Le Maroc traverse une phase décisive de son Histoire marquée par l'adoption de la nouvelle Constitution jugée par les observateurs très avancée par rapport à ce qui se passe dans plusieurs pays arabes, africains et en développement en général. Cette phase est aussi marquée par une volonté réelle de continuer les réformes entamées par le précédent gouvernement et d'ouvrir davantage de chantiers de développement afin de répondre aux attentes multiples et de plus en plus exigeantes des citoyens. Ces efforts, qui exigent une bonne gouvernance, une mobilisation de toutes les énergies innovantes et une participation citoyenne des populations, ont besoin d'un climat serein où l'on doit se serrer les coudes pour venir à bout de tous les obstacles qui entravent notre marche vers le progrès et la modernité. Mais, on ne peut que constater avec regret la multiplication des grèves dans certains secteurs sensibles et en relation directe avec les intérêts des citoyens et leurs préoccupations quotidiennes. Ces grèves, qui peuvent parfois être justifiées par des revendications légitimes non satisfaites, paralysent certains départements ou, du moins, perturbent la marche du travail en leur sein. Le droit de grève est reconnu par la Constitution, mais son exercice ne doit intervenir qu'après l'échec de toutes les tentatives de dialogue entre les représentants du personnel et les pouvoirs publics. Le contribuable, qui subit malgré lui les conséquences des jours chômés du fait des grèves, se voit lésé dans ses intérêts par ces arrêts de travail qui ne se fondent sur aucun dispositif législatif ou réglementaire du fait de l'absence de la loi devant fixer les droits des travailleurs qui veulent recourir à la grève. Les différentes Constitutions avaient précisé que le droit de grève demeure garanti et qu'une loi organique précisera les conditions et les formes dans lesquelles ce droit peut s'exercer. Malheureusement, cette loi tarde à être adoptée, laissant ainsi un vide juridique que certains exploitent de façon abusive, notamment certaines centrales syndicales qui recourent d e façon systématique à la grève au lieu de privilégier le dialogue comme moyen et cadre institutionnel pour régler les différends et concrétiser les revendications des salariés. Ce retard intervenu dans la promulgation de la loi relative au droit de grève pousse aussi bien l'administration que le patronat à sanctionner les grévistes en retenant sur leurs salaires les jours au cours desquels ils étaient en grève. Cette loi doit déterminer les droits et obligations de chaque partie et surtout assurer un service minimum et préciser les conditions légales selon lesquelles la grève, qui demeure un droit fondamental des travailleurs et un acquis précieux, doit être déclenchée. Le législateur doit protéger à la fois les droits des grévistes et ceux de la société, en général, et des usagers des services administratifs, en particulier, qui voient leurs intérêts mis en cause par l'interruption du travail. Il faut adopter une position citoyenne qui concilie les intérêts particuliers et l'intérêt général. Nous n'avons pas le droit de perdre du temps, mais nous devons aller de l'avant avec enthousiasme pour doter notre pays des moyens qui lui assurent le développement humain, créent les opportunités d'emploi pour résoudre le chômage des jeunes et des lauréats universitaires en particulier, garantissent un niveau de vie décent et réalisent la justice sociale en éliminant toute forme de disparités et d'inégalités socio-économiques.