Le Qatar a affirmé mardi que l'Autorité palestinienne, et non les pays arabes et islamiques, avait demandé le report du vote sur le rapport de l'ONU fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Gaza. “Le délégué palestinien a demandé le report de l'examen du rapport au cours de la réunion le 2 octobre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU et a informé tous les participants de sa demande”, a déclaré le directeur du bureau des droits de l'Homme au ministère des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Jassem Al Thani. “Nous ne serons pas plus royalistes que le roi, puisque les Palestiniens ont eux-mêmes demandé le report”, a ajouté le responsable qatariote dans des déclarations à la chaine satellitaire al-Jazira. Cheikh Khaled a démenti que la demande de report ait été formulée à la demande du groupe et islamique à l'Onu, comme l'avait annoncé le Président palestinien. Il a estimé que “le vote aurait pu avoir lieu et je crois qu'une bonne occasion de condamner Israël a été perdue et pourrait ne pas se renouveler”.Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est la cible de vives critiques, y compris dans son propre camp, à la suite du report controversé du vote sur le rapport de l'Onu. Abbas est accusé d'avoir cédé à des pressions des USA et d'Israel pour remettre aux calendes l'examen du rapport de la commission d'enquête de l'ONU. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a décidé de reporter à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur le rapport du juge Richard Goldstone, qui accuse Israël de “crimes de guerre” durant sonagression meurtrière à Gaza en décembre 2008-janvier 2009. Abbas vilipendé Cette crise risque d'affaiblir M. Abbas au moment où les USA tentent de relancer les négociations de paix avec Israël, relèvent les observateurs. A Ramallah, siège de l'Autorité, des centaines de Palestiniens ont dénoncé le soutien de leur direction à ce report, tandis que d'autres à Al Qods parlaient de “coup de poignard dans le dos et le coeur de tous les martyrs”. “Nous voulons que le président Abbas présente des excuses et si le gouvernement a quoi que ce soit à voir avec cette décision, nous voulons qu'il démissionne”, a déclaré Mohammed Jadallah, le leader d'une coalition d'ONG palestiniennes. Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a accusé Mahmoud Abbas d'avoir personnellement commandité le report. “Cette décision absurde et criminelle place un immense obstacle sur le chemin de l'unité palestinienne”, a averti Haniyeh. “Ce dernier scandale n'aurait jamais dû avoir lieu et les responsables de ce genre de corruption politique doivent être démis de leurs fonctions”, estime quant à lui Khaled al-Haroub, éditorialiste du quotidien palestinien indépendant Al-Ayyam. “L'Autorité palestinienne n'a pas compris la réaction populaire. Il y a une très forte colère”, explique le journaliste palestinien Daoud Kouttab. “La controverse (...) ne cesse de croître dans la rue palestinienne”, confirme l'analyste Samih Shabib, pour qui cette décision “va avoir un impact sur les positions des Palestiniens dans les négociations avec Israël, et même avec les USA”. “La crédibilité du président palestinien est vacillante” a-t-il ajouté. Selon les analystes, le président Abbas doit absolument obtenir un résultat tangible dans les négociations avec les Israéliens pour convaincre l'opinion palestinienne que son calcul était le bon. Mais “il faudrait qu'il soit un super magicien pour sortir quelque chose du chapeau maintenant”, prédit, sceptique, M. Kouttab. Pour Iyad al-Barghouti, du Centre de Ramallah pour les droits de l'Homme, cet épisode jette le doute sur la capacité de l'Autorité palestinienne à mener à bien les négociations de paix. “Si la direction palestinienne n'est pas capable de gérer un rapport international qui parle de crimes de guerre commis par Israël à Gaza en raison des pressions qui sont exercées sur elle, que va-t-il se passer lorsqu'elle va évoquer les questions liées au statut final, comme les réfugiés et Al Qods?”, note-t-il. Abbas change d'avis Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, “examine sérieusement” la possibilité de recommander de référer devant l'ONU un rapport fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Gaza, a-t-on appris mardi de source palestinienne.Cette initiative marque un retournement du président Abbas, favorable à un report du vote de l'ONU sur ce rapport controversé et qui a été très vivement critiqué dans les rangs palestiniens, y compris dans son propre camp. “Le président Abbas examine sérieusement la possibilité de demander au bloc arabe et islamique de présenter officiellement le rapport Goldstone aux organes internationaux, y compris l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations unies”, a déclaré le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat.L'annonce intervient alors que M. Abbas est sur la sellette.