«Un artiste aux multiples facettes», c'est ainsi qu'Adib el Machrafi a présenté Driss Alaoui dans son émission radiophonique nocturne «Rencontre du soir» diffusée le mardi 27 mars à 22h 15 mn. Un quart d'heure tellement éloquent et instructif qu'on ne sentait pas les minutes passer. Membre fondateur du Festival International du Cinéma Inaperçu dont l'aura exceptionnelle a outrepassé (à une certaine époque) les frontières marocaines, Alaoui Driss est aussi un poète et un artiste de scène. Il supervise actuellement le groupe «Chic-Show» de spectacles d'animation. Il a obtenu de nombreuses distinctions notamment à l'étranger. Mais comme le dit l'adage: «Nul n'est prophète en son pays». Driss (en poète inaperçu ou acculé à l'être par les circonstances contrariantes) a dû galérer rudement dans sa localité avant qu'un cyber-éditeur parisien faisant partie du célèbre groupe Edilivre puisse enfin lui rendre justice et le juger à sa juste valeur. Par ailleurs, au cours de l'émission cet aède qui aime faire plaisir aux enfants ne cachait pas son amertume : «Pour ce qui est de la poésie, disait-il, la maison d'édition en ligne Edifree a publié mon premier E-book et a également réalisé un livre «papier». Ceci après avoir souffert le calvaire au niveau des soi-disant maisons d'édition au Maroc. Lesquelles ne cessent de se débattre dans les marasmes alarmants de cette crise angoissante qui assassine de jour en jour les métiers du livre au Maroc». En l'interviewant et comme à l'accoutumée, Adib el Machrafi ne manqua ni de pertinence, ni de sensibilité. Il a su poser les bonnes questions et donner les répliques au moment opportun. Pourquoi «Cahiers du Ciel» et non pas «cahiers des cieux»? Le poète en mettant un «C» majuscule a montré la subtilité de la nuance. Il a évoqué aussi son dernier recueil intitulé «L'Oiseau philosophe» qu'il a soumis récemment à des éditeurs français et canadiens. Cette rencontre radiophonique si imprégnée de lyrisme nous rappela les deux émissions défuntes intitulées respectivement: «Tranche de Nuit» et «Café littéraire» et puis, qui avant la prolifération anarchique de radios privées avaient chacune un gradient d'audiométrie non négligeable (on se demande toujours si on en a conservé les archives comme font les stations de radiodiffusion qui se respectent). Les rétractaires et les émules qui pensent jalousement que Adib el Machrafi c'est de l'histoire ancienne se trompent de pronostic. L'homme n'a pas épuisé toutes ses cartouches. Dommage que dans le site web officiel de la RTM Chaîne-Inter on ne trouve pas de trace électronique de ces «Rencontres du soir». Est-ce par ségrégation ou par inculture? C'est au webmestre de répondre. Il y a pire, on a exclu du front-page ce Jean Gabin de la radio alors que des novices s'y exhibent prétentieusement.