C'est jeudi dernier, devant l'Assemblée Générale des Nations Unies, que la Palestine a pu enfin obtenir le statut de membre observateur. Un franc succès diplomatique, car à l'exception, bien entendu, des Etats-Unis, d'Israël et de la Grande-Bretagne, une majorité de pays ont voté oui même s'il ne s'agit pas d'une adhésion de pays membre à part entière. Rien que cela ! Combien de milliers de morts, de martyrs, de réfugiés a-t-il fallu pour que la Communauté Internationale reconnaisse un tant soit peu de dignité pour ces oubliés et ces exclus du Droit international, ou du moins ce qui semble avoir vocation à servir de justice internationale ? Mais le chemin semble encore très long. Après plus de cinquante ans de crimes de guerre à répétition, ce statut servira de préalable à de futures négociations en vue d'un statut de membre permanent chez l'ONU, et accessoirement à celui de l'Etat palestinien souverain et indépendant, après que le Conseil de Sécurité ait refusé il y a un an d'accéder à la demande de l'Autorité palestinienne dans ce sens. Après les récents nièmes affrontements armés dans la bande de Gaza, il faut s'attendre à ce que les multiples visages du lobby sioniste s'activent afin de mener la vie dure aux démarches palestiniennes et surtout faire avorter la naissance d'un Etat palestinien indépendant, chose qui menace Tel Aviv de poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité devant le Tribunal Pénal International et la Cour Pénale Internationale. Des poursuites qui sont impossibles et impensables tant que la Palestine n'aura pas le titre d'Etat indépendant. On peut se féliciter, peut-être, que la lutte du peuple palestinien ait pris le chemin de la diplomatie onusienne, mais en même temps, il faut craindre le pire, car Israël a pris l'habitude de chercher sur le terrain, par la force militaire, ce qu'il ne peut obtenir par voie politique ou diplomatique. Ça promet. Les Etats-unis et Israël menacent de représailles En effet, aussitôt le statut adopté, les Etats-unis et Israël ont menacé de représailles l'Autorité palestinienne en soulevant la menace de la suspension des aides économiques et le gel des avoirs palestiniens dans l'Etat hébreu. Cela fait des années que Washington a montré qu'il n'était pas un parrain juste pour la paix mais plutôt beaucoup plus un allié stratégique pour Israël. Aujourd'hui, néanmoins, comme les choses sont claires, les Palestiniens n'ont plus à se faire d'illusions sur les promesses de la Maison Blanche, voire de la reprise des pourparlers, car l'on sait très bien que depuis la conférence de Madrid et le processus de paix, les Palestiniens qui ont opté pour le dialogue avec l'ennemi sioniste, n'ont rien obtenu de concret si ce n'est d'avoir conforté les convictions de ceux qui, comme le Hamas, préfèrent la lutte armée. En attendant, forts de nouveaux appuis diplomatiques dans une conjoncture internationale en pleine recomposition, les Palestiniens vont chercher à faire pression sur Israël en ce qui concerne les indices d'empoisonnement dont aurait été victime le leader Yasser Arafat. En un mot, le combat continue de plus belle. La volonté affichée par Nétanyahou d'annexer entièrement et définitivement la Cisjordanie, sous prétexte qu'elle ne fait partie d'aucun Etat palestinien, risque de ramener la question palestinienne au premier plan de l'actualité internationale – après des mois d'oubli -, voire de condamner le conflit israélo-arabe à une nouvelle escalade sans issue. Il ne peut en aucun cas s'agir de surenchère électorale, mais d'un plan sioniste savamment étudié et qui menace d'être mis en place selon un agenda précis. Après avoir assassiné le processus de paix, Tel Aviv a volontairement partagé les territoires occupés en bantoustans et surtout réussi à mettre le Fatah et le Hamas dans une logique de guerre civile. Puis, le bouclage de la Cisjordanie et le blocus de la Bande de Gaza ont achevé l'étranglement économique afin de réduire à néant toute perspective d'Etat palestinien indépendant économiquement viable. Aujourd'hui, contrairement aux prévisions, c'est en Cisjordanie où la crise socio-économique est la plus pesante, où les conditions de vie se sont dégradées et où même les finances de l'Autorité palestinienne sont au plus mal du fait du gel d'Israël et surtout de donateurs de moins en moins généreux. A Gaza, par contre, le Hamas semble avoir su tirer son épingle du jeu grâce à une gouvernance adaptée et surtout des réseaux sociaux très actifs sur le terrain, malgré la fermeture des frontières avec l'Egypte avec divers incidents survenus depuis la Révolution. Dans tous les cas, après avoir subi les affres de l'occupation et de la guerre, les Palestiniens sont condamnés aujourd'hui à récolter les retombées néfastes de la crise économique dans le monde et surtout les effets du Printemps arabe. Pendant ce temps, les promesses d'un Etat palestinien indépendant semblent un lointain souvenir étouffé par l'expansion sauvage et continue de colonies juives qui étouffent les territoires palestiniens... ou, du moins, ce qui en reste.