Les cimaises de la Galerie du Théâtre Mohammed VI à Rabat abritent du 1 juin au 8 juillet l'exposition de l'artiste peintre et installateur Belhaj M'Hammed Jacky (vit et travaille entre le Maroc et la France). Sur sa démarche surréaliste, Daniel Couturier a écrit : « Les échos de la mémoire, les pulsations du désir et du rêve, les illusions, l'amour, ces méprises de l'âme, sont la trame secrète de ce tissu rêvé d'images qui ne tiennent qu'en vertu de leur agglomération. C'est bien automatiquement que se compose la toile en fonction des vides laissés par les premières touches apportant l'équilibre des formes et de la matière et une maitrise inconsciente des valeurs exprimées par la peinture. Mais ce n'est pas tout, l'artiste retrouvant parfois ses sens, frappé de l'image qu'il a conçu dans le hasard et dans l'automatisme va le dépayser, « l'appeler » comme l'écrivait Max-Pol Fouchet ne répondant plus à aucune règle de construction classique alors, il va s'emparer de corde, de toute sorte de métaux et autre pacotille, de poudre d'or et d'argent qu'il se met à coller pour former un relief rustre et insolite en cernant lignes et contours, surchargeant parfois la toile à outrance pour aboutir à un choc préparé des formes et des sens. Toute œuvre transforme, mais cette transformation peut être tantôt une rupture avec les conditions les mieux établies d'un genre, tantôt un approfondissement, un nouvel éclairage de ces mêmes conditions, c'est ainsi qu'on retrouve dans son œuvre une longue période pendant laquelle Jacky Belhaj s'adonne au seul noir sur blanc ou la main ne fait que dessiner. C'est là je pense qu'une parenthèse correspondant à un état d'âme, une transition entre un état d'âme incertain qui réduit tout au minimum et aujourd'hui un équilibre psychique retrouvé après l'apparition dans sa vie d'une conjointe aimante, discrète et efficace qui sait l'accompagner et le soutenir dans l'élaboration de son œuvre, dans sa reconnaissance par de nombreuses expositions mais aussi entretenir le personnage car Jacky Belhaj à rapporté de Paris un personnage reconnaissable entre tous avec son chapeau mou noir, son foulard blanc, son jean étroit à la boucle de ceinture insolite et ses grosses lunettes cerclées de blanc. ». Et d'ajouter : « Jacky Belhaj est certainement le plus parisien des peintres mais aussi le représentant le plus marocain du surréalisme qui quoi qu'on en dise n'a pas fini de nous fasciner. Ce qui est essentiel dans l'art, c'est la capacité de l'artiste de nous amener à voir sa manière de voir le monde, pas seulement par l'intermédiaire de la fenêtre que représente son tableau mais le monde tel que l'artiste nous l'offre. ».