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Ecole Nationale d'Architecture
Entre faux problèmes et véritable crise de gouvernance
Publié dans L'opinion le 02 - 08 - 2012

«Le point de presse auquel vous avait convié l'ancien directeur d'études de l'Ecole Nationale d'Architecture (ENA) et les professeurs assistants et vacataires et les sujets suscités dans ce cadre ne sont que de faux problèmes, destinés surtout à détourner l'attention des vrais problèmes. Ce n'est que l'écume d'une crise beaucoup plus profonde. Le problème essentiel consiste en la non-application de la loi. Plus largement, il existe des problèmes d'ordre légal, mais aussi administratif et pédagogique au sein de l'ENA», affirme le Pr. Mohamed Chaoui, professeur de l'enseignement supérieur et directeur adjoint des études et de la recherche à l'ENA.
Suite à la publication de notre article du 25 juillet 2012 intitulé «Lutte de générations parmi les enseignants de l'Ecole Nationale d'Architecture», les enseignants chercheurs statutaires mis en cause dans ledit article ont contacté la rédaction du journal dans le cadre du droit de réponse. Une réunion a alors été tenue avec dix enseignants-chercheurs de l'ENA, quatre professeurs de l'enseignement supérieur et six professeurs assistants, qui ont explicité leurs positions.
«Nous, ici présents, sommes membres de trois instances de gouvernance de l'ENA, à savoir le Conseil d'établissement, le Conseil scientifique et le bureau syndicale SNE-Sup. Il y a trois sortes de professeurs à l'ENA: les enseignants statutaires, nommés par arrêté de la primature, les architectes affectés au ministère de l'Habitat et détachés auprès de l'ENA qui ont été versés par le directeur dans l'enseignement par manque d'effectif professoral, et les professeurs vacataires», souligne le Pr. Chaoui.
«Il y a en tout 120 enseignants à l'ENA, dont 16 professeurs statutaires, c'est-à-dire permanents. Ils élaborent les programmes, définissent le contenu pédagogique et scientifique, outre la coordination scientifique qu'ils assurent. Les chefs de départements sont choisis par leurs pairs, mais par respect des traditions académiques, ce sont normalement les professeurs statutaires qui ont la primauté sur les professeurs habilités et vacataires pour occuper ces postes ».
Le vrai problème semble donc se poser plutôt entre lesdits professeurs statutaires et la direction actuelle de l'ENA. «La direction de l'établissement n'est pas en droit d'agir seule, à sa guise. Le directeur actuel de l'ENA a été nommée en 2005. Depuis 2008, ses entorses à la loi n'ont pas cessé, ainsi que les dysfonctionnements de l'école. Le texte de réorganisation de l'ENA est ainsi plombé par la direction, qui n'a aucun projet pédagogique et navigue à vue», accusent sans fioritures les dix professeurs.
«La direction prend ses décisions sans en référer préalablement au Conseil d'établissement, qui doit se réunir au moins trois fois par an selon la loi. Or, le Conseil d'établissement n'a jamais fonctionné selon les textes de loi, il ne se réunit qu'une fois par an, tout au plus, et uniquement pour valider des décisions prises de manière unilatérale par la direction. Celle-ci refuse d'agir dans le cadre de la loi, concernant les questions du recrutement, de l'équivalence des diplômes, ainsi que des concours de recrutement des professeurs assistants et d'accès des étudiants à l'ENA.
«J'ai participé à la fondation de l'école et j'ai connu tous les directeurs qui se sont succédé à la tête de l'établissement», indique le Pr. Larbi Bouayad, coordinateur principal du Master Patrimoine architectural et urbain & métiers du Patrimoine, qui avait été démis de ses fonctions en 2008, avant qu'une pétition ne circule pour demander son rétablissement. «L'actuel directeur de l'ENA ne vient pas de l'enseignement supérieur, mais a dirigé un cabinet d'architecture. Il n'a donc pas la culture adéquate pour diriger un établissement universitaire, et, ayant estimé que le corps enseignant échappait à son autorité, il a commencé à semer la zizanie».
Marginalisation des enseignants
et non-application de la loi 01.00
«Jamais l'école n'avait connu de problèmes de cette envergure, il n'avait jamais eu auparavant de limogeages, ni de mouvements sociaux. Le sit-in que nous avons organisé le 28 juin dernier avait été motivé par les intimidations dont a fait l'objet le corps enseignant, la diffamation, le limogeage, le chantage, les pressions, le blocage des indemnités et autres mesures coercitives prises contre les récalcitrants à la politique du fait accompli menée par l'actuelle direction».
Pour le Pr. Mohamed Achour, directeur adjoint de l'ENA chargé de la formation continue, le conflit avec l'actuelle direction de l'établissement tourne autour de trois points essentiels, à savoir le recrutement des professeurs assistants, le concours d'accès des étudiants à l'école et la demande d'appel à candidature pour occuper le poste de direction de l'ENA, en vertu de l'article 33 de la loi 01.00. «L'ENA est le seul établissement de l'enseignement supérieur au Maroc à ne pas s'être conformé à la loi 01-00 à ce sujet», précise le Pr. Achour. Avant de commencer à égrener une longue liste d'irrégularités et de dysfonctionnements dans la gestion de l'école, que les enseignants statutaires ont constaté et dénoncé, autant par courriers au département de tutelle que par voie de presse.
«Il y a absence de plaquettes pédagogiques et de règlement des études. La formation se fait sans normes pédagogiques ; dans les annexes de Tétouan, Marrakech et Fès, c'est encore pire. Les annexes sont coupées du corps des enseignants et le niveau de leurs étudiants est plutôt bas. La création de départements et la nomination de leurs responsables se fait de manière arbitraire. La commission chargée des équivalences n'est composée que de membres du personnel administratif, celle chargée de suivi du budget fonctionne dans le flou total. La commission de recrutement des vacataires délibère sans consultation des professeurs statutaires, ni du Conseil d'établissement.
