Pour bien analyser une situation, il faut d'abord être capable d'en établir le diagnostic. C'est comme lorsqu'on va chez le médecin. Celui-ci sans un examen approfondi et compétent ne pourra vous prescrire aucun traitement à même de vous guérir. Alors pourquoi, en sport, beaucoup pensent que l'on peut se sortir d'une impasse uniquement en insultant le responsable en place et en clamant à la restructuration ? Au-delà des clameurs et lamentations de l'après J.O. de Londres force est de constater l'effarant et effrayant manque d'information. Et les journalistes, même ceux présents à Londres n'en savent pas plus que l'opinion publique, c'est-à-dire l'homme de la rue. Car honnêtement qui a accompagné, de bout en bout, les différentes disciplines qualifiées à Londres ? Dans le meilleur des cas, durant la préparation, les fédérations informaient par communiqués ou conférences de presse. Relisez les articles d'avant J.O, ce ne sont que louanges et promesses d'exploits. Tout le monde évoque le travail sérieux et la ferme détermination de tous de faire monter haut le drapeau et de bien représenter les couleurs nationales. Pas plus les responsables que les journalistes (et ça c'est plus grave) n'auront vu venir les cas de dopage de nos meilleurs espoirs en athlétisme ou la déconfiture de l'équipe olympique alors qu'en valeur pure, nos footballeurs n'avaient rien à envier au Mexique ou au Japon. La déception du football est l'une des plus insupportables de toutes celles de Londres 2012. Comment analyser tout cela ? Et si on avait su le faire avant, peut-être aurait-on pu l'éviter ? Mais pour ce faire, il aurait fallu avoir les moyens d'être bien informés. Ce travail n'a donc pas été fait en amont. C'est bien pour cela que grugés par leur propre incompétence, et piégés par leurs sentiments et penchants, les hommes des médias se déchaînent sur les responsables. C'est facile et ça plait à la foule, car c'est démagogique. Mais qui dira qu'en l'occurrence la presse sportive et aussi fautive que tout le monde ? Il faut avoir le courage de le dire. Cependant beaucoup pensent ainsi mais personne n'ose le dire de peur de s'exposer à la vindicte d'une profession très chatouilleuse et qui n'aime pas qu'on la critique. Un comble pour une profession dont le fond de commerce devrait être justement, la critique. La critique constructive. Or construire c'est d'abord essayer de consolider ce qui tient encore debout au lieu de crier à la démolition générale. Aussi dans ce flot d'émotions et de conflits nous avons voulu retenir et vous proposer quelques propos de personnes illustres anonymes qui nous paraissent frappées au coin du bon sens. Kamal Lahlou (CNOM) « L'argent ne suffit pas. Il faut de l'argent, mais il faut aussi de la bonne gouvernance au niveau des fédérations le jour où on arrivera à avoir des fédération bien gérées on rebondira facilement ». Ahizoune (FRMA) « Il ne faut pas lier la participation de l'athlétisme au seul fait des cas de dopage. Il y a lieu d'observer le nombre d'athlètes qualifiés et la diversité des disciplines. C'est un travail de longue haleine couronnée par la médaille d'Iguider, la seule de tous les représentants marocains à Londres ». Belmahi (cyclisme) : « Je n'ai rien à reprocher à qui que ce soit. Adil Jaloul a pu se hisser au niveau des meilleurs. Il lui a manqué ce petit quelque chose. Mais il a bien couru face à des gaillards du niveau de Cavendish ». Hicham Guerrouj : « Croyez-moi le jour où la presse sportive fera vraiment son travail, on pourra espérer s'en sortir. Il y a beaucoup de choses anormales chez les gens des médias ». Rappelez-vous que lorsque j'ai parlé de dopage en 2003 tout le monde, et les journalistes aussi, m'est rentré dedans ». Ministère de la Jeunesse et des Sports « On doit exprimer toute notre déception. Un travail de bilan détaillé est entamé impliquant les 12 fédérations concernées et le CNOM. Des décisions seront prises et présentées en conférence de presse début septembre ». Conclusion : le nouveau ministre des Sports a beau jeu de vouloir se dégager de toute responsabilité dans les résultats, puisqu'il est tout neuf et qu'il n'a pas eu le temps de s'intégrer à l'avant J.O, mais quid de l'ex-ministre, Moncef Belkhayat qui, lui, avait trempé dans le travail de préparation. Il aurait dit à des proches : «Si j'étais resté ministre, on aurait eu des médailles. Et en or ! ». Voilà la valse des mots n'est pas prêt de s'arrêter. Quant aux maux du sport...