Les Occidentaux poussent Mahmoud Abbas, l'impuissant Président de l'Autorité palestinienne, à accepter que le vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur le rapport Goldstone soit reporté à mars prochain. Une décision qui a entraîné la déception des uns et la colère des autres en Palestine. Et dans tous les cas, un grand sentiment d'injustice, entraînant le 2 octobre, la démission du ministre de l'Economie puis des manifestations à Ramallah. Car c'était la première fois qu'un rapport de l'ONU (574 pages d'une longue enquête de quatre experts mandatés par les Nations Unies) accusait Israël de crimes de guerre. En cause, la «sanglante punition» (1387 morts dont une grande majorité de civils) imposée à Gaza en janvier dernier. Ce rapport établi par Goldstone, ex-juge de la Cour suprême sud-africaine et procureur en chef du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie et le Rwanda, était l'occasion de montrer aux Palestiniens qu'Israël n'est pas au-dessus des lois internationales. Le vote du Conseil des droits de l'homme devait si le rapport était adopté demander au Conseil de sécurité de l'ONU de nommer des experts pour surveiller la validité de l'enquête qu'Israël doit mener sur les agissements de son armée à Gaza. Si l'Etat hébreu s'y refusait, l'affaire devait être porté devant la Cour pénale internationale. Mais Washington et une majorité d'Etats européens n'ont pas voulu aller aussi loin. Leur argument : on n'obtiendra rien des dirigeants israéliens en les acculant. Mieux vaut tenter de les convaincre pour obtenir qu'ils acceptent de relancer des négociations avec les Palestiniens. C'est oublier que le seul qui n'ait jamais fait plier Israël est le président Bush père en 1990. Il avait alors menacé l'Etat hébreu de ne pas lui donner la garantie financière américaine pour un prêt important auprès de l'Eximbank. En fait, Barack Obama, malgré sa bonne volonté et sa conviction qu'il lui faut trouver une solution rapide au conflit israélo-palestinien voit sa marge de man?uvre se réduire de jour en jour. Englué en Afghanistan, contesté par la droite républicaine sur sa réforme de la santé, il ne veut pas se mettre à dos une partie du Congrès, dont des Démocrates qui soutiennent aveuglément Israël. D'où son recul sur ses demandes antérieures de gel total de la colonisation en Cisjordanie. Pour les Occidentaux, c'est jouer avec le feu. Au printemps prochain, les élections présidentielles et législatives doivent se tenir en Palestine. Mahmoud Abbas n'entend certes pas se représenter, mais son successeur au sein du Fatah n'aurait guère de chance de l'emporter face au Hamas si l'Autorité palestinienne est totalement déconsidérée. Que la Cisjordanie, après Gaza, tombe dans l'escarcelle des islamistes et la Palestine indépendante ne sera plus qu'un rêve pour plusieurs décennies. Même si ses chances de voir le jour sont d'ores et déjà minimes. Avec le Hamas au pouvoir en Cisjordanie, la problématique d'une solution palestinienne sera changée. Sans oublier que l'Iran risque de disposer alors d'un second point d'appui dans la région. Le premier étant celui que lui fournit le Hezbollah au sud Liban. Les Occidentaux vont peut-être s'apercevoir un peu tard que leur politique est à courte vue.