Beaucoup de musulmans diabétiques ont malgré tout le désir de jeûner pendant le mois du Ramadan, alors que leur état de santé les autoriserait à ne pas le faire. Le dilemme pour les médecins et les spécialistes musulmans est dans ce cas de savoir: 1- si on peut permettre à un diabétique musulman de jeûner s'il le décide ; 2- de déterminer s'il peut le faire sans risque ; 3- et quelle aide lui apporter ; 4- de savoir s'il est possible qu'il puisse bénéficier d'une surveillance à domicile ; et 5- de mesurer les conséquences avantageuses ou non du jeûne sur son état de santé général. Le jeûne pour un patient diabétique musulman n'est ni un droit ni même une obligation islamique, mais plutôt un privilège accordé par son médecin, à la demande de son patient. Ce dernier devra assumer en connaissance de cause son entière responsabilité par rapport à son régime alimentaire et à la surveillance de son taux de glucose. Une communication adéquate entre le médecin et le patient est indispensable. L'état psychologique des diabétiques durant le Ramadan Le diabète affecte l'état psychologique des patients en modifiant le métabolisme du glucose dans le sang, mais aussi parce qu'il nécessite une discipline conforme aux besoins avec la crainte permanente des complications à long terme, la menace des attaques hypoglycémiques et la possibilité de déshydratation et de coma. D'un autre côté, le jeûne pendant le Ramadan a un effet reposant sur l'esprit, il génère une paix intérieure et une diminution de la colère et de l'agressivité. Les musulmans ont conscience que les manifestations de colère peuvent amoindrir les bénédictions du jeûne ou même les annuler. Les diabétiques savent que le stress augmente le taux de glucose dans le sang en augmentant le taux de catécholamine et que n'importe quel outil pour abaisser le stress, comme la relaxation, améliore le contrôle du diabète. Ainsi, le jeûne islamique pendant le Ramadan devrait avoir un effet potentiellement bénéfique en ce qui concerne le contrôle du diabète. Programme éducatif pour les diabétiques pendant le Ramadan Il devrait être orienté sur la gestion du diabète à domicile ; la préparation des diabétiques pour le Ramadan ; l'identification des symptômes avertisseurs tels que la déshydratation, l'hypoglycémie et toutes autres complications possibles. On devrait enseigner aux patients comment contrôler leur taux de glucose chez eux, comment examiner leur urine pour l'acétone, à se peser quotidiennement, à contrôler la quantité de calories absorbées, à dormir suffisamment et à faire de l'exercice. Ils devraient être capables de prendre leur pouls, leur température, mais aussi être vigilants quant à une quelconque infection de la peau et noter les changements dans la vigilance mentale. Ils devraient être particulièrement attentifs en cas de douleur d'ordre colique, de signe de colique rénale, d'hyperventilation ou de déshydratation, et être capable de demander une aide médicale rapide, plutôt que d'attendre le jour suivant. Quelques conseils peuvent néanmoins être donnés - Au coucher du soleil à la rupture du jeûne, évitez les sucreries, les boissons sucrées et les pâtisseries ; - Surveillez plusieurs fois par jour votre glycémie ; - Faites si possible trois repas par jour répartis du coucher à l'apparition du Fajr (l'aube) ; - Buvez à volonté durant la nuit ; - Adaptez les doses d'insuline suivant les prescriptions du diabétologue. - Et surtout, n'arrêtez jamais votre traitement ! Pour les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires, le Ramadan est compatible avec leur état. Mais les risques encourus peuvent être importants. Tout dépend de la durée du jeûne et surtout de l'état de santé du patient. Le risque dans le jeûne c'est d'avoir des acides gras, c'est à dire des graisses qui soient fabriquées en quantités importantes et qu'à ce moment là vous ayez beaucoup d'acides gras qui arrivent dans les artères et qui peuvent donner des dérèglements du cœur. Pour l'organisme, le jeûne représente toujours une épreuve. Mais en lui-même, il n'est pas dangereux pour la santé. Et contrairement à une vieille croyance, il ne prolonge pas la durée de la vie mais ne la raccourcit pas non plus. Le jeûne est une affaire de religion qui a des retombées bénéfiques sur la santé, mais seulement pour les personnes bien portantes. Dans l'entretien qui suit, le Pr Hassan El Ghomari, endocrinologue diabétologue, apporte, entre autres, les véritables éléments de réponse sur l'interrogation centrale: quant un diabétique peut-il jeûner et quant faut-il absolument qu'il s'abstienne de le faire.