La croissance économique marocaine serait de 2,5% en 2012 contre 4,9% en 2011. C'est ce que prévoit, en tout cas, Euler Hermes, leader mondial français des solutions d'assurance pour les échanges commerciaux, attribuant cette contre-performance principalement aux insuffisances pluviométriques qui devraient impacter sérieusement la campagne agricole. Toutefois, la reprise est annoncée pour 2013 avec une croissance qui devrait atteindre 5%. A noter, dans ce sillage, que Bank Al-Maghrib, le gouvernement, le FMI et le CMC tablent pour cette année respectivement sur un taux de croissance de 5%, 4,2%, 3,7% et 3,2%. D'après Ludovic Subran, chef économiste à Euler Hermes France, la reprise prévue en 2013 serait due essentiellement à la demande locale. Et d'ajouter, lors d'une rencontre tenue récemment à Casablanca, que la politique économique adoptée par le Maroc favorise bel et bien la croissance. Il s'agit, selon l'économiste, entre autres, de la politique monétaire déclinée par la décision de Bank Al-Maghrib de réduire le taux directeur de 3,25 % à 3 %, accompagnée par des injections de liquidités dans les banques de 53 milliards DH. Ce qui s'est traduit et se traduira, poursuit la même source, par une amélioration de la liquidité chez les banques favorisant ainsi l'octroi des crédits. Ce qui est de nature, il est vrai, de renforcer le pouvoir d'achat des citoyens, et par conséquent augmenter la consommation des ménages. En fin de compte, selon Subran, c'est l'économie qui profitera de cette situation incitant à l'optimisme. Pourtant, l'économiste d'Euler Hermes avait soulevé un point qui défraye toujours la chronique au Maroc, à savoir la contre-performance du système de compensation. Pour lui, ce système doit être révisé en toute urgence, parce qu'il risque d'alourdir les finances publiques. D'où, pour lui, le ciblage des populations qui est la seule issue pour la réforme de la Caisse de compensation… Autre élément soulevé par le conférencier, cette fois-ci encourageant : l'agroalimentaire et la chimie sont les secteurs les plus rentables, représentant respectivement 28 % et 16 % du chiffre d'affaires global réalisé par le tissu économique marocain. Idem pour le secteur de la distribution puisqu'il affiche une bonne santé, favorisée par un bon niveau de consommation. A l'inverse, des secteurs comme ceux du textile et de construction sont en « mauvaise santé ». Ces deux secteurs, selon l'économiste, souffrent en effet du faible niveau de consommation. A noter qu'au niveau mondial, Euler Hermes table sur un taux de croissance de 2,6% en 2012, avec une croissance positive dans toutes les régions, excepté en zone euro, avant d'accélérer à 3,1% en 2013 poussée par une amélioration des perspectives en Europe du Sud. « 2012 est placée sous le signe de la résilience plutôt que sous celui d'une reprise franche de la croissance mondiale », souligne Wilfried Verstraete, Président du Directoire d'Euler Hermes. « Nous savons notamment qu'en raison de la décélération de la demande mondiale et donc de leurs exportations, les pays émergents ne sont pas en position de tirer la croissance mondiale comme ils l'ont fait en 2010. D'autre part, les économies développées sont loin d'être sorties de leurs difficultés. C'est le cas des États-Unis où la reprise reste molle et, bien sûr, de la zone euro qui peine à dénouer la crise des dettes souveraines, avec tout ce que cela implique d'incertitudes politiques et de répercussions sur la stabilité économique mondiale. » Euler Hermes s'inquiète aussi de la possibilité d'une nouvelle hausse du prix du pétrole qui constitue un risque élevé de fragilisation de la demande, en particulier aux États-Unis et dans les économies européennes engagées dans l'austérité. Le prix du pétrole n'a cessé de s'apprécier depuis le début de l'année, passant au-dessus de la barre de 120$ en mars, se rapprochant du pic de 2008 (133$) et ce, en dépit de la faiblesse actuelle de la demande. Une nouvelle augmentation du brut aura un effet dépressif sur la demande.