Des véhicules brûlés, calcinés, d'autres subissant des dégâts visibles, pare- brises volées en éclats, des arrestations, des blessés, tel est le bilan des affrontements entre les forces de l'ordre et les habitants des quartiers Al Amal et El Inara sur fond de lutte contre l'habitat clandestin et anarchique dans ses quartiers appartenant jadis à la commune Azzaitouna. L'étincelle a eu lieu lorsque les forces de l'ordre sont allés assister les autorités locales qui s'apprêtaient à procéder à la démolition des constructions illicites, surtout des murs destinés à cacher des constructions qui foisonnent comme des champignons tout le long de Oued Boufekrane. L'intervention qui a eu lieu samedi, très tôt le matin, vers 3 heures et demie, probablement pour éviter toute réaction organisée des habitants, a été mise à mal par les protestations d'une population, elle-même victime de la cupidité de certains élus qui ont favorisé ce cancer urbanistique en toute impunité. Ce sont plusieurs hectares appartenant aux Habous qu'on s'apprêtait à exploiter en habitat non réglementaire avec la complicité de certains élus connus et reconnus et surtout d'une myopie inquiétante et qui en dit long sur ces pratiques des auxiliaires de l'autorité « Moqadems », du caid et du chef du cercle. « La corruption règne. Nous avons payé pour construire. Le tarif est connu pour toutes les maisons, une part pour tel responsable, une autre pour tel autre et enfin une troisième pour les subalternes » nous a confié M. L. qui se présente comme le propriétaire d'une ferme, à proximité, de 680 m² et qui s'est dit prêt à témoigner sur ces pratiques auprès des responsables et même au tribunal. Quelle crédibilité donner à ces propos ? Seule une enquête transparente sur la prolifération des ces habitats en un temps record peut confirmer ou infirmer ces accusations lourdes de sens et de conséquence. En tout cas cette action responsable, volontariste et énergique menée par le wali de la région Meknès-Tafilalet pour contrecarrer la prolifération de l'habitat non réglementaire dans une zone de non-droit à Sidi Bouzekri fera date et permettra d'arrêter l'hémorragie en attendant de déterminer les responsabilités et de poursuivre en justice les instigateurs. Pendant longtemps la myopie ambiante et parfois la complicité visible a encouragé ces pratiques douteuses où des conseillers identifiés, connus et reconnus, font des enceintes en béton pour permettre des constructions à l'intérieur au vu et au su de tout le monde. Un jour, par miracle, ces enceintes disparaissent pour laisser voir des habitations d'un autre âge hypothéquant la restructuration de cette zone qui porte atteinte à l'image de marque de la cité. Cette pratique qui permet à des « rapaces » de contourner la loi et de bâtir sans respect des normes en vigueur constitue un danger réel pour la population et une source d'enrichissement illicite et illégale qui devrait faire éclater un vrai scandale dans le domaine urbanistique de la cité ismaïlienne. On a souvent attiré l'attention des responsables sur ce commerce qui exploite la vulnérabilité de certaines couches sociales de la population et la tolérance complice des responsables pour faire proliférer l'habitat anarchique et non réglementaire dans cette zone. Ce sont plus de 300 logements qu'on s'apprêtait à réaliser sur une surface de 3 hectares à l'origine appartenant aux Habbous. Il aura fallu donc toute la transparence et l'intransigeance du wali de la région pour mettre fin à cette pratique douteuse qui a été monnayé lors des dernières élections. Le pire c'est que ces maisons sont approvisionnées en eau potable et en électricité. Là aussi , selon ses habitants, il suffit de monnayer pour avoir un « certificat administratif » que la régie exige pour le raccordement. Malheureusement, les bénéficiaires de cette pratique illégale, au lieu de s'attaquer à l'escroc qui leur a vendu ces terrains non constructibles, dangereux, se sont pris aux forces de l'ordre lors de l'opération de démolition. Auparavant, deux commissions de l'IGAT (Inspection générale de l'Administration Territoriale) concernant la prolifération de l'habitat anarchique dans la cité ismaïlienne ont été dépêchées sur les lieux. De sources dignes de foi, les irrégularités flagrantes relevées pourraient non seulement donner lieu à des destitutions mais faire l'objet de poursuites judiciaires. La lenteur des procédures a fait que ces élus ont cru à l'impunité et se sont évertués à trouver d'autres terrains pour leur commerce. Cette fois-ci va-t-on enfin interpeller ces criminels de l'urbanisme à Meknès ? Le mérite des autorités en place actuellement à Meknès est d'avoir osé ouvrir cette boîte de Pandore appelée « urbanisme » même si certains de ses éléments doivent être interpellés aussi.