héraut des droits de l'Homme. «J'exhorte les électeurs à braver le froid et à voter pour ouvrir une nouvelle ère dans ce pays», a déclaré Park à la sortie d'un bureau de vote de Séoul, où le mercure affichait -10° Celsius. Dépeints comme des candidats de l'immobilisme par une partie de l'électorat lassée de la corruption et de l'emprise des conglomérats, Mme Park et M. Moon témoignent de la pénible marche de la Corée du Sud vers la démocratie, chacun aux deux extrémités du spectre. Park Heun-Hye, âgée de 60 ans, est la fille de Park Chung-Hee, qui a régné en autocrate brutal pendant 18 ans jusqu'à son assassinat en 1979. Sa mère était tombée cinq ans plus tôt sous les balles d'un militant partisan de la Corée du Nord qui visait le dictateur. Moon Jae-In, 59 ans, est quant à lui une figure des années noires, adversaire notoire des militaires qui a payé de sa liberté son engagement démocratique dans les années 1970. Tous deux ont fait les yeux doux aux classes moyennes et populaires et promis de lutter contre les inégalités sociales qui ne cessent de se creuser. «Cette élection porte sur nos moyens d'existence, la démocratisation de l'économie, la sécurité sociale et la paix sur la péninsule coréenne», a martelé Moon en votant dans la ville méridionale de Busan. La Corée du Nord n'a pas été un thème majeur de campagne alors même que Pyongyang a procédé à un tir de fusée la semaine dernière, le quatrième seulement depuis 2006, coïncidant avec le premier anniversaire du décès de l'ancien homme fort Kim Jong-Il. Park et Moon ont exprimé leur volonté commune de redonner une impulsion aux relations intercoréennes même si Park est plus réservée, les conservateurs observant de longue date une ligne intransigeante à l'égard de Pyongyang. Moon s'est déclaré favorable à la reprise sans condition de l'aide à la Corée du Nord et appelé de ses voeux un sommet avec Kim Jong-Un, le fils cadet de Kim Jong-Il qui lui a succédé à la tête du régime communiste.