Hay El Fath. Il est 19 heures. L'ambiance va bon train dans l'avenue des FAR submergée à la fois de voitures et de piétons. Le contraste ! Sur cette même route, en face de la Fondation Orient-Occident, l'atmosphère est tout autre au café glacier « L'Arganier ». Ici, assis autour des tables garnies de tasses de jus d'orange, de lait ou de café, les gens regardent dans un calme olympien un match de football. A la rue assourdissante autour d'eux, ils ne prêtent pas la moindre attention. Il n'est pas question de manquer la plus petite occasion. « Chaque fois qu'il y a un match, certains clients sont tellement absorbés par le jeu qu'ils oublient de siroter leur café », avance un serviteur qui parvient à peine à se faire comprendre en français. La concentration est à son niveau maximal. Pour servir les derniers venus, il faut alors faire d'interminables détours ou se pencher parfois légèrement. « Perdre une seconde de vue l'écran, je le peux quand il n'y a pas de match à suivre », martèle avec fierté un habitué des lieux qui refuse de décliner son identité. De petits cris de « allez-y » « oh » « aiii » rythment les rares voix qu'on entend s'élever, mises à part celles des commentateurs. Deux spectacles au café Deux spectacles ont eu lieu simultanément au café. L'un se passe à la télévision; l'autre, au salon même. Des pieds qui secouent les tables, comme pour faire ce qu'on aurait voulu que les joueurs fassent. Et les langues se délient. Il faut tout de même un petit commentaire. En fin observateur de ses clients, Karim nous confie ceci : « Regarde les concentrés sur la télé. Tu verras bientôt quelqu'un de la salle parler seul, ou faire des gestes de la main. Je me plais à jeter un coup d'œil sur eux pour savoir quel nouveau geste fera un client aujourd'hui ». Il est vrai, les terrasses de café sont tout le temps envahies de personnes. Ces dernières y viennent pour des rencontres amicales, pour parler affaires, ou juste pour se reposer après le travail, surtout entre les heures de pause. Mais depuis quelque temps, voire des années il y a une autre catégorie des citoyens les ne les fréquentant que pour suivre les matchs. D'ailleurs, « il est très loisible de le remarquer », nous confie Yassine détenteur d'une licence en biologie. Le quart de la petite foule que le café glacier à l'heureuse occasion de servir ne vient pas habituellement selon Mehdi, lui qui a tant foulé la terrasse de ce café. « Je vois beaucoup de nouveaux visages quand il y un match », a-t-il dit. Ce qu'a confirmé volontiers le gérant. Tous les propriétaires de café ont-ils compris cela ? En tout cas, tout laisse croire qu'ils répondraient par l'affirmative. Un constat s'impose de lui-même : Des écrans géants sont partout visibles dans les terrasses. Les tables sont arrangées de sorte que chacun puisse voir sans difficulté la télé. Peut être y aura-t-il des salons destinés seulement à projeter les matches de football. (journaliste stagiaire 3ème année ISIC)