Une cérémonie a été organisée récemment à la Bibliothèque Nationale de Rabat par le Barreau de Rabat et l'Amicale des jeunes avocats. Cette cérémonie a été tenue en hommage aux anciens bâtonniers de Rabat, notamment Maîtres M'Hammed Boucetta, Abbas El Fassi et Abdel Hadi El Kabab, un documentaire d'une durée de deux heures dont seulement une séquence de quinze minutes a été projetée où Me Bouceta a souligné le rôle majeur de l'avocat devant une justice équitable. Il évoqua l'organisation des tribunaux durant le protectorat où on distinguait essentiellement les tribunaux de Chraâ (Statut personnel) et les tribunaux modernes concernant les affaires pénales. Me Boucetta a souligné qu'à cette époque la justice jouissait d'un respect et d'une considération très notables, alors que les avocats marocains étaient peu nombreux et se comptaient sur les doigts des mains, à Fés par exemple il n'y avait qu'un seul avocat Me Abdelkrim Benjelloun, un seul à Marrakech et deux avocats à Casablanca, Me Achour et Me Zarrouk. Me Boucetta a par ailleurs indiqué que lors de la crise « soulèvement pour l'indépendance », un certain nombre d'avocats français se sont constitués pour défendre les Marocains et à leur Me Charles Bruno, durant ces moments de crise les autorités colonialistes ont menacé de dissoudre la Parti de l'Istiqlal et d'interdire ses journaux. Les avocats qui appartenaient au Parti de l'Istiqlal ont été conduits en prison parmi eux Me Abdelkrim Benjelloun et Me Melliani, seuls demeuraient en liberté deux autres avocats, Me Belabbas Taârji et Me Tahiri. Me Boucetta a indiqué le poids de la charge, parce qu'il fallait à l'époque défendre toutes les personnes poursuivies par la justice militaire. Me Boucetta a précisé qu'il a entrepris cette lourde charge une année seulement après avoir prêté serment comme avocat, il passait alors sa journée entre la visite des détenus (le matin) et les interrogatoires (l'après-midi). Parmi les détenus, il a cité Mohammed Lyazidi, Haj Omar Ben Abdeljalil, Abderrahim Bouâbid, ainsi que le fqih El Ghazi et Kacem Zhiri, alors que Mehdi Ben Berka s'était exilés. Cela, il fallait défendre les nationalistes de décembre 1952 à juin 1954, la défense se faisait avec la collaboration des avocats français qui se sont portés volontaires. Me Boucetta a également rappelé qu'il a défendu les membres des organisations de gauche « 23 mars » et Ila Al Amam » dont Anas Balafrej, Lakhder et Laâbi, Me Boucetta a précisé que la défense se passait loin des différentes idéologies, comme le recommandait le leader Allal El Fassi. De même Me Boucetta a affirmé avoir plaidé dans des affaires liées à la liberté d'expression (délit de presse). Considérant que le rôle de l'avocat est de défendre la liberté et les grands principes, ainsi l'avocat peut refuser de se constituer dans des affaires de corruption. C'est ainsi que Me Boucetta a rappelé qu'il avait refusé de se constituer dans les affaires de corruption déclenchées de 1971 et 1972. Me Bouceta a ajouté que selon la tradition de la profession, l'avocat ne doit pas uniquement connaître le Droit, mais avoir un comportement exemplaire vis-à-vis de ses clients dont il doit gagner la confiance, de ses relations avec ses confrères et de ses rapports avec les juges qui doivent toujours être empreints de respect mutuel.