Le 5 février dernier, il y a donc sept mois, un communiqué de la MAP annonçait que la Chambre des Représentants organisait une journée d'études sous le thème : «Sport marocain, réalités et perspectives». Le choix de ce thème, ajoutait le communiqué, intervient suite à la déception des Marocains après la CAN 2012. Ce jour-là, au Parlement, on parla plus du salaire de Gerets et de son contrat que des perspectives de réforme du sport marocain. Mohamed Ouzzine, Ministre des Sports s'en était même « sorti » en lançant la phrase désormais célèbre : « Je peux rien vous dire sur le salaire de Gerets, c'est un secret d'Etat ». Il aura donc fallu sept mois pour que le sort du technicien belge soit réglé après que la colère du public marocain a été ravivée suite à la défaite au Mozambique. Depuis la CAN donc, Gerets était en sursis. Cette semaine tout s'est précipité, et après Maputo et son 2 à 0, chaque jour amenait son lot d'annonces contradictoires et enflammées. En voici le résumé succinct. Le 9 septembre à Maputo, le match Mozambique-Maroc se termine sur la défaite (2-0) de l'équipe marocaine. Le soir même, les supporters atterrés apprennent que Gerets a abandonné les joueurs pour fuir par avion privé vers la Belgique. La nouvelle, entièrement « bidon » fait pourtant la « Une » de certaines émissions et gazettes. Le lundi la colère est à son comble. Lundi soir à l'aéroport Mohammed V de Casa, Gerets est très fraîchement accueilli, et ce par les services de douane et de sécurité. Il rentre chez lui à Rabat et avertit les responsables de sa présence et de sa disposition à préparer le match retour. Pendant ce temps, le président Ali Fassi Fihri est très embêté par cette situation et cette colère qui gronde. Il sait qu'une décision doit être prise. Et qu'il va devoir assumer. Mardi, Ali Fassi Fihri passe sa journée au Parlement et devant des intervenants franchement remontés et dans une salle où la température monte dangereusement, il répond encore et encore aux attaques contre Gerets et la gestion fédérale. La réunion parlementaire s'arrête sans que rien ne soit réglé. Mercredi matin à la « Une » de « L'Opinion », un titre très accrocheur affirme que Gerets est limogé ! Notre journal a pris cette information à la meilleure source, mais ce mercredi-là, dans les autres journaux si les critiques continuent encore de pleuvoir, personne ne parle du licenciement de Gerets. Mieux encore, ses amis, alertés par le titre de « L'Opinion » lui ont téléphoné ou rendu visite. Ils ont trouvé un homme qui en compagnie de son adjoint Cuperly regardait inlassablement le film du match de Maputo et réfléchissait sur la rencontre du « retour ». On apprend que même si Gerets vit une période difficile, il n'est pas a battu pour autant et qu'il entend bien se rattraper le 13 octobre « j'ai envie, a-t-il déclaré de jouer ce match à Casablanca, pour que l'on ait la meilleure pression possible. Je vais faire le tour des joueurs et leur poser la question essentielle : Etes-vous prêt à relever le défi et à vous racheter ? De la force de la réponse de chacun dépendra sa sélection. Tout reste possible. J'y crois ». Mais quid de la nouvelle de son limogeage ? Il déclare qu'il n'est pas au courant et qu'il la met sur le compte des « délires » de la presse. Mercredi matin, le ministre déclare que le départ de Gerets n'est plus qu'une question de jours. Et le soir même de proches amis d'Eric passent une partie de la soirée avec lui et le trouvent plutôt en forme et déterminée. Il est juste un peu étonné que personne de haut placé dans la FRMF (entendez par là le président) ne l'ait appelé. Mais bon, il continue de bosser et de réfléchir au moyen de redonner du bonheur aux supporters dans un grand match au grand Stade de Casablanca. Jeudi matin une grande partie de la presse annonce le renvoi de Gerets. La journée se passe entre non-dits et démentis, mais le soir le téléphone sonne chez Gerts. Il y aura une réunion du bureau fédéral samedi pour qu'une décision soit prise pour le match retour. Gerets prépare son dossier et sa plaidoirie. Là encore il ne sait pas que son sort est scellé. Vendredi, calme plat, ceux qui savent se taisent, il y en a très peu, les autres se disent contents d'aller à une réunion du Bureau Fédéral « qui ne s'est pas réuni depuis longtemps », cependant, l'horaire de la rencontre, assez inhabituel, (17 h, samedi) ne manque pas de soulever quelques étonnements. Ce soir-là, tous sont là à deux exceptions près, et tout autour de la FRMF, la presse est là, nombreuse et avide de nouvelles. Oubliés les matches de championnats, le match du Wydad, ceux du Réal et du Barça à la télé, il n'y en a que pour le « partira ? partira pas ? » Ce sera « partira ». Le communiqué officiel l'annoncera dès 19 heures. Certains membres fédéraux s'engouffrent dans leur voiture et évitent les questions. D'autres risquent un commentaire : « Cela se passera à l'amiable ». Des noms circulent déjà pour remplacer Gerets. Ce qu'on sait c'est que ça sera un coach marocain. Zaki et Taoussi tiennent la corde. Akram, président du Wydad, est chargé très officiellement de trouver l'oiseau rare. Ironie du sort, il est l'un des meilleurs amis de Gerets. Mais que voulez-vous, la vie ne pardonne rien. Gerets est parti. Et ce matin tout est à refaire.