«C'est le secrétaire général qui fait la présélection pour le concours d'accès à l'ENA, le recrutement des vacataires se fait en dehors de toute commission. On s'est retrouvé face à des étudiants qui avaient échoué par décision du conseil des classes inscrits au niveau supérieur à la rentrée. Les décisions du Conseil des classes ont donc été remises en cause par la direction, sans aucune légitimité pour ce faire. Concernant la question de l'équivalence des diplômes, la commission existante à cet effet a été carrément ignorée. D'autre part, les chefs de départements sont désignés au lieu d'être élus.
«La recherche scientifique drainait auparavant des fonds importants. Un million d'euros et un laboratoire solaire ont été détournés des objectifs assignés, des enseignants-chercheurs n'ont pas été payés pour leurs travaux de recherche et la réputation de l'ENA est foutue auprès des commanditaires des contrats de recherche. Nous demandons au ministère de tutelle de diligenter une enquête au sein de l'ENA, autant sur les contrats de recherche qu'à propos de l'équivalence des diplômes, du concours de recrutement des professeurs assistants et celui d'accès des étudiants à l'école. Une enquête du ministère des finances est déjà en cours au sein de l'établissement». C'est que «la gestion financière de l'école n'a jamais été soumise à concertation au Conseil de l'établissement», rappelle les professeurs statutaires.
«Nous tenons d'abord à dénoncer la désignation de fonctionnaires administratifs dans l'enseignement par la direction de l'école, sans l'avis des instances de gouvernance de l'école. Avant de préciser que le concours de recrutement des professeurs assistants, qui a permis à ces jeunes architectes d'accéder à ce titre, pose problème. La commission d'examen devait au moins comporter trois professeurs de l'ENA, or quatre sur les cinq membres du jury ne sont pas enseignants à l'ENA. Le seul professeur de l'ENA qui a prit part au jury n'était pas un professeur titulaire, mais un vacataire.
"Irrégularités" dans les concours
de recrutement et d'accès
«Les autres membres du jury étaient des professeurs de l'Institut National d'Aménagement et d'Urbanisme. Il y avait même parmi les membres du jury un professeur retraité. Il est à préciser également que le président du jury était également l'encadrant de l'une des candidates, ce qui est le comble de l'iniquité. Nous avons esté en justice contre les irrégularités dans les procédures du concours de recrutement des nouveaux PA, lancé par le ministère de tutelle. Un concours ouvert à tous, mais en fait, taillé sur mesure pour faciliter la réussite d'une candidate. Nous avons publié un communiqué le 21 décembre 2011 à ce sujet.
«Le thème du concours affiché la première fois était «Architecture et urbanisme de projet», mais comme nous avions fait scandale et qu'une décision administrative avait convenu de l'existence d'irrégularités de fonds et de forme entachant ce premier concours, un second a été organisé, toujours sans en référer aux professeurs statutaires de l'ENA, avec une modification du thème, qui est devenu «Géographie urbaine».
«Tous ces jeunes enseignants devenus professeurs assistants via ce concours contesté ont été nos étudiants. Ce sont nous, les professeurs statutaires, qui avons créé la première école doctorale d'architecture au Maroc, nous cherchons l'intérêt général et l'excellence dans la formation dispensée par l'ENA. Nous n'avons rien de personnel contre ces jeunes enseignants, mais nous contestons la procédure d'organisation du concours qui leur a permis d'accéder au poste de professeurs, alors qu'avant ce concours, c'étaient seulement des architectes versés à l'enseignement. Nous demandons à ce que l'examen de recrutement des professeurs d'enseignement supérieur assistants soit refait, cette fois en application des dispositions de la loi, dans le respect des instances de gouvernance de l'école et avec la participation des enseignants chercheurs.
«Depuis deux ans, nous avons testé une nouvelle forme d'organisation du concours d'accès à l'ENA, sur proposition de la direction. Quand nous avons constaté que cette méthode donnait lieu à énormément d'irrégularités, nous avons manifesté notre désaccord concernant cette nouvelle méthode, qui, à notre avis, a prouvé son inefficacité, ce à quoi la direction nous a répondu: «Si vous ne voulez pas, cela se fera sans vous». Aucune réunion du Conseil d'établissement n'a été tenue sur la révision des modalités d'organisation du concours.
«Auparavant, le concours consistait en une épreuve de dissertation et une autre de dessin, dans le total anonymat des copies. Maintenant, il n'y a plus ni anonymat, ni traçabilité, puisque tout le concours consiste en une épreuve orale. Les candidats sont convoqués par «paquets» de 200 et parqués dans la buvette pendant des heures. Quinze commissions font passer un examen oral aux candidats reçus par groupes de 12 à 15 personnes. Par ailleurs, le concours cette année a eu lieu le jour même de la 2ème session du bac, c'est-à-dire que les candidats à la 2ème session du bac étaient d'office privés de la possibilité de concourir, ce qui est injuste et contraire au principe d'égalité des chances.
«Les critères publiés lors de l'annonce du concours ne sont pas ceux qui ont été appliqués lors de la présélection, comme cela fût d'ailleurs publié plus tard, ce qui est se moquer des candidats. Subjectivité et iniquité sont les principaux qualificatifs de la direction actuelle de l'école. Il faut enquêter sérieusement sur les procédures de déroulement du concours d'accès à l'ENA et des mesures transitoires doivent être prises le plus rapidement possible. Il faut mettre fin à la marginalisation des enseignants statutaires de l'école en ce qui concerne les affaires académiques, pédagogiques et administratives et au monopole de prise de décision par la direction».


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