L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a accordé lundi le statut de «membre à part entière» à la Palestine dont la demande d'adhésion a été soumise au vote dans le cadre de la 36-ème Conférence Générale de l'institution onusienne qui se tient actuellement à Paris. Cette demande a été largement approuvée par la Conférence générale, instance suprême de l'UNESCO, par 107 voix pour et 14 contre, portant ainsi à 195 le nombre d'Etats membres de l'UNESCO. Le vote a eu lieu malgré les pressions de certains pays hostiles à cette adhésion, en particulier les Etats Unis qui menaçaient de suspendre leurs financements à l'UNESCO. Comme les Etats Unis, l'Allemagne et le Canada ont voté contre, tandis que l'Italie et le Royaume Uni se sont abstenus. Mais la France s'est prononcée en faveur de l'adhésion à l'instar de la quasi-totalité des pays arabes, africains et latino-américains. Ce vote vient entériner la recommandation du Conseil exécutif en faveur de cette admission, adoptée le 5 octobre dernier. Une majorité des deux tiers était nécessaire pour rendre effective cette recommandation, approuvée également à une forte majorité (40 voix sur 58). La demande d'admission de la Palestine en tant qu'Etat membre à part entière était inscrite à l'ordre du jour de la Conférence générale depuis 1989, sans succès jusqu'à aujourd'hui, alors que l'Acte constitutif de l'UNESCO n'empêche pas un Etat non membre des Nations Unies de devenir membre de l'UNESCO. C'est à la faveur de la nouvelle donne, marquée par la démarche officielle de demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU et étant donné le nombre important des pays ayant reconnu l'Etat palestinien, que le Groupe arabe et la délégation palestinienne avaient soumis la candidature à nouveau devant le Conseil exécutif de l'UNESCO dont la recommandation a ouvert la voie à son adoption au niveau la Conférence générale. Lors des débats précédant le vote, plusieurs pays avaient manifesté, en dépit des pressions, leur appui à l'adhésion de la Palestine à l'organisation onusienne, dont le Maroc qui a réitéré, vendredi, sa position «constante» et «de principe», sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, président du Comité Al Qods, à l'égard de la question palestinienne, et son soutien «permanent à tous les niveaux» en faveur de l'établissement de l'Etat de Palestine, avec Al Qods comme capitale. Dans son intervention au nom du Maroc, la Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères et à la Coopération, Mme Latifa Akharbach, avait salué, devant la Conférence générale, la recommandation du conseil exécutif de l'Unesco, comme «un pas positif» sur la voie de l'adhésion de la Palestine au système onusien, «un objectif que le Maroc soutient et souhaite sa concrétisation pour nos frères palestiniens, de manière souveraine et juste». Pour que son admission devienne effective, la Palestine doit signer et ratifier l'Acte constitutif de l'UNESCO déposé dans les archives du Gouvernement du Royaume-Uni à Londres, où il est ouvert à la signature. Avec ce nouveau statut, la Palestine pourra déposer des demandes de reconnaissance du Patrimoine mondial de l'humanité pour des sites dans les territoires palestiniens occupés et tenter ainsi de contrecarrer les projets d'Israël de judaïser davantage de sites. Les Palestiniens comptent notamment présenter au Patrimoine mondial, parrainé par l'UNESCO, les candidatures de Bethléem et d'Al-Khalil (Jéricho), dont son Caveau des Patriarches qui comprend la mosquée d'Al Haram Al-Ibrahimi. Composée des représentants de l'ensemble de Etats membres de l'UNESCO, de membres associés et d'observateurs, la Conférence générale se réunit tous les deux ans pour déterminer l'orientation et la ligne de conduite générale de l'Organisation et définir son programme d'action et son budget pour les deux années suivantes. Chaque Etat membre dispose d'une voix, quelle que soit sa taille et l'importance de sa contribution budgétaire.