La gauche française a remporté dimanche une nette victoire au second tour des élections législatives. François Hollande a désormais toutes les manettes institutionnelles en main nécessaires à la mise en œuvre de son programme économique pour affronter la crise, dorénavant, son seul adversaire. Selon des résultats définitifs diffusés par le ministère de l'Intérieur pour 566 sièges sur 577 - les 11 députés représentant les Français de l'étranger ne seront connus que lundi -, le Parti socialiste et ses alliés détiennent désormais tous les leviers institutionnels. Ils ont obtenu une majorité absolue à l'Assemblée nationale avec 307 sièges, l'UMP et ses alliés en obtiennent 224, Europe Ecologie-Les Verts 16, le Front de gauche 10, le Front national et le MoDem 2 chacun. L'UMP sauve donc la face mais l'ex-ministre Nadine Morano, qui en a appelé sans succès aux électeurs du Front national, a été battue ainsi que les anciens ministres Claude Guéant, Hervé Novelli et Michèle Alliot-Marie. L'extrême droite comptent trois élus, Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse et l'avocat Gilbert Collard dans le Gard pour le FN et Jacques Bompard, président de la Ligue du Sud, un parti d'extrême droite implanté dans le Sud-Est, élu dans la 4e circonscription du Vaucluse. François Hollande a désormais les mains totalement libres après des élections législatives françaises qui ont donné dimanche au Parti socialiste une majorité absolue à l'Assemblée nationale et plongé la droite dans les affres de la recomposition. Le président François Hollande, fort d'une majorité absolue obtenue dimanche aux élections législatives en France, peut désormais mettre en œuvre son programme social-démocrate mais il se retrouve en premier lieu confronté à l'urgence de la crise de l'euro. Au lendemain de ces élections en France, mais aussi en Grèce, l'agenda international n'offre aucun répit au président français. Il se rend dès lundi soir à Los Cabos, au Mexique, pour un sommet du G20 qui sera dominé par la crise en zone euro, puis fera un crochet par Rio de Janeiro, avant de revenir en Europe avec un rendez-vous crucial en fin de semaine avec ses partenaires italien, espagnol et allemand. Lors du scrutin de dimanche, le Parti socialiste (PS) et ses alliés de gauche ont remporté une majorité absolue de 314 sièges sur 577. Le nouveau pouvoir pourra se dispenser du soutien des Verts (17 sièges), qui participent au gouvernement, et de la gauche radicale (10), qui en est absente. Le parti conservateur UMP (Union pour un mouvement populaire) et ses alliés ont obtenu 229 sièges et le parti d'extrême droite Front national (FN) fait son retour à l'Assemblée avec deux élus, mais pas sa dirigeante, Marine Le Pen. Présidence, gouvernement, Assemblée nationale, Sénat, régions, grandes villes: la gauche se trouve désormais «en position plus qu'hégémonique, disposant d'absolument tous les pouvoirs» pour faire face à la crise économique et au chômage, relève lundi le quotidien de gauche Libération. A peine élue, l'Assemblée nationale sera convoquée en session extraordinaire début juillet pour lancer les premières réformes. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n'a pas dissimulé dimanche soir la difficulté de la tâche. Il faudra à la fois relever le défi du rétablissement des comptes publics, retrouver la croissance et amorcer un recul du chômage. La quadrature du cercle en période de crise et sans aucune marge de manoeuvre budgétaire, comme devrait le confirmer un audit des finances publiques dont la publication par la Cour des comptes a été repoussée à début juillet. «L'oeuvre qui est devant nous est immense. Rien ne sera facile. Rien ne nous sera donné», a déclaré le chef du gouvernement. Pure formalité, M. Ayrault a remis lundi la démission de son gouvernement à François Hollande, qui l'a chargé de former un nouveau cabinet, dont la composition devrait être annoncée jeudi. Il ne devrait s'agir que d'un ajustement sans grande surprise. Une débâcle de la droite François Hollande a désormais le soutien de la présidence de la République, du gouvernement, de la majorité absolue à l'Assemblée, du Sénat, et de presque la totalité des régions et de la majorité des départements - une configuration inédite sous la Ve République, meilleure que celle que n'avait François Mitterrand en 1981, le Sénat n'était pas à gauche. François Hollande et le PS ont fait carton plein. La gauche n'a jamais eu autant d'élus à l'Assemblée, même en 1981 quand le PS avait seul la majorité absolue. Le Front de gauche, qui inclut le parti communiste, perd la moitié de ses forces, est contraint de mendier l'abaissement à 10 du nombre d'élus nécessaires à la constitution d'un groupe parlementaire et voit son pouvoir d'influence limité. Les Verts sont certes en passe d'avoir un groupe, grâce à l'accord électoral avantageux qu'ils ont passé avec le PS, mais celui-ci peut se passer d'eux faire voter des lois. Quand à la défaite du président du MoDem, François Bayrou, dont le parti sauve néanmoins trois sièges, «elle permet au PS de poursuivre son OPA sur le centre», ajoute cet analyste. A droite, la stratégie «ni front républicain, ni accord avec le Front national» a été totalement contre-productive et, selon Gaël Sliman, a même accentué une défaite d'autant plus patente qu'elle se solde par le retour à l'Assemblée de l'extrême-droite avec trois députés dont deux élus FN. C'est ainsi Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du FN, Marine Le Pen, qui sera la benjamine de l'Assemblée Des personnalités emblématiques de la droitisation de l'UMP, comme les ex-ministres sarkozystes Claude Guéant et Nadine Morano et la députée sortante Valérie Rosso-Debord, ont chuté. Un sort partagé par l'emblématique ancienne ministre chiraquienne Michèle Alliot-Marie. «C'est une défaite nette pour l'UMP», a reconnu l'ex-ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, opposant notoire à la stratégie du «ni-ni», dont le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé avait été un des promoteurs. «Je crois que dans le cadre de la préparation de notre futur congrès, une réflexion de fond est indispensable sur ce qui nous rassemble, sur le socle de nos valeurs et sur notre projet commun», a ajouté le maire de Bordeaux, dans ce qui ressemble fort à l'annonce de débats houleux à l'UMP.