On l'avait baptisé Al Botola-Pro. Une appellation qui remplace une autre, un nouveau nom à grande et lourde responsabilité, à gros risque aussi. Une idée de la fédé sur instructions des instances supérieures avides d'une nouvelle orientation de notre foot et de sa jonction aux grandes nations. Autre but de cette action, la revalorisation du produit footballistique, en faire un job avec revenu sûr et stable aux joueurs et une large et parfaite protection de la gestion de l'ensemble de ses composants, dotation oblige ! Géniale ! Cette reprise de volée soudaine et inopinée… vous ne trouvez pas ? Le système fonctionne déjà, ma foi, plutôt pas mal. L'année d'essai tire à sa fin et tout le monde semble avoir adopté le nouveau-né. Bien sûr, dira l'autre ! Qui ne tente rien n'a rien, la rue n'en a pas fait sujet ! Les antagonistes n'en sont pas restés tristes et les média ont suivi la saga. Alors, pourquoi s'en plaindrait-on ? Et puis, du moment que les joueurs auraient retrouvé leur quiétude, la fédé, sa solvabilité et sa personnalité, pourquoi s'entêter à imaginer des ambiguïtés ? Comme, par exemple, nous ne sommes pas encore prêts à cela ou qu'il fallait aller du tac ou tac ou ceci ou cela. Nous nous sommes jetés à l'eau, assumons. Apparemment, nos stades connaissent quelques animations, ce n'est pas la grande foule mais c'est, qu'on le veuille ou non, un signe de satisfaction. Une réelle envie du public de faire la paix avec son foot national en prélude à de vraies ruées, bien sûr dans le calme, comme à l'accoutumée, et avec sagesse, loin du « vandalisme » d'un certain jour et ces énergumènes qui ont tout déployé pour l'attribuer aux honorables supporters wydadis. Les méchants loups, ils ont trouvé leur compte. On ne le crie pas haut et fort, on se le réserve, notre petit doigt nous augure d'un bon futur. Dès à présent, on se régale qu'elle est belle cette course au titre à une miette de journées de la fin ! Elle est inédite et attirante. Deux « bleus » à ce stade de la compétition l'animent, plus de places aux chevronnés et habitués au sacre final, c'est encore plus beau. Le WAC, le MAS et le DHJ depuis longtemps, le RCA tout récemment. La voix est donc libre au duo MAT-FUS qu'ils s'amusent à leur guise. Les belles retombées d'une lumineuse idée de la fédé et vivement le verdict. Mais, avec toujours un… petit mais par ce système, fallait seulement penser aux grands comme si les petits ne font aucun sacrifice et n'exposent pas leurs corps aux dangers, on les a entendus à la télé et on préfère se taire. Professionnaliser on ne se limite pas à la motivation pécuniaire et à des gestes doux et mignons à l'égard des grands. Il ne suffit pas de s'enrichir aveuglement et enrichir peu. Il ne suffit pas aussi de promettre des monts et merveilles aux petits. Laissons de côté le cahier des charges bidon, ah… ce dindon de la farce par lequel on ne cesse de jurer. Le professionnelles, c'est d'abord et forcément surtout, faire du ballon une vraie profession, le quotidien et le gage d'un avenir certain pour tous et non uniquement pour certains. C'est aussi, le changement d'une mentalité de toute une chaîne de production, du staff de la fédé, aux responsables des clubs, de leurs assistants, des jeunes, des techniciens, des arbitres, de l'équipe médicale, des médias (sorte de mea-culpa) sans oublier les responsables du matériel (ne minimisons pas leur tâche), des gestionnaires des stades, des délégués et… du public (quitte à priver les mal éduqués de l'accès aux stades) tous, parties intégrantes et maillons forts de la chaîne. C'est peu être trop mais c'est comme ça, l'ensemble est concerné. Des mots qui provoquent des maux… c'est que si notre foot coule nous coulerons tous. Le professionnalisme c'est le passage d'un rien à tout, la métamorphose. En tout cas, elle est bien présente dans les champs de jeu, un peu moins dans les gradins, mais patience ! Regardez, par exemple, le nouveau promu, le Chabab Rif-Al Hoceimi, qu'est ce qu'il nous a sorti comme saison, on ne sait quelle mouche l'a tout à coup piqué, il a défié l'élite du groupe, faisant fi de toute une chronologie, dommage que la fatigue a eu raison de ses ambitions. Un suspense de plus, non pas, pour le sacre mais aux fins d'un autre bonheur. Une bonne saison en perspective pour les Rifains à l'instar de celle des Tétouanais qui ont fait des jaloux au centre et là nous arrivons au hic. A l'imaginable, l'incroyable et l'inconcevable hantise du FUS, sa peur du titre de champion, une peur bleue qu'il a traîné toute sa vie. Savez-vous qu'avec plus de 60, oui (soixante) ans, le FUS n'a jamais honoré Rabat en championnat… sans rancune ! D'une saison à l'autre c'est le gâchis et les boucs émissaires défilent. Du temps de feu Larbi à celle de Akesbi, du talentueux Fettah, de l'inamovible Lyoussi, du puncheur Labied ou encore l'ex-postier et « Fariste » Mesnaoui Saïd. Même les étrangers Cristobal et Francisco n'ont pu mener le FUS au bout de ses rêves éternels. Et dire qu'on reproche à Rabat son indifférence aux matches de son représentant, offrons lui du bon foot et vous verrez. Assisterons-nous au déclic. Cette année, c'est un tout autre FUS, différent des autres FUS, un super champion d'Afrique et un prétendant sérieux, un FUS à la conquête de Rabat. Du changement en l'air dans la capitale. Intelligemment relooké, avec comme chefs de bord le Rajaoui Sellami et le Wydadi Benchrifa, une belle entente Raja-Wydad pour mener le FUS à bon port. S'il arrive à s'accrocher jusqu'à l'ultime journée, le CESAME de la consécration sera entre ses pieds. Une énième situation du genre pour le FUS, si ce n'est pas cette année, ça ne sera jamais, disent ses fans. C'est plus fort qu'eux, aux sens propre et figuré, les événements l'ont assez démontré. Dommage ! Seront-ils assez « grands » cette fois-ci et ambitieux pour priver le MAT de presque un acquis dans les règles de l'art ? Les Tétouanais se sont jurés d'aller au bout, le FUS a tant envie de démentir les dires. Un duel pour une même cause, s'adjuger un 1er titre de champion du Maroc. Une sorte de finale de la Coupe du Trône mais d'ici là, les deux antagonistes doivent tout gagner pour ne pas gâcher la fête. Ça promet une exceptionnelle ultime journée, merci au leader et son dauphin.