World Justice Project vient de rendre publics les résultats de sa nouvelle enquête sur l'état de droit dans le monde. Cette enquête, produit de 97.000 entretiens individuels dans 97 pays et de 2.500 experts politiques à travers le monde, établit un classement en fonction d'un indice 2012 de l'état de droit. Cet indice tient compte notamment du niveau de corruption, des limites aux pouvoirs du gouvernement, de l'efficacité des systèmes pénal et civil, de la gestion du crime et de la sécurité et de l'état des droits fondamentaux dans chaque pays. Pour le Maroc, poursuit la même source, le rapport lui attribue un score honorable pour l'efficacité de ses tribunaux et de ses forces de l'ordre. Mais la corruption reste inquiétante au Maroc, tout comme la protection des droits de l'homme (80ème rang mondial sur les deux critères, sur 97 pays). Dans la région MENA, les Emirats Arabes Unis arrivent en première place sur la plupart des critères. L'enquête pointe du doigt les grands pays d'Europe occidentale, le Canada et les Etats-Unis pour leurs retards dans les procédures judiciaires et pour les discriminations policières à l'encontre des minorités. Si les 16 pays d'Amérique du Nord et d'Europe de l'Ouest évalués dans ce rapport arrivent en tête pour l'efficacité de leur système judiciaire, le niveau minimal de corruption, la protection des droits et la responsabilité de leurs gouvernements, leur « grande faiblesse » en matière d'accès à la justice civile doit attirer « l'attention des décideurs », prévient le rapport. Comme la France et la Belgique, le Canada est critiqué pour ses retards dans les procédures civiles et pénales. «Elles peuvent prendre des années à être résolues» dans l'Hexagone, fustige le rapport. Le Canada est en revanche félicité pour une corruption minimale, au 12ème rang mondial, juste devant la France, mais pêche, tout comme les autres pays occidentaux, pour ses discriminations contre les immigrés et les pauvres. En France, le rapport dénonce en outre des discriminations religieuses. Si les Etats-Unis se montrent performants sur la plupart des critères, l'enquête fustige aussi une «inégalité de traitement» pour les étrangers et les minorités ethniques ainsi qu'une aide juridique «souvent trop chère et inaccessible», marquée par un «fossé entre riches et pauvres». Le système judiciaire belge est «relativement indépendant, accessible et bon marché» mais ne peut rivaliser avec la Suède, qui se classe premier mondial pour son absence de corruption, son respect des droits fondamentaux, l'ouverture de son gouvernement et ses forces de l'ordre. La bonne performance mondiale revient à la Norvège qui arrive au premier rang pour son système judiciaire civil, suivie des Pays-Bas et de l'Allemagne. Au Moyen-Orient et en Afrique francophone, le rapport attribue, malgré « le Printemps arabe », aux sept pays évalués «les plus mauvaises notes en matière de droits fondamentaux en raison des restrictions sur la liberté de religion et d'expression et des discriminations à l'encontre des femmes et des minorités».