La douche a été glacée et elle aura laissé tout le monde hébété. Le ciel de la CAN est tombé, lundi soir, sur la tête des Marocains, et Gerets a sorti sa tête des mauvais jours, pratiquement la même que celle qu'il avait le jour de la défaite d'Annaba contre l'Algérie. Il pensait, et il l'avait dit et répété, que les Lions de l'Atlas étaient prêts et qu'ils iraient à Libreville dans les meilleures dispositions possibles. Le match contre la Tunisie ? « C'est un match comme les autres, avait-il analysé en conférence de presse, et il n'y a pas lieu de s'inquiéter ». Gerets depuis des semaines avait son équipe type en tête. Les cadors étaient là, et le docteur Yfti, le monsieur je sais tout du foot marocain, assurait que même Oussaa Saïdi sera « parfaitement rétabli ». Alors, dans la tête du coach national, de ses adjoints, et de tous les membres fédéraux qui le regardent avec les yeux de Chimène, rien de fâcheux ne pouvait nous arriver. Lundi, Maroc-Tunisie devait être la consécration. Alors tous, à Libreville, se préparent à la fête. La belle fête, de celle qui suivent les victoires… A des milliers de kilomètres de Libreville, le public attendait confiant. Les télés étaient allumées et les groupes formés. Au siège d'Al Jazira, à Doha, une table ronde avant le match sonna pourtant l'alarme. Interrogé Zaki, l'ex-patron des Lions de l'Atlas, émit de larges réserves « Je ne comprends pas ce stage à Marbella où le climat est différent de celui de Libreville, et je ne comprend pas que Gerets fait appel à des joueurs hors de forme ou blessés, comme Saïdi, Chammakh, Kantari, ou Kaddouri ». Pas loin de lui, le Tunisien Chetali ajouta malicieusement « Tout cet optimisme autour du Maroc que tout le monde annonce gagnant du trophée, alors que la Tunisie est accablée de critiques, tout cela me convient parfaitement, pour moi c'est peut être le meilleur moyen pour motiver les Aigles de Carthage ». 90 minutes plus tard, ou dut se rendre à l'évidence que c'est à Doha qu'on était le plus près de la réalité, et que c'est à Libreville qu'on s'était gourré. Et dans les grandes largeurs. Douchés, refroidis, on est resté K.O après le match. On a attendu les premières déclarations des concernés pour comprendre. Et bien là aussi, déception. Ni Gerets, ni Hajji, ni tous les joueurs interrogés n'ont pu rien expliquer « on n'a pas compris, on ne comprend pas, on ne sait pas ce qui s'est passé ». Pourtant, ce qui s'est passé est clair comme le jour. La moitié de l'équipe nationale n'est pas rentrée sur le terrain. On a vu des Tunisiens plus aguerris, plus physiques, plus techniques face à des Marocains où les vides étaient béants. Les protégés de Gerets, ses joueurs chou-chou, ont été dominés. Dominés et battus. Point final. Il restera les regrets, et la déception de voir les ratés, celui de Chammakh, de Hajji, et de Boussoufa. L'entrée de Larabi et de Taârabt ajouta à la confusion et ces 2 joueurs ne réussirent rien de bon. Résultat des courses : le Maroc est dernier de son groupe, et va devoir aller chercher les 6 points face au Gabon et au Niger. Bon courage. Et on continuera d'y croire. En espérant que Gerets a enfin compris ce qui lui a échappé face à la Tunisie. Et désormais Gerets a un autre et nouveau problème à régler : celui de gérer les mécontents parmi les joueurs qui ne comprennent pas ses choix. Cela est le plus dangereux dans un groupe. Il faut y prendre garde.