Dix soldats turcs et une vingtaine de rebelles kurdes ont été tués dans de violents combats survenus dans la nuit de dimanche à lundi dans le sud-est de la Turquie, a-t-on indiqué de sources officielle et locale. «Neuf agents de sécurité ont été tués et huit autres sont blessés», a déclaré dans un premier temps le gouverneur de Sirnak (sud-est, à la frontière irakienne), Vahdettin Özkan. Ses services ont par la suite précisé que toutess les victimes, côté forces de sécurité, étaient des soldats, et qu'un soldat blessé avait perdu la vie à l'hôpital, portant le nombre de militaires tués à dix. Les heurts dans la localité de Beytüssebap qui dépend de cette province ont en outre fait environ 20 morts dans les rangs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont indiqué des sources locales. Un groupe indéterminé de rebelles qui disposent de bases arrière dans la montagne irakienne, ont attaqué avec des fusils mitrailleurs et des lance roquettes tard dimanche un complexe de sécurité de Beytüssebap, tuant les soldats. La police et les soldats ont riposté provoquant de violents heurts, ajouté le gouverneur. Le PKK a multiplié ses attaques ces derniers mois contre les forces d'Ankara. En août, une attaque à la voiture piégée a fait dix morts -une victime a succombé récemment à ses blessures - dans la ville de Gaziantep (sud-est). Ankara a accusé le PKK d'être à l'origine de l'attentat de lundi, mais les rebelles kurdes ont démenti. Le conflit avec le PKK, considéré par Ankara comme une organisation terroriste, a déjà coûté quelque 45.000 vies dans des combats qui durent depuis 1984. Aucune solution politique pour mettre un terme à ce conflit n'apparaît en vue. Les accrochages entre l'armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont intensifiés ces derniers mois, une dégradation en partie liée à la crise syrienne. Des responsables turcs affirment que le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, bénéficie du soutien direct du régime de Bachar al Assad et de groupes kurdes basés en Syrie. Assad a démenti avoir autorisé les séparatistes du PKK à opérer en territoire syrien, le long de la frontière turque. Depuis juin de l'an dernier, quelque 800 personnes ont été tuées en Turquie dans des violences liées au mouvement kurde - 500 combattants du PKK, 200 membres des forces turques et quelque 85 civils -, selon les estimations du groupe de recherches International Crisis Group. «Le PKK s'est emballé au sujet des développements en Syrie et tente d'affirmer sa valeur et sa crédibilité en tentant de s'emparer, même temporairement, de portions du territoire turc», relève Soner Cagaptay, de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient. Les séparatistes du PKK ont fait étalage de leurs forces en érigeant des barrages routiers et en enlevant des fonctionnaires turcs. Ils seraient également responsables d'une série d'attentats à la bombe sur la côte occidentale de la Turquie et dans la ville de Gaziantep, près de la frontière syrienne. «L'objectif de ces opérations est de démontrer qu'aucun endroit de Turquie n'est sûr, qu'ils sont capables d'étendre le terrorisme dans toutes les régions, et de faire la preuve de leur contrôle et de leur influence», estime le général Armagan Kuloglu, analyste à Ankara.