Les autorités locales de Tanger ont décidé mercredi de mettre fin à l'opération de révision du plan d'aménagement de la zone de Jbel Kébir, la route d'Achakar et Ziaten, un projet qui a suscité la polémique au sein de la société civile et des acteurs politiques locaux. Selon les autorités locales, cette opération qui portait sur une zone dotée de grands potentiels naturels avec une couverture forestière dense et un positionnement entre le détroit de Gibraltar et l'Océan atlantique, a été arrêtée en attendant la révision global du plan d'aménagement de la ville de Tanger, attendue dans les mois à venir. L'annonce du lancement de l'opération de révision du plan d'aménagement de la zone de Jbel Kébir avait suscité les craintes quant à une éventuelle ouverture de l'espace forestier à l'urbanisation, en dépit des explications des autorités locales qui avaient assuré que la révision va dans le sens de la diminution de la densité urbaine dans cette zone et l'augmentation de la surface forestière. Par ailleurs, des observateurs redoutent que certains propriétaires de terres dans cette zone ne profitent de l'arrêt du projet de révision pour demander des permis de construire, l'actuel plan d'aménagement n'interdisant pas la construction dans la zone concernée. Plusieurs acteurs de la société civile appellent, à cet égard, à classer l'ensemble de Jbel Kébir, réserve naturelle, pour empêcher toute invasion urbanistique de cet espace vital, considéré comme un poumon de la ville du Détroit. La coordination de protection de l'environnement et des espaces verts de Tanger a tenu mardi une rencontre avec les parlementaires, les présidents des conseils élus et des chambres professionnelles, afin d'adopter une position commune contre toute révision du plan d'aménagement qui serait de nature à porter atteinte à la forêt de Jbel Kébir, une initiative soutenue par l'ensemble des acteurs politiques locaux. Les autorités locales avaient déjà affirmé, dans un communiqué, que contrairement aux inquiétudes exprimées, la révision allait dans le sens du renforcement des espaces forestiers, la limitation des constructions et l'interdiction de la construction en bord de mer dans la zone concernée. Le projet de révision prévoyait, en effet, d'interdire la construction dans 400 hectares supplémentaires, actuellement ouverts à l'urbanisation, qui seront rattachés à l'espace forestier. Cette mesure aurait permis d'augmenter à 2.200 hectares la superficie forestière protégée dans les environs de Tanger, contre 1.800 hectares actuellement. Il était aussi question d'interdire la construction en bord de mer sur les côtes d'Achakar et de Sidi Kacem, aujourd'hui ouvertes à l'urbanisation, et de diminuer la densité urbanistique dans la zone d'Achakar, en limitant à deux étages la hauteur des constructions, contre 4 étages actuellement.