Barack Obama et Mitt Romney se retrouvent ce lundi pour un troisième et dernier débat consacré à la politique étrangère, considérée comme un point faible du candidat républicain. Alors que les deux hommes sont au coude à coude dans les intentions de vote à deux semaines de l'élection présidentielle du 6 novembre aux Etats-Unis, Barack Obama aura pour lui l'avantage que procure son statut de président sortant. De l'avis général, il est en outre sorti vainqueur de la vive passe d'armes qui l'a opposé à Mitt Romney durant le dernier débat lorsque le candidat républicain l'a critiqué pour sa gestion de l'attaque du consulat américain à Benghazi le 11 septembre. Quand Mitt Romney a affirmé de manière erronée que Barack Obama avait mis deux semaines avant de reconnaître qu'il s'agissait d'une «attaque terroriste», l'hôte de la Maison blanche a immédiatement riposté en lui rappelant qu'il avait utilisé cette expression dès le lendemain. Depuis, nombre d'observateurs parlent de «l'instant libyen» de Mitt Romney pour évoquer son embarras manifeste sur le moment. Le candidat républicain n'a plus abordé la Libye après ce débat mais ses collaborateurs assurent qu'il est prêt à ferrailler de nouveau sur ce sujet, qui ne manquera pas d'être abordé. Mitt Romney compte faire ce qu'il n'a pas réussi lors du dernier débat: marteler que les récentes violences anti-américaines en Libye et ailleurs au Moyen-Orient prouvent que la politique étrangère de son adversaire «est en train de s'effilocher sous nos yeux». La stratégie des républicains consiste à accuser le président démocrate de faiblesse sur la scène internationale, que ce soit face à l'Iran, la Chine ou la Russie. Mitt Romney pourrait ainsi s'appuyer sur un article du New York Times affirmant dimanche que les Etats-Unis ont conclu un accord de principe avec l'Iran pour des discussions bilatérales au sujet du programme nucléaire de la République islamique. La Maison blanche a démenti tout accord de ce type, alors que les républicains lui reprochent de ne pas défendre assez vigoureusement Israël face à l'Iran. Malgré quelques revers récents, notamment en Afghanistan où des militaires américains se font attaquer par des homologues afghans qu'ils sont censés former, Barack Obama se prévaut d'avoir mis fin à la guerre en Irak. Après une décennie marquée par ces conflits afghan et irakien, il semble vouloir profiter du débat pour mettre en garde les électeurs contre une nouvelle présidence belliciste en cas de victoire de Mitt Romney. Lors d'un récent meeting de campagne dans le New Hampshire, le président démocrate a laissé entendre que son adversaire républicain défendait une politique étrangère «qui nous entraîne dans des guerres sans plan pour en sortir». Dans le domaine de la sécurité, Barack Obama devrait sortir son autre atout : la mort d'Oussama ben Laden. Mitt Romney promet d'être plus ferme vis-à-vis de l'Iran mais aussi de la Chine, accusée de concurrence déloyale alors que les électeurs américains s'intéressent bien plus aux questions économiques que diplomatiques. Il reproche aussi à Barack Obama sa passivité face à la crise en Syrie. Mais dans tous les cas, ses détracteurs soulignent l'absence de proposition détaillée, cachée par des généralités. Le débat sera animé par Bob Schieffer, réputé pour sa pugnacité vis-à-vis de ses invités dans l'émission «Face the Nation» le dimanche matin sur CBS. L'heure et demie de discussions sera articulée autour de six thèmes: l'Amérique dans le monde ; la guerre en Afghanistan ; Israël et l'Iran ; les changements au Moyen-Orient ; le terrorisme ; l'émergence de la Chine.