L'histoire proche et celle qui va venir, garderont à tout jamais l'événement grandiose qui avait marqué par son sceau l'année qui vient juste de s'achever. En effet, les peuples arabes ayant inscrit dans les annales de l'histoire une page héroïque, ont suscité un immense espoir et une grande fierté ressentis largement à l'échelle du monde. Est-il de l'ordre de la coïncidence que l'année que nous débutons sera marquée par une prochaine commémoration universelle ? Ou bien cette belle coïncidence nous renseigne-t-elle sur l'esprit de l'histoire, le parachèvement de l'idéal de la liberté et l'avènement de la justice ? Comme chacun le sait, l'ensemble de l'humanité éclairée s'apprête à commémorer le tricentenaire de J.J. Rousseau le long de l'an 2012. Cette célébration internationale sera marquée par un ensemble d'activités auxquelles participeront plusieurs universités et des organismes divers. Le caractère scientifique de ces manifestations vient s'ajouter à d'innombrables actions à l'échelle de plusieurs pays et qui visent à mettre la pensée de ce philosophe et homme de lettres à la portée de tous. Si J.J.Rousseau fut de l'avis de tous l'un des penseurs majeurs ayant influencé la pensée des lumières européennes, son apport a marqué fortement un ensemble de domaines et influencé le cours de la pensée humaine depuis trois siècles déjà. En effet, on ne peut évoquer cette figure emblématique sans nous référer aux domaines de la littérature, l'art, l'éducation et bien d'autres qu'il avait abordés avec originalité et grand talent. Mais il n'en demeure pas moins que cet écrivain et penseur de génie tire aussi sa grande notoriété philosophique de la profondeur de ses méditations se rapportant à la condition humaine et l'affranchissement de l'humain de toutes les formes de servitude. De la sorte, Rousseau s'est distingué par son opposition acharnée contre toutes les tyrannies et les formes avilissantes de l'oppression et de l'aliénation. Grand innovateur en matière de philosophie politique, son ouvrage intitulé «Du contrat social» avait représenté en son temps une théorisation majeure et un apport fondamental pour lequel la pensée moderne demeure redevable. La parution de cet ouvrage avait représenté un couronnement de la tradition philosophique ayant traité les questions de la souveraineté et des modes de gouvernement. Rousseau s'est distingué par son approche de la souveraineté en évoquant au préalable les conditions de l'élaboration du pacte social permettant à l'homme d'accéder à l'état civil et d'agir conformément aux règles morales et aux principes de la raison. Selon le philosophe, si le pacte social vise à instaurer l'état d'harmonie entre les intérêts particuliers et la volonté générale, la souveraineté incarne l'expression de cette volonté et concrétise son exercice effectif. De la sorte, il s'ensuit que l'analyse de la question du gouvernement impose la distinction entre les pouvoirs législatif et exécutif. Le premier symbolise le pouvoir du peuple tandis que le deuxième désigne l'ensemble des institutions permettant l'exercice de l'autorité et la pratique du pouvoir. La nature des rapports entre ces deux instances, détermine selon Rousseau les types de gouvernement et les modes d'exercice du pouvoir. De la sorte, la modalité du gouvernement se déploie selon le cas en s'inspirant du modèle démocratique ou bien elle aliène la volonté populaire et sombre dans l'absolutisme. Rousseau en défenseur intransigeant de la liberté n'avait cessé de rappeler que la souveraineté est synonyme de l'exercice de la volonté générale et, de la sorte, nul ne peut l'aliéner sans apporter atteinte à l'exercice de la liberté et au libre choix du peuple. A cet effet, seul le contrat social librement contracté est en mesure de permettre l'éclosion de la société civile, l'émergence de l'état de droit et le règne de la moralité citoyenne. De ce point de vue, l'exercice de la liberté ne signifie nullement l'anarchie mais plutôt il symbolise l'obéissance à la loi et le respect du devoir. Ainsi, il s'avère que le meilleur mode de gouvernement est nécessairement le mode démocratique qui reconnaît au peuple son droit inaliénable d'exercer sa volonté et choisir ses gouvernants. Au moment où le Maroc s'oriente avec assurance vers la consécration définitive du choix démocratique et la réhabilitation du politique, force est de constater qu'une nouvelle ère prometteuse est en train de s'éclore. En effet, le pacte social auquel l'ensemble des Marocains et des Marocaines adhèrent avec enthousiasme, représente un grand pas vers l'aboutissement du projet sociétal garantissant l'avènement de la société du progrès, le règne de la liberté et l'instauration de la justice. Ce pacte social susceptible de réactualiser les finalités du projet sociétal duquel dépend le devenir du pays et le salut de la nation, ne peut se réduire uniquement aux questions relatives à l'exercice de la souveraineté et aux modes de la pratique du gouvernement. Cette réactualisation nécessite aussi une prise de conscience relativement aux défis historiques déterminant notre devenir et impose une redéfinition permanente des droits et des devoirs des citoyens afin que le Maroc soit engagé pour toujours dans la voie de l'émancipation et de la modernité irréversible. --------------------- (*) Rédacteur en chef de la revue philosophique «Al Azmina Al Hadita».