Des milliers de personnes de tous âges et tous horizons, venues de toutes les régions espagnoles, ont manifesté dimanche soir à Madrid pour protester contre les politiques économiques du gouvernement et revendiquer des réformes urgentes. Deux mois après leurs premières protestations, les «indignés» ont manifesté en masse dans la capitale espagnole pour réclamer une «vraie démocratie» et protester contre les effets de la crise économique qui frappe de plein fouet le pays, et qui a notamment entraîné la hausse du taux de chômage à plus de 21 pc de la population active. Plusieurs centaines de manifestants ont parcouru, durant un mois, des centaines de kilomètres depuis Barcelone, Malaga, Valence, Bilbao, la Galice ou l'Estrémadure, organisant des assemblées populaires dans chaque village pour arriver samedi soir à Madrid et manifester dimanche au centre de la capitale espagnole. Un fort dispositif de sécurité a été mis en place pour surveiller de près le déroulement de cette manifestation. «Cette crise ne la payons pas. Les députés ne nous représentent pas», proclamait une grande pancarte ouvrant la marche organisée dans la capitale espagnole. «Contre le chômage. Organise-toi et lutte. Marchons ensemble contre le chômage et le capitalisme», affirmait une autre banderole écrite en lettres rouges. Les participants à cette manifestation ont scandé des slogans contre le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire, les hommes politiques accusés de corruption et de ne pas écouter les citoyens et contre les mesures d'austérité prises par le gouvernement socialiste, appelant à l'instauration d'une «véritable démocratie». Des manifestations semblables ont eu lieu le 19 juin dernier dans une centaine de villes espagnoles, dans les capitales régionales mais également dans de nombreuses petites villes du pays où la vague de protestation sociale s'est propagée depuis deux mois. «Les banques et les gouvernements qui ont provoqué cette situation doivent savoir que nous sommes contre les mesures et les coupes budgétaires, que nous avons l'intention de nous faire entendre, et que nous le ferons», souligne le Mouvement 15 Mai des «indignés», créé il y plus de deux mois à Madrid avant de se propager à tout le pays. Le Mouvement spontané du 15 Mai, ainsi baptisé en référence aux manifestations inédites qui ont eu lieu le 15 mai dernier dans plusieurs villes espagnoles en réponse à un appel lancé dans les réseaux sociaux sur Internet, proteste contre le chômage, la précarité sociale, la corruption, les hommes politiques accusés de ne pas les représenter, les dérives du capitalisme et le système électoral. Le système électoral Espagnol est férocement critiqué par le Mouvement du 15 Mai qui estime qu'il condamne le pays au bipartisme qui a montré ses limites. Le mouvement des «indignés», qui jouit d'un large soutien populaire, avait démantelé mi-juin dernier son campement installé en plein centre de Madrid, à la Place Puerta del Sol, symbole du mouvement de protestation qui veut maintenant consolider via des assemblées de quartier et d'autres manifestations ponctuelles. L'économie espagnole se voit plongée dans une sombre période de crise exacerbée par plusieurs facteurs concomitants dont un taux de chômage des plus élevés en Europe et une récession qui ne cesse d'empirer. Après une quinzaine d'années de prospérité marquées par des hausses annuelles du PIB dépassant les 3 pc, l'Espagne est entrée en 2008, plus tôt et plus brutalement, dans la crise économique mondiale que la plupart des pays européens